mardi, 23 mai 2006
SARKOZY-ROYAL ? LAISSEZ-NOUS LE DROIT DE DOUTER...
La presse française, qui a l’habitude de prendre ses désirs pour des réalités, se congratule depuis ce matin devant ce qu’elle considère comme un fait acquis, à savoir un duel Sarkozy-Royal au second tour de la prochaine élection présidentielle. Nous voilà donc rassurés, si la presse affirme qu’il s’agit d’une évidence, toutes les autres possibilités sont donc envisageables…
La Cinquième République nous a en effet, depuis sa création en 1958, réservé un certain nombre de surprises en matière d’appréciations journalistiques anticipées des différentes élections présidentielles.
Rappelons-nous tout d'abord de 1965 : le Général De Gaulle devait être réélu dès le premier tour et la question était de savoir s’il ferait 60 ou 70 % des voix. Résultat : il fut mis en ballottage par un presqu'inconnu dénommé François Mitterrand.
Puis ce fut 1969 et le départ imprévu du même De Gaulle. Là, aucun doute n’était possible : le centriste Alain Poher devait écrabouiller l’insolent Georges Pompidou qui, en délicatesse avec les gaullistes historiques, avait l’impudence de prétendre assurer la succession du Grand Homme de Colombey. Bien vu l’Auvergnat : il gagna haut la main... mais sa présidence ne durera que quatre ans.
Après la disparition de Pompidou, en avril 1974, le gaullisme immobilier triomphant, relayé par toute la presse de l’époque, ne doutait pas un instant de la victoire de son héros, l’ancien Premier ministre Jacques Chaban-Delmas. Cette élection devait être une formalité mais en définitive ce fut l’arrogant Giscard, à peine crédité de 10% des intentions de vote lors de l’annonce de sa candidature, qui fut élu au second tour face au revenant Mitterrand qui avait pris un peu de bouteille entre temps.
Arriva l’échéance de 1981. Giscard, jouant sur la peur du communisme, avait habilement réussi à endormir la France, pensant ainsi s’assurer une réélection dont personne ne doutait vraiment quelques jours encore avant le 10 mai fatidique. Mais cela se termina par un pathétique « au revoir » car, en fait de réélection sur un coussin, on assista à l’arrivée du tenace Mitterrand à l’Elysée.
En 1988, le socialisme ayant conduit la France au bord de la faillite, chaque observateur « sérieux » se devait d’annoncer la victoire de l’impatient Chirac qui trépignait depuis sept ans (voire plus) et qui venait de passer le marche-pied de la Présidence en occupant Matignon pendant deux ans. Et bing, le vieux renard charentais fut réélu pour un nouveau septennat.
Passons maintenant à 1995. Mitterrand est malade, le monde a changé et la presse s’impatiente d’assister à la candidature du technocrate socialiste Jacques Delors, seul capable à ses yeux d’affronter un Edouard Balladur au faite de sa popularité. Finalement, Chirac l’emportera de justesse face à un Jospin sur lequel personne n’aurait misé un centime trois mois plus tôt.
Nous ne nous étendrons pas ici sur la divine surprise de 2002, mais on se souviendra seulement que tout nos éditorialistes avisés, cinq mois avant le premier tour, ne juraient que par un Jean-Pierre Chevènement aujourd’hui quasiment tombé dans les oubliettes de l’Histoire. La suite, vous la connaissez…
Après cette rapide rétrospective des différentes erreurs d’appréciations commises par l’ensemble de la presse dite « bien informée », vous comprendrez que l’éventualité d’un duel Sarkozy-Royal, tant espéré pour divertir les bien-pensants, nous semble plus relever d’une simple vue de l’esprit de la part des journalistes que d’autres choses de plus sérieux.
Le véritable duel du second tour de 2007 se déroulera entre le candidat des forces patriotiques et celui des partis de l’anti-France. Il est vrai que, de ce côté-là, les pronostics restent ouverts car ce ne sont pas les possibilités qui manquent…
Roland Hélie
11:55 Publié dans Editoriaux | Lien permanent | Commentaires (0) | | Facebook | |
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