dimanche, 10 mai 2015
Un certain 9 mai à Moscou
Le billet de
Patrick Parment
A l’heure où l’on passe plus de temps à commémorer qu’à agir, en France notamment, Vladimir Poutine, l’homme fort tant décrié des « occidentaux », a saisi la date du 9 mai pour démontrer que la Russie était bel et bien présente dans le concert des nations. Et, il n’est de plus belle démonstration qu’un beau défilé militaire dans la pure tradition de la très soviétique Russie d’hier.
Il n’en reste pas moins vrai que ces commémorations sont malsaines car elles entretiennent un sentiment anti-allemand qui n’est plus franchement de mise, 70 ans après les faits et alors que les principaux intéressés sont tous morts. Et puis, n’est-ce pas aussi rappeler que la France a pris une belle branleé en 1940 et que toute une partie de l’Europe s’est retrouvée dès 1945, pieds et poings liés à la finance américaine. Quant à l’épopée gaulliste et résistante, elle n’a jamais servi qu’à distribuer des prébendes et des médailles. Bref, ces commémorations sont malsaines.
Mais, une fois de plus on a trouvé le moyen de se ridiculiser en refusant l’invitation de Vladimir Poutine, démontrant une fois que plus que cette Europe de guignols qui siège à Bruxelles est bien à la botte de Washington. Il faut bien dire que ni Hollande, ni Sarkozy n’ont l’once d’une pensée géopolitique à long terme, vu qu’ils ne peuvent gouverner qu’en vertu des fluctuations de la Bourse à Wall Street. Quant à Fabius qui s’est rendu à Moscou, sans assister au défilé tient-on à préciser au Quai d’Orsay, il reçoit ses ordres de Washington via Tel-Aviv.
Si tous les « Occidentaux » se sont donc abstenus de se rendre à Moscou, il est fort instructif de noter, en revanche, ceux qui y étaient et notamment le président chinois Xi Jinping et le premier ministre indien, Narenda Modi. Autrement dit les trois grandes puissances continentales qui, comme par hasard, refusent tout diktat américain. Or, il y a fort à parier que dans les années qui viennent, les frictions seront de plus en plus fréquentes entre ceux qui constituent les trois quarts de la puissance continentale et la puissance maritime que représente à elle seule l’Amérique. C’est le même type de conflit qui a opposé des siècles durant la puissance maritime anglaise aux puissances continentales européennes, française, allemande ou espagnole. Le même conflit qui anime aujourd’hui encore cette Angleterre qui a un pied à Bruxelles et l’autre en dehors. Ce qu’a fort bien démontré Karl Haushofer (1869-1946) : puissance maritime et puissance continentale sont incompatibles.
Or, l’Europe fait bel et bien partie du bloc continental malgré sa large façade maritime. Et son avenir est assurément plus à l’Est qu’à l’Ouest. N’en déplaise à certains, la guerre existe déjà depuis belle lurette au plan économique entre nous et l’Amérique. Mais, la France comme l’Allemagne sont dans un état de léthargie avancé depuis 1945. L’Europe risque donc de se retrouver dans une fort mauvaise posture quand s’affirmera l’alliance objective qui est en train de se dessiner entre la Russie, la Chine et l’Inde. Et que leur objectif premier sera de mettre l’Amérique à genoux. La nature ayant horreur du vide, c’est bien la désignation de l’ennemi qui détermine la politique. Quand on en fait, ce qui n’est plus le cas de l’Europe depuis 1945. Ce ne sont ni les Sarkozy, Hollande, Merkel ou Juncker qui sont en mesure de nous sortir de cette lénifiante torpeur. Et encore moins ces démocraties de repentance qui ôtent toute fierté à une jeunesse européenne qui ne demanderait certainement qu’à en découdre.
17:09 Publié dans Le Billet de Patrick Parment | Lien permanent | Commentaires (0) | | Facebook | |
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