dimanche, 26 octobre 2025
Terrorisme intéllectuel : l'extrême gauche veut faire exclure l'avocat Pierre Gentillet de Paris 1
Depuis avant-hier, jeudi, je fais face à une violente campagne de menaces et de harcèlements destinée à obtenir mon renvoi de l’Université Paris I Panthéon-Sorbonne, où j’enseigne depuis bientôt neuf ans.
Chargé de travaux dirigés, puis conférencier en amphi, j’y ai donné, au fil des années, des cours de philosophie du droit, de droit civil, de droit constitutionnel, de droit des sociétés…
Tout a commencé mercredi soir, lorsqu’un article m’a été consacré sur le site d’extrême-gauche Révolution Permanente. Dès le lendemain, plusieurs syndicats étudiants d’extrême-gauche (le Poing Levé et le SAP1) réclamaient ma mise à l’écart. Par deux fois, ils ont même diffusé sur la messagerie interne de la faculté un courriel adressé à des milliers d’étudiants (voir plus loin) pour réclamer mon renvoi.
Le motif de cette chasse tient en peu de mots, affichés sur les montages qui circulent : "Un militant d’extrême-droite enseigne à Paris I."
On me reproche d’avoir été candidat aux législatives de 2024 sous l’étiquette du Rassemblement National, d’avoir cofondé, il y a dix ans, la Cocarde Étudiante, et d’être par conséquent, à les entendre, un dangereux fasciste. L’accusation ferait sourire, si elle ne trahissait pas tant d’ignorance : quiconque a lu mes travaux et écouté mes longs entretiens (et non les passages tronqués) sait la distance qui me sépare de ces caricatures. Mais c’est bien mon opinion, ou ce qu’on suppose être la mienne, qui sert aujourd’hui de prétexte à une chasse coordonnée. Cette campagne vise un but clair au vu de l’acharnement et des commentaires : me mettre une cible dans le dos dans mon quotidien d’enseignant.
Depuis, je vois passer des centaines de messages d’injures, de menaces, parfois de la part d’étudiants de Paris I. Et je redoute, un peu, le retour dans ces couloirs où j’ai tant aimé enseigner.
A cette heure, l’Université n’a pas réagi et du peu de contact que j’ai eu, on se contente simplement de déplorer la situation. J’ai presque le sentiment désagréable d’être le problème. Je n’en attendais guère autre chose, et ne leur en veux pas. L’Université m’a déjà montré, l’an passé, de quoi elle est capable lorsqu’elle a peur. Je ne me fais pas d’illusion sur ma situation, contractuelle : l’an prochain, on m’écartera doucement, avec des mots polis et de prétextes, comme on éteint une lampe qu’on juge inutile.
L’an dernier déjà, après mon engagement politique, on m’avait retiré tous mes enseignements. Parfois sans raison, parfois en m’avouant tout bas la vraie cause. Pour continuer à exercer, il m’a fallu, dérisoire subterfuge, enseigner sous le nom de ma mère. Ainsi, j’ai pu poursuivre ce qui, pour moi, n’a jamais été un simple gagne-pain, mais une vocation. Je ne me suis jamais plains de cet épisode. Je n'en voyais pas l'utilité.
Enseigner à la faculté n'est pas une affaire d’argent, et tous les collègues le savent bien. Mais il m’offrait, à moi qui travaille seul au quotidien, ce lien si précieux avec le monde universitaire et avec cette maison que j’aimais, jadis, comme étudiant.
Pendant neuf ans, j’ai enseigné à Paris I. J’y ai connu des centaines d’étudiants, de visages, de voix. Jamais je n’ai mêlé mes convictions à mes cours ; j’ai toujours respecté la diversité des opinions et encouragé la réflexion libre. J’ai donné sans compter, souvent hors de mes heures, parce que j’y trouvais un sens supérieur à mon métier d’avocat, tout simplement.
C’était un supplément d’âme en même temps que mon quotidien car je suis tous les jours en Sorbonne. Une manière de garder et de tisser le lien avec des générations d'étudiants. Ce qui me blesse aujourd’hui, plus que tout le reste, c’est d’avoir été dénoncé par l’un d'eux, à l’origine de toute cette cabale.
Je suis assez lucide et préparé : je sais contre quoi je me dresse. Ces groupuscules viendront peut-être troubler mes cours, m’invectiver, me guetter dans les couloirs. Qu’ils le fassent : j’y suis préparé. Je crains aussi de ne bénéficier d’aucune protection physique ou juridique de l’Université. J’en ai fait la demande pour le principe. Au mieux ils me diront que "pour ma sécurité" je ne dois plus enseigner jusqu'à fin décembre. Nous verrons bien. Et de toute façon je n’ai plus ni l’énergie ni les moyens d’ouvrir de nouveaux fronts par mes propres moyens : j’ai déjà deux plaintes en diffamation qui suivent leur cours. Depuis un an je fais face seul, mais lucide, à toutes les suites de l’engagement politique.
J’avais cru, naïvement, que je pourrais enseigner jusqu’à mes vieux jours, que transmettre était un droit aussi naturel que respirer. Peut-être avais-je tort.
L’enseignement à la Sorbonne fut, je le crois, le sens discret mais essentiel des dix dernières années. Je n’avais aucune illusion sur ma carrière, au regard de mes engagements politiques. Les événements d’hier et d’aujourd’hui prouvent assez qu’elle eût été brève si j’avais voulu m’y consacrer pleinement comme doctorant puis éventuellement maitre de conférences.
Mais enseigner, transmettre, demeurait pour moi un acte de foi, une manière de tenir encore à ce que j’aime de ce pays : son intelligence.
A cette heure, j’ignore encore si je dirais bientôt adieu à neuf années d’Université : neuf années de dévouement, de sens et de liens tissés avec tant d’étudiants que j’ai tant aimés instruire.
Si ce semestre doit être le dernier, je veux leur dire, si par hasard ils lisaient ce message, que leur curiosité, leur sérieux, leur intelligence et parfois leur bienveillance ont donné à ma vocation sa plus belle justification.
(1) Pierre Gentillet est avocat à Paris, il enseigne aussi à Paris 1. Il fut l'un des fondateurs du syndicat étudiant "La Cocarde" et il s'est beaucoup investit dans sa région d'origine, le Berry, contre l'implantation de centres d'accueil pour migrants. Il intervient aussi régulièrement sur C-News et sur TV Libertés.
00:52 Publié dans Communiqués de presse | Lien permanent | Commentaires (0) |
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