Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

mercredi, 23 juillet 2025

Deux ans avant la présidentielle, ça se bouscule au portillon et ça commence à s’agiter grave !

Le système est complètement déréglé» : les sondeurs face au casse-tête du  casting présidentiel de 2027

Maurice Bernard

Bien qu’encore lointaine (en principe), l’échéance occupe de plus en plus les pensées des leaders politiques ; d’autant que cette fois, la sortie du sortant est certaine. À droite, à gauche ou au centre, les têtes de gondole des principaux partis en rêvent et s’y voient déjà. Les grandes manœuvres ont commencé. Les poulains de chaque camp piaffent d’impatience dans leur boxe ; ou plutôt, les crocodiles morts de faim commencent à s’agiter dans leur marigot. Alors que la France continue de s’enfoncer et donne à voir, presque quotidiennement, le spectacle consternant de sa décrépitude et de son manque de réaction, une seule chose semble leur importer vraiment : prendre date, se signaler à l’attention des électeurs, marquer les esprits. Pour le reste (c’est-à-dire pour l’essentiel, dont dépend l’avenir de la France), on verra. De toute façon, comme disait Charles Pasqua (et avant lui, Henri Queuille), « Les promesses des hommes politiques n’engagent que ceux qui les reçoivent »…

À l’extrême centre

Dans la mare en partie asséchée de la Macronie, Édouard Philippe et Gabriel Attal nous promettent, la main sur le cœur, qu’ils feront après 2027 ce qu’ils n’ont pas fait avant. Tel Saint-Paul sur le chemin de Damas, la Vérité leur est tombé dessus sans prévenir, après huit ans de présidence du "patron"… Boum ! Leurs yeux se sont décillés, ils ont compris. Hosanna au plus haut des cieux ! Chacun des deux en profite, au passage, pour donner le coup de pied de l’âne au fantôme de l’Élysée qui, dans son palais, son avion ou les palais des autres, s’emploie à exister encore, à grand renfort d’embrassades et de tripotages. De leur côté, Yaël Braun-Pivet et Élisabeth Borne ne voient pas pourquoi elles ne pourraient pas, elles aussi, être candidates à la candidature, aux côtés de ces deux mâles blancs de plus de 35 ans… Proudhon a écrit dans Qu’est-ce que la propriété ? (1840) : « La politique est la science de la liberté ». En fait, c’est plutôt celle de l’ingratitude et de la trahison. En politique politicienne, on n’a pas d’amis, on n’a que des alliés de circonstances et de rencontre, des marchepieds dont on finit souvent par faire des paillassons.

À gauche

Jean-Luc Mélenchon entend bien être de la partie une fois de plus. Mais la passe difficile que le Lider Maximo et son "iels-band" insoumis semblent traverser depuis quelque temps a ouvert le "champ des possibles". Au point qu’il est permis de se demander s’il y aura des starting-blocks pour tout le monde. Primaire ou pas, du PC au PS, en passant par les Verts, ils sont nombreux à penser que…, alors peut-être…, sur un malentendu… Fabien Roussel, Raphaël Glucksmann, François Ruffin, Olivier Faure, Marine Tondelier et, tant qu’on y est, Clémentine Autain, Bernard Cazeneuve, François Hollande ou, depuis peu, l’ex de ce dernier, l’inénarrable Ségolène Royal, tous se tiennent à la disposition du "peuple de gauche" et de la République, pour mettre une fois de plus leur very important personne en travers du chemin du "fascisme" qui, paraît-il, monte et menace !!!

À "droite", et à droite de la "droite"

La cohue n’y est pas moindre. Il y a d’abord les imitateurs de Nicolas Sarkozy, Bruno Retailleau et Gérald Darmanin. Plaçant leurs pas dans ceux de leur modèle, ils cochent tous deux, désormais, la case "Beauvau", the place to be qui permet de se mettre sur le devant de la scène et de se forger à bon compte, à grands coups de déclarations "fracassantes", une réputation de "fermeté", de "rupture" et de "courage". À ce jeu, le premier s’en sort mieux que le second. Progressivement, Bruno Retailleau trace son chemin, tout en traînant derrière lui, il est vrai (mais pour combien temps encore ?), le boulet de sa participation à un gouvernement dominé par les macronistes. Pour l’instant, il marque les esprits et semble bien parti pour s’imposer comme la nouvelle coqueluche d’une "droite courbe" en quête d’espérance et de renouveau. Son élection à la tête des Républicains, le 18 mai dernier, ne peut que le conforter dans l’idée qu’il est l’homme de la situation et que sa stratégie est la bonne. D’où son raidissement actuel. En revanche, pour Gérald Darmanin, l’ambitieux sans réelles convictions, prêt à beaucoup pour son plan de carrière (à commencer par brasser de l’air en regardant d’où vient le courant), l’avenir paraît plus flou. De son passage à l’Intérieur, on retient surtout sa sortie sur les Kevin et Mattéo, au moment des émeutes de juin 2023, son "erreur" et son échec du Stade de France, en 2022, à l’occasion de la finale de la ligue des Champions, et sa capacité à mettre en œuvre des mesures liberticides frappant surtout le pékin moyen (covid, jeux Olympiques) ou la droite nationale et identitaire (dissolutions, interdictions). Manifestement, "Darmalin", le mal surnommé, prend pour quantité négligeable les voix des nationaux, des nationalistes, des identitaires, et parie sur la faculté d’oubli des électeurs. Il veut ignorer qu’au premier comme au second tour, toutes les voix sont importantes. Autant d’erreurs qui risquent de lui coûter cher à l’avenir (en 2027 ou 2032). En tout cas, je ne pense pas m’avancer beaucoup en prédisant que nos milieux se feront un devoir, et un plaisir, de lui savonner la planche ; et qu’il peut  toujours se brosser pour obtenir leurs voix !

À ces deux poids moyens de la "droite courbe", il faut encore ajouter quelques seconds couteaux, en embuscade, réunis sous le même slogan : « Avec moi vers demain parce que je le vaux bien ! ». Que ce soit Xavier Bertrand, Michel Barnier, David Lisnard, ou même Laurent Wauquiez, leurs espoirs reposent sur une éventuelle nouvelle primaire LR…

Quant au baroque, vibrionnant et inclassable Dominique de Villepin, en rupture de ban, il paraît qu’il se verrait bien en homme providentiel… Mais c’est oublier un peu vite que le dernier candidat à avoir été considéré comme tel par ses partisans est un certain Emmanuel Macron, en 2017 !

Enfin, côté Rassemblement national, l’imbroglio s’installe. Condamnée, le 31 mars dernier, à cinq ans d’inéligibilité avec exécution provisoire, Marine Le Pen ne peut, pour l’heure, être candidate pour la quatrième fois. Cependant, elle continue de faire comme si elle l’était toujours, car elle espère qu’elle pourra l’être, tout en affirmant qu’elle le sera, qu’elle y croit… Dès lors, Jordan Bardella se voit contraint de répéter que, pour l’instant, il ne l’est pas, qu’il souhaite que son mentor le soit, mais qu’il se prépare à l’être si elle se trouve finalement empêchée. Pour résumer : officiellement, il n’y a pas de plan B, mais officieusement, il y en a un quand même, mais il vaut mieux ne pas en parler… Une période délicate pour le jeune président d’un parti dont le n°1, généralement, finit par ne faire qu’une bouchée du n°2 (Carl Lang, Bruno Mégret ou Florian Philippot peuvent en témoigner)… Dans les mois à venir, entre l’une et l’autre, et entre leurs soutiens respectifs, il pourrait bien y avoir (ou pas ?) de l’eau dans le gaz. Affaire à suivre…

Article paru dans le n°70 de la revue Synthèse nationale (été 2025). Pour commander ce numéro, cliquez ici.

11:00 Publié dans Maurice Bernard | Lien permanent | Commentaires (0) | |  Facebook | |

Les commentaires sont fermés.