mardi, 23 mars 2021
Nouvelle barbarie
Laurence de Charette
Rixes mortelles, batailles armées, passages à tabac sanglants, professeurs attaqués… La simple chronique de l’activité policière ne laisse aujourd’hui plus de place aux discours euphémisants qui nous tiennent lieu de cache-sexe depuis tant d’années. Quoi qu’en dise le garde des Sceaux, la violence des mineurs a franchi un seuil que les professionnels décrivent avec la triste précision des témoins de terrain. Après le meurtre d’Alisha, après le lynchage du jeune Yuriy, après les nuits d’émeutes urbaines à Blois, après, après... Ils font un triple et terrible constat.
D’abord, la violence gangrène des adolescents de plus en plus jeunes, elle s’enracine dès la sortie de l’enfance et souvent avant. Rien, ensuite, ne semble à même de l’endiguer : elle a, en réalité, changé de nature. Confrontés à des agresseurs dénués de culpabilité ou d’empathie envers les victimes, dépourvus de cette ultime limite intérieure qui seule peut retenir le bras de celui qui ne s’inscrit plus dans l’ordre de la loi, les éducateurs, à court de mots, ne parlent plus de «violence », mais d’« ultraviolence ». Cette nouvelle barbarie qui s’est engouffrée dans l’effondrement de toute notion d’autorité et la faillite de nos politiques d’intégration constitue, sans nul doute, l’un des phénomènes sociaux les plus inquiétants de notre temps.
Enfin, elle fait l’objet d’une incompréhensible impunité ! Le Parlement vient d’adopter une énième réforme de la justice des mineurs, cette justice hérités d’autres temps, tellement attachée à l’excuse et si peu à la sanction, dont le laxisme est aujourd’hui largement instrumentalisé par les mineurs et les réseaux qui les utilisent. Il faudrait en espérer quelques progrès…
Car il n’est plus possible d’ignorer – sous peine de les voir s’étendre rapidement - les ravages de cette délinquance protéiforme qui fertilise le terreau de la radicalisation et déstabilise l’école, désormais soumise, comme toute la société, à ses attaques mortifères. Inutile de nous bercer d’illusions : la bataille n’est pas gagnée, tant sont nombreux et profonds les aveuglements et les renoncements qui la précèdent.
Illustration : dessin de Konk
Source : Le Figaro 23/3/2021
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Les variations de la Ligue
Georges Feltin-Tracol
Il faut revenir sur le soutien officiel qu’apporte la Lega de Matteo Salvini au gouvernement de Mario Draghi. On ne doit cependant pas oublier que la vie politique italienne riche en exemples transformistes (le passage d’élus d’un camp à un autre) s’apparente à une comedia dell’artepermanente.
Malgré l’impulsion dans un sens national-souverainiste donné par le secrétaire fédéral Salvini, la Legademeure foncièrement un mouvement fédéraliste qui garde en son sein des tendances composites. Avant de devenir le chantre de la cause du Pô, Umberto Bossi était proche de l’extrême gauche. Sa rencontre avec les autonomistes francophones du Val d’Aoste, par ailleurs disciples du philosophe suisse Denis de Rougemont, l’ancien non-conformiste des années 30, est cruciale dans son itinérairepolitique. Quant à Salvini, le journal Le Monde a naguère publié une photographie de lui, jeune élu au conseil municipal de Milan portant à la boutonnière une épinglette du drapeau basque et une autre à l’effigie du Che Guevara. Matteo Salvini animait alors une faction « Communistes pour la Padanie ». Ce groupe cohabitait à l’intérieur de la Ligue du Nord avec des tendances libertariennes ou néo-celtiques paganisantes.
En décembre 1989, la Ligue du Nord naît de l’accord conclu entre des formations autonomistes, régionalistes, voire indépendantistes : les puissantes Ligues lombarde et vénète s’allient à Piémont autonomiste, à l’Union ligure, à l’Alliance toscane et à la Ligue d’Émilie – Romagne. Le discours officiel de la Ligue va alors varier au gré des circonstances politico-électorales. Tantôt elle prône la sécession de la Padanie, tantôt elle envisage une république fédérale constituée d’une Italie méridionale ouverte à la Méditerranée, d’une Italie centrale orientée par Rome et d’une Haute-Italie plus tournée vers les mondes alpin et danubien (les Habsbourg ont régné de 1815 à 1859 sur la Lombardie et jusqu’en 1866 sur la Vénétie).
On retrouve ces fluctuations politiques au Parlement européen. De 1989 à 1994, les euro-députés liguistes siègent dans le groupe écologiste – fédéraliste « Arc-en-ciel » aux côtés de la Volksunieflamande et des nationalistes de gauche écossais. La Ligue soutient en 1994 l’euro et entre au groupe centriste des libéraux, démocrates et réformateurs en compagnie de l’UDF de Valéry Giscard d’Estaing. En 1999, la Ligue participe avec le FN, le Vlaams Blok et les libertaires italiens au Groupe technique des indépendants que la Cour de justice de l’Union européenne invalide en 2001. En 2004, les liguistes adhèrent à « Indépendance et Démocratie » avec Philippe De Villiers, l’UKIP et les calvinistes fondamentalistes néerlandais. Les élus de la Ligue rejoignent ensuite successivement l’« Union pour l’Europe des Nations » (avec le RPF de Charles Pasqua et le PiS polonais), puis « Europe de la Liberté et de la Démocratie » (avec le LAOS national-conservateur grec). En 2015, la Legas’associe avec le FPÖ autrichien et le FN dans le cadre d’« Europe des Nations et des Libertés ». Enfin, en 2019, le RN, l’AfD, le FPÖ et la Ligue forment « Identité et Démocratie ». Certains spéculent déjà sur une adhésion prochaine au Parti populaire européen…
Par-delà l’activisme de Matteo Salvini, la Ligue du Nord n’est pas un mouvement centralisé et monolithique. Son principal dirigeant doit compter sur une opposition interne qui reprend les aspirations des PME et des entrepreneurs de Lombardie et de Vénétie. Candidat malheureux au secrétariat de la Ligue face à Salvini, Gianni Fava (20 % des votes militants) déplore dans l’hebdomadaire français L’Express du 15 août 2018 que « Salvini a volé notre rêve. Il s’est approprié notre mouvement d’inspiration libérale et pro-européenne, et il l’a transformé en parti souverainiste d’extrême droite, résolumment hostile à Bruxelles ».
L’inflexion prise par le « Capitaine » vers le national-souverainisme ne l’empêche pas de louvoyer. Ainsi renonce-t-il à sortir de l’euro après la défaite présidentielle de Marine Le Pen en 2017. Il donne aussi des gages à la bien pensance médiatique. Il refuse de reconduire aux européennes de 2019 le sortant Mario Borghezio. Cinq ans auparavant, la direction liguiste cherchait déjà à s’en débarrasser en l’envoyant dans la circonscription électorale de l’Italie centrale (Latium, Toscane, Ombrie, Marches) où l’ancien militant de la branche italienne de Jeune Europe de Jean Thiriart aurait perdu son mandat. Or, Mario Borghezio fut réélu (5837 voix au vote préférentiel) grâce à l’appui décisif de CasaPound. Rappelons que les ministres liguistes de l’Intérieur n’ont jamais cessé de persécuter le mouvement de Gianluca Ianonne et se sont montrés incompétents dans l’arrêt de l’immigration clandestine.
À la lumière de ce rappel historique, on ne doit donc pas être surpris par le parcours sinueux de la Ligue du Nord. Malgré une volonté séparatiste qui anime maints de ses militants et de ses cadres, la Lega appartient bien à l’esprit politique italien.
Bonjour chez vous !
• « Chronique hebdomadaire du Village planétaire », n°206, mise en ligne sur TVLibertés, le 16 mars2021.
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Plaidoirie de Me Gilbert Collard en défense de Marine Le Pen…
François Floc'h (∗)
J'aime bien Gilbert Collard ! Il ne manque pas de culot.. Son langage est fleuri, inventif, percutant. En ces temps d’apathie politique et d'auto-censure, son côté "grande gueule" n'est pas pour nous déplaire. Avec lui, on ne s'ennuie pas ! Et c'est important pour capter l'attention de l'électeur… L'eau tiède n’intéresse personne !
Tout récemment, invité sur Sud Radio – avec TV Libertés, rare espace de liberté d'expression du PAF, le fameux Paysage Audiovisuel Français – il a répondu à Eric Morillot qui le questionnait sur la future Présidentielle. Le propos est intéressant et mérite d'être noté bien qu'il sente un peu trop le cirage… de pompes ! Étonnant de la part de Gilbert Collard...
Eric Morillot – On parle beaucoup d'une candidature d'Eric Zemmour. Est-ce que vous la craigniez ?
Gilbert Collard – Il faut se méfier des ruses de l'Histoire… Eric est un ami. S'il est candidat, il ferait battre Marine. Je crains une candidature qui pourrait appauvrir... nous retirer des voix que l'on pourrait avoir. C'est clair. Je pense qu'il faut un rapprochement entre Eric Zemmour et Marine.
Eric Morillot – Mais, vous ne pensez pas qu'il pourrait dépasser Marine Le Pen au 1er tour ?
Gilbert Collard – Non, je ne crois pas. Parce que l'on oublie quand même trop facilement que Marine, elle, offre aux Françaises et aux Français une expérience unique. Celle d'une femme qui a pris des coups, qui a reçu des tempêtes en pleine figure, des tempêtes politiques, affectives, humaines, et qui n'a jamais mis le genou à terre.
Et, ce dont la France a besoin c'est de quelqu'un qui ne s'agenouille pas, ni devant la repentance, ni devant l'Histoire, ni devant l'Union européenne, ni devant les banlieues, ni devant les zones de non-droit, ni devant la perte de souveraineté.
Et, elle a cet avantage, elle, à l'épreuve du feu, elle a eu ses brûlures et elle a tenu le coup. C'est assez unique.
[…] Et puis l'on passe à une questionnement sur l'Euro. Etc. Etc.
Cette réponse de Gilbert Collard m'a laissé fort perplexe…
Car, nous en connaissons tous des militants du "FN canal historique" qui ont pris des "tempêtes en pleine figure" en des temps politiques bien plus difficiles qu'aujourd'hui ! Et le premier d'entre nous, notre Jean-Marie Le Pen. L'argument de Gilbert Collard n'est donc pas recevable.
Gilbert Collard fait appel à notre mémoire. Et bien, prenons-le au mot !
A la question "Qui n'a jamais mis réellement le genou à terre ?", on peut lui rétorquer :
Qui s'est lancé dans une dédiabolisation stérile qui frise la compromission sinon le ridicule ?
Qui n'a jamais énoncé la moindre critique des lois mémorielles (Pléven, Gayssot, Perben) ? Lois qui bloquent les nécessaires débats, génèrent une auto-censure pernicieuse et empêchent ainsi les solutions salutaires.
Qui n'a manifesté aucun engagement contre les lois dites de "bioéthiques". A défaut de participation, aucun soutien à La Manif pour Tous. Et même aujourd'hui, annonce par Jordan Bardella que les lois Taubira faisaient maintenant partie des acquis de la République et que l'on n'y toucherait pas !
Pauvres Gilets Jaunes qui ne demandaient rien – à tort – aux Politiques mais qui auraient pu recevoir au moins quelques signes de sympathie. Rien, le néant !
Et puis, tout récemment, les cadres du RN auraient reçu des consignes pour ne pas participer à la manifestation de soutien à Génération Identitaire ! Des petits jeunes courageux qui veulent rester debout et utilisent seulement la technique d'Agitprop bien utile en politique !
Qui a dit à de multiples reprises que l'Islam était compatible avec la République ? Manifestant ainsi, en plus de ses lacunes historiques, son manque de volonté politique en ce domaine. Qui a dit que le Grand Remplacement n'existait pas ?
Décidément, cela fait beaucoup pour quelqu'un qui n'aurait jamais mis le genou à terre !
A la réflexion, c'est plutôt Eric Zemmour que j'ai reconnu dans le portrait dressé par Gilbert Collard. Il faudrait évoquer les oukases soviétoïdes du CSA qui semble craindre davantage l'éditorialiste de CNews que la présidente du RN. Et il est un critère qui ne trompe pas : au compteur des passages devant la 17e Chambre, pour propos de quelqu'un qui ne veut pas mettre le genou à terre, Eric Zemmour sort largement vainqueur !
(∗) Ancien secrétaire départemental FN des Côtes d'Armor.
00:00 Publié dans François Floc'h, Tribunes libres | Lien permanent | Commentaires (0) | |
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