vendredi, 07 février 2025
Royaume-Uni : vers une annulation des élections locales pour contrer la montée du parti de Farage ?
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Le climat politique britannique s’échauffe après une annonce du gouvernement qui pourrait bien bouleverser le jeu démocratique : les élections locales prévues cette année dans neuf circonscriptions couvrant 7,7 millions de résidents et 5,5 millions d’électeurs seront reportées. Officiellement, l’objectif serait de réorganiser les administrations locales en supprimant de nombreux conseils et en créant de nouvelles collectivités plus grandes. Mais pour Nigel Farage et son parti Reform UK, la manœuvre cache une tentative flagrante de museler la montée en puissance des forces populistes.
Un report inédit qui prolonge les mandats sans consultation
Selon le gouvernement, organiser ces élections n’aurait plus de sens, puisque les actuels conseils municipaux doivent être supprimés dans les années à venir. En attendant, des milliers de mandats municipaux qui devaient expirer cette année pourraient être prolongés de sept ans, sans validation par les électeurs. Une première en temps de paix qui suscite de vives critiques.
Nigel Farage a dénoncé une dérive autoritaire, accusant les « partis de l’establishment » de s’entendre pour bloquer l’ascension de son parti, Reform UK, qui connaît une montée en flèche dans les intentions de vote. La réduction du nombre de sièges soumis au vote, passant de 2 200 à 1 600, pourrait lui être particulièrement préjudiciable, notamment dans des bastions comme l’Essex et le Norfolk, où le parti populiste réalise d’excellentes performances.
« Les élections sont annulées ! Je croyais que seuls les dictateurs annulaient des élections, mais voilà que le Parti travailliste, pris de panique, en décide autrement », s’est indigné Farage.
Un gouvernement accusé de lâcheté
Pour Farage et ses partisans, l’establishment conservateur et travailliste cherche à priver des millions de Britanniques de leur droit de vote pour maintenir le statu quo. L’ancien leader du Brexit Party souligne qu’un report électoral aussi large et prolongé est sans précédent et va à l’encontre du principe fondamental du suffrage universel. « Les Britanniques ont le droit de juger ceux qui les gouvernent et de les sanctionner par les urnes. Ce qui se passe est une honte démocratique », indique Farage.
Si le gouvernement justifie la décision par une volonté de rationaliser les administrations locales et d’économiser des coûts, certains observateurs y voient une manœuvre politique visant à freiner la poussée de Reform UK, qui pourrait siphonner une partie de l’électorat conservateur.
La vice-première ministre Angela Rayner a, de son côté, tenté d’éteindre la polémique en expliquant que « la barre a été placée très haut » pour justifier ces reports et que « les élections coûtent cher », des arguments qui peinent à convaincre les détracteurs de cette décision inédite.
L’épisode illustre à quel point les équilibres politiques sont devenus fragiles au Royaume-Uni. La montée du parti de Farage met en péril la domination conjointe des Conservateurs et des Travaillistes, au point que certains semblent prêts à contourner le processus démocratique pour freiner l’élan populaire.
Si le report des élections est maintenu, il créera un précédent inquiétant en matière de démocratie britannique, renforçant les tensions entre l’establishment et une partie de l’électorat de plus en plus réceptive au discours anti-système. Farage, lui, a déjà promis de faire de cette affaire un cheval de bataille électoral, bien décidé à mobiliser ceux qu’il considère comme des électeurs privés de leur voix par un gouvernement aux abois.
00:20 Publié dans En Europe et ailleurs..., Revue de presse | Lien permanent | Commentaires (0) | |
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