lundi, 30 avril 2012
PRÉSIDENTIELLE : SUR LE POIDS DE MARINE LE PEN...
Source Pierre Pigace Le nouveau NH
Au final, la déferlante bleu marine n’a pas eu lieu. La présidente du Front national retrouve en les améliorant les scores de son père. Avec moins de 20% des suffrages, et sans alliances, le FN peut tout juste espérer jouer les arbitres en attendant une hypothétique implosion de l’UMP aux législatives.
On ne peut pas dire que la chose soit inédite, pourtant à chaque nouvelle élection c’est le même psychodrame, la presse feint de découvrir ou de redécouvrir l’importance du vote Front national.
Déjà pour les élections européennes de 1999, le FN était crédité de 20 à 22 % des intentions de vote. La scission entre partisans de Bruno Mégret et partisans de Jean-Marie Le Pen mettra pour un temps un frein à cette tendance ascendante.
Trois ans plus tard et malgré le départ de plus de la moitié de ses cadres, le FN se qualifiera pour le second tour de la présidentielle en éliminant le candidat socialiste. Il faut dire que le 11 septembre est passé par là et que Jean-Marie Le Pen a pu faire campagne relativement tranquillement, du moins au premier tour…
En dépit d’un déchaînement totalement hystérique de tout le système (1) durant les quinze jours de l’entre-deux tours, le candidat du FN obtiendra 17,79% et 5 525 032 suffrages.
Les élections législatives qui suivront seront décevantes pour le parti de Jean-Marie Le Pen. Les dirigeants du mouvement tablaient, au vu des résultats de la présidentielle, sur 237 duels ou triangulaires, Jean-Marie Le Pen ayant même avancé le chiffre de 300 candidats au second tour. En fait avec ses 11,3% (2), le FN ne pourra se maintenir que dans 37 circonscriptions pour au final n’avoir aucun élu.
2007 : une erreur de casting !
L’élection présidentielle de 2007 est avant tout une erreur de casting et de scénario. Avec le départ de Jacques Chirac, une page se tourne. L’UMP et le PS investissent deux "jeunots" le sautillant Sarkozy et la rigide Ségolène Royal, à près de 80 ans, Le Pen pense pouvoir incarner "le sage", "le patriarche", "la force tranquille" face à la jeunesse et l"’inexpérience" de ses deux principaux adversaires. L’image d’un Le Pen "apaisé" est confiée à sa fille Marine qui devient sa directrice de campagne. Si Sarkozy a fait de la rupture son slogan de campagne, Marine Le Pen la met en œuvre. Les Le Pen abandonnent les thèmes traditionnels du FN au profit d’un discours jugé plus "fédérateur", plus "républicain" mais à "contre flots" de son électorat. Résultat : Le Pen arrive en quatrième position derrière François Bayrou avec 10,44%. Un mois plus tard aux législatives, le Front national enregistre ses plus mauvais résultats depuis les législatives de 1981 (3).
C’est pas Le Pen qui grimpe, c’est Sarkozy qui baisse…
L’édition 2012 des élections présidentielles est un mixte de celles de 2002 et 2007. Cette fois-ci, le casting est le bon et si Marine Le Pen, ne parvient pas à rééditer l’exploit de son père en se qualifiant pour le second tour, elle retrouve (17,90%) et dépasse même en voix le score de 2002. En revanche le scénario proposé par la candidate frontiste est lui toujours plus ou moins bancal. Les tueries de Toulouse et Montauban lui permettront de sortir sans en avoir l’air du discours sur l’abandon de l’Euro pour renouer avec les thèmes du FN sur l’immigration et la sécurité laissés jusque là sur la touche, mais toujours aussi porteurs auprès d’une large partie de son électorat.
Au final s’il n’y a pas eu de déferlante "bleu marine", sa troisième place et ses 6 421 426 électeurs lui permettent de jouer les prolongations et de faire entendre sa petite musique durant l’entre-deux tours. Comme en 2002, les "stratèges" du FN ont déjà fait des projections sur le nombre de circonscriptions (357) où un candidat FN serait en mesure de se maintenir au second tour, histoire sans doute de faire monter la pression du côté des députés UMP.
La stratégie du pire
La défaite annoncée de Nicolas Sarkozy, suscite bien des espoirs dans le camp de Marine Le Pen qui espère pouvoir profiter d’une hypothétique implosion de l’UMP dans la foulée des législatives pour se proposer comme la principale force de recomposition de la droite. Sur le papier, c’est peut-être possible, même si on voit mal le patron de l’UMP, Jean-François Copé, laisser filer son rêve de 2017 pour se ranger sous la bannière de l’" Alliance pour un rassemblement national". Aujourd’hui la "stratégie du pire" (4) fait le lit du socialiste François Hollande. En 1981, Jacques Chirac avait fait le choix de faire battre Giscard d’Estaing, pensant récupérer la mise en 1988… On sait ce qu’il en est, la parenthèse durera 14 ans…
Notes
(1) (1) Seul le MNR de Bruno Mégret appellera à voter Le Pen pour le second tour. Arlette Laguiller et Lutte ouvrière appelant ses électeurs à ne pas choisir entre Chirac et Le Pen.
(2) (2) Le FN participera à neuf triangulaires sur dix (contre 76 en 1997), à dix-neuf duels FN-droite et à huit duels gauche-FN.
(3) (3) En 1981, Jean-Marie Le Pen n’avait pas pu se présenter à la présidentielle et aux législatives, le Front national avait réalisé les plus mauvais résultats de son histoire 0,18%. En 2007, sur la lancée de la présidentielle, le FN s’effondre à 4,3 % (moins 7 points par rapport au scrutin précédent).
(4) (4) Au programme de François Hollande, le droit de vote des étrangers aux élections locales, la régularisation des clandestins, etc…
09:46 Publié dans Revue de presse | Lien permanent | Commentaires (0) | | Facebook | |
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