samedi, 17 août 2019
Les enjeux du siècle à l’heure de Coca Cola
Le billet de Patrick Parment
Philippe Muray a raison de dire dans l’Empire du Bien que « l’avenir de cette société est de ne pouvoir rien engendrer que des opposants ou bien des muets ». Au risque de vous étonner, ce propos trouve un écho chez l’actrice Fanny Ardant qui, interrogée par le Figaro (17/8), déclare : « Aujourd’hui, l’Europe a un encéphalogramme plat. Il y a quelque chose qui nous tue lentement, quelque chose d’opaque et d’étouffant, mais on ne sait pas quoi. Le monde a peut-être encore des choses à nous dire, mais plus l’Europe. On a fait une Europe de l’argent, rien d’autre, et c’est la fin des engagements et des utopies. Franchement, je préfère un fasciste ou un communiste qui s’affrontent et vous obligent à choisir votre camp, à décider à quel parti vous voulez appartenir, pour quoi vous battre, contre quel ennemi. Ce siècle ne m’intéresse pas. »
Et nous en avons chaque jour la démonstration. Il ne date pas d’aujourd’hui que l’économie a pris le pas sur le politique. C’en est devenu d’ailleurs l’essence même de nos démocraties et ce dès la naissance de la IIIème République. A ce sujet, force est de reconnaître toute la justesse de la critique maurrassienne. Mais, jusqu’à la Seconde Guerre mondiale, le politique disposait encore d’un espace. Ce n’est plus le cas dès 1945 – malgré le sursaut gaulliste – et surtout l’effondrement du communisme en 1989, où le politique s’est totalement effacé car l’Europe n’a jamais su jouer la carte de la puissance qu’elle était – et est toujours - l’unique chemin possible pour renouer avec son destin.
La meilleure illustration de cet effacement est l’élection d’Emmanuel Macron, candidat entièrement fabriqué par le système, c’est-à-dire les puissances d’argent. Car l’effondrement des partis politiques, lui, n’est pas dû, paradoxalement, à l’argent mais bien à l’absence de promesses non tenues. De Giscard à Hollande, nos politiques ont manqué de courage pour moderniser la société française et surtout mettre un frein à une immigration dont les Français n’ont jamais voulu. La meilleure preuve en est cet imbécile de Chirac qui s’est toujours refusé à un référendum sur le sujet, au motif, disait-il, « qu’on connaît la réponse ». La liste des erreurs de nos politiques dans tous les domaines, social mais plus encore industriel, ont fini par lasser les Français et renforcer leur volonté de se débarrasser de tous ces guignols. D’où Macron, qui n’est jamais que le gestionnaire des emmerdements naturels qui touchent tout gouvernement, aux ordres de cette finance qui l’a placé sur le trône.
Dès lors, comme le dit Philippe Muray, des opposants ou des muets ! Et les opposants n’ont pas tardé à se manifester. Ce sont d’abord les Gilets jaunes, symbole d’une France divisée en trois, c’est-à-dire entre les bénéficiaires du système capitalisme – les mondialistes -, les oubliés du système, c’est-à-dire la grande majorité de la population française et les immigrés. Trois France qui s’ignorent.
A ces opposants-là sont venus s’ajouter tous ces mouvements écolos qui, au prétexte du réchauffement climatique, remettent en cause le capitalisme et ses modes de production. A ce courant écolo répond comme en écho, le courant populiste dont le fondement n’est pas l’écologie – quoique – mais bel et bien le système capitaliste qui éradique l’identité des peuples, leurs mœurs et leurs cultures.
La question qui se pose est la suivante : combien de temps le système va-t-il encore tenir à l’heure même où l’on ne raisonne plus en termes d’identité géographique mais d’espace : la Chine, l’Inde, la Russie, l’Europe et les Amériques. Avec en arrière-plan l’opposition entre puissance continentale et puissance maritime. Tels semble être les nouveaux enjeux du siècle, sans que nous puissions, en l’état actuel, apporter de réponses.
07:24 Publié dans Le Billet de Patrick Parment | Lien permanent | Commentaires (0) | | Facebook | |
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