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samedi, 21 novembre 2015

Visionnaire : Il y a 120 ans, le colonel Driant annonçait l'invasion de l'Europe par les Djihadistes !

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Politique-fiction, mais aussi science-fiction, l’œuvre qu’Émile Driant a produite à la fin du XIXe et au début du XXe siècle sous son pseudonyme de Capitaine Danrit envisage les conflits qui pourraient embraser la France dans un futur proche et, anticipant les avancées technologiques, tente de représenter au plus juste les combats à venir. Au moment de la rédaction, en 1894, de l’Invasion noire, Danrit se projette vingt ans en avant et imagine donc les armes qui seront celles du début de la Première Guerre mondiale. Certaines de ses inventions ne verront pas le jour, comme le fusil à gaz ou le « ballon d’acier » à l’allure de soucoupe volante qui joue un rôle si important dans l’intrigue du roman, mais d’autres trouvailles de Danrit seront en revanche promises à un bel avenir : le « téléphonographe à miroir télescopique », par exemple, qui annonce – à la fin du XIXe siècle –  la visio-conférence par internet… Moins anecdotique dans le récit, la guerre bactériologique – mise en œuvre par les djihadistes pour faire sauter le verrou de Constantinople qui leur barre la route des Balkans – reste encore aujourd’hui un motif d’inquiétude pour les responsables de la sécurité des pays occidentaux… Quant aux gaz de combat qui mettront le point final aux trois ans de promenade militaire musulmane, la fureur onusienne se déchaînant de nos jours contre les États accusés (à tort, en général) d’en détenir en dit long sur le traumatisme laissé dans les mémoires par leur utilisation au cours de la Grande guerre.
 
Les ambitions hégémoniques d’un Islam conquérant appuyé sur les masses africaines sont décrites dans le roman à travers les aventures de deux officiers coloniaux français, le capitaine Léon de Melval et le lieutenant Zahner (c’est l’époque où la France pleure son Alsace perdue) qui, assistant au massacre des garnisons européennes en Afrique, sont épargnés en tant que camarades de promotion à Saint-Cyr d’Omar, le fils du Guide spirituel et militaire des Afros-musulmans, le terrible sultan Abd-ul-M’hamed. Les valeurs enseignées à l’École et les anecdotes de la vie de ses élèves – dont Danrit a fait partie avant d’être instructeur – tiennent une place important dans l’intrigue de l’Invasion noire comme dans les autres livres de son auteur. Prisonniers sur parole, les deux officiers français sont obligés d’assister à l’unification de l’Afrique derrière la bannière verte du Sultan et ne pourront reprendre leur liberté et rejoindre leur patrie pour en organiser la défense qu’après la prise de Constantinople par les djihadistes.
 
Leur cohabitation involontaire avec le sultan permet à Danrit de nous livrer de savoureux dialogues dans lesquels le point de vue musulman sur la colonisation et la contre-colonisation qu’elle porte en germe préfigurent d’une manière troublante les discours qui seront ceux des Fronts de libération de l’après-Seconde Guerre mondiale. Le génie politique de Danrit est total : est également annoncée, outre ces revendications politiques indigènes que personne n’envisageait à la fin du XIXe siècle, l’entreprise sioniste sur la Palestine (vingt ans avant la Déclaration Balfour !)… Ici et là, le récit est saupoudré de brillantes prémonitions particulièrement émoustillantes aujourd’hui : si l’on n’est pas surpris que le traître (il en faut un dans toutes les bonnes histoires) soit un officier juif puisque l’Invasion noire est rédigée en pleine affaire Dreyfus, on ne peut manquer de s’amuser du fait que Danrit ait choisi de nommer Quarteron le général commandant les forces françaises en Afrique du nord… C’est lui qui succombera au milieu de ses troupes après leur avoir fait adopter la pourtant réputée formation « en tête de porc » qu’aurait inventée Bugeaud pour la pacification des contrées musulmanes !
 
Le plus stupéfiant reste sans doute que Danrit nous annonce que, face à la menace, la France doit se défaire de son système parlementaire paralysant et se placer sous la dictature éclairée d’un Maréchal, issu de la famille de Jeanne d’Arc, qui plus est ! Si les sionistes et les Anglais restent les grands repoussoirs de cette histoire, les journalistes ne sont pas épargnés non plus… L’Invasion noire est un roman finalement beaucoup plus politique que militaire !

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 Le ballon métallique qui est au centre de l’ intrigue de l’Invasion noire est revêtu de plaques d’aluminium disposées en écailles rappelant le blindage d’acier qui harnachait les bateaux de guerre en bois du XIXe siècle. En 1894, au moment de la rédaction de ce roman, l’aluminium est un matériau d’invention récente à la fabrication complexe dont le prix avoisine celui de l’or mais Driant, visionnaire, avait compris que tous les engins volants en seraient un jour constitués.

Ce métal s’imposait donc pour la fabrication du coffret accueillant les 1600 pages palpitantes des quatre volumes  de cette réédition de prestige de l’Invasion noire.
 
Le coffret est constitué de six pièces d’aluminium fixées les unes aux autres par des rivets, rappelant les assemblages métalliques contemporains de la parution du roman, comme la célèbre Tour Eiffel… Les couvertures des quatre volumes sont imprimées avec une encre métallique en plus des encres classiques de la quadrichromie pour rendre hommage aux somptueux cartonnages de la fin du XIXe siècle qui font, aujourd’hui encore, la joie des bibliophiles.
 
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