lundi, 01 août 2022
La droite, toujours mal partie
Jarente de Senac
Cela finit par devenir comique mais néanmoins consternant cette division des droites. Et cela n’a pas lieu d’avoir une fin en l’état actuel des ressentiments qui animent les uns et les autres. Pour ce qui concerne les Républicains, le schéma est simple et ne date pas d’aujourd’hui. La concurrence est toujours d’actualité entre un centre mou, incarné aujourd’hui par Xavier Bertrand – qui de vous à moi n’a aucune chance dans une France qui se radicalise – et une droite qui se voudrait tel et certainement pas celle, radical-socialiste et franc-maçonne, qu’a incarné Chirac en son temps. Celle-ci est incarnée aujourd’hui par Eric Ciotti et Laurent Wauquiez. Sauf qu’il y a fort à parier que si Ciotti l’emportait, il serait encadré par les lobbies qui freineraient illico toute tentative de radicalisation, notamment en matière d’immigration.
Concernant le Rassemblement national, Marine Le Pen, désormais forte de son groupe à l’Assemblée nationale, a tout lieu de penser qu’elle a toutes ses chances à la présidentielle à venir. Sauf que les Français ont voté par défaut et pour en finir, si l’on peut dire, avec l’hégémonie exercée par cet ovni politique d’Emmanuel Macron. Avec l’appui, il est vrai, de Jean-Luc Mélenchon qui a réussi son coup de réunir les gauches. Pas pour l’éternité car là aussi ça branle dans le manche.
Quant à Eric Zemmour, son avenir nous paraît fort limité même s’il n’est pas inexistant. La rancœur que lui voue Marine Le Pen limite ses ambitions. Car la grande différence entre les deux, c’est que Marine a mieux senti les attentes du terrain et qu’elle a fait une campagne au ras des pâquerettes qui s’est avérée payante. Zemmour a trop intellectualisé sa campagne, même si sur le fond il avait amplement raison, notamment en matière d’immigration. Mais les Français, pour l’heure avaient la tête près du porte-monnaie.
Autant dire qu’un accord entre ces trois mouvances de ce que l’on appelle la droite, alors que Macron en incarne le centre, n’est pas prêt de se réaliser. Cela veut tout simplement dire que la compétition est totalement ouverte. Et pour cause. Car les ennuis à venir vont fortement secouer la société française, et ils sont nombreux. En premier lieu il va falloir éponger les dettes dues au covid et les aides de l’Etat aux entreprises. Auxquelles il va falloir ajouter les conséquences des embargos décidés par les Européens, en toute déraison, concernant ses rapports avec la Russie. L’Europe se dirige vers une crise énergétique d’envergure dont il semble bien que nos gouvernants n’aient pas pris toute la mesure. Les économies vont souffrir – à commencer par les Allemands – et nul ne peut anticiper la réaction des peuples. Et leur aversion à l’égard d’une Union européenne qui les précipite dans le chaos. Autrement dit, le discours d’un prochain prétendant à l’Elysée se mesurera à l’aune de l’attente des Français et ce ne sera pas un discours à l’eau tiède comme on nous sert à chaque fois sur l’air de « demain on rase gratis ». Tout porte à croire que ça va secouer dans toute l’Europe face à la rébellion populiste souhaitable des peuples. A moins que ne se confirme l’idée que l’Europe n’est jamais que le supermarché ou le paillasson des Américains et des Chinois.
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