jeudi, 26 mars 2015
Le FN et les départementales, succès ou demi échec au premier tour ?
Pierre Le Vigan
Donné par les sondages entre 29 et 31 % (et une fois à 33 %), le FN a fait plus de 25 % des voix. Il n’est pas arrivé en tête. Il a été devancé par le bloc des droites. Comment resituer ces résultats ? Il faut d’abord noter qu’il est certes distancé par les droites, celles-ci à 29 % mais celles-ci constituées du parti UMP, des centristes, de divers droites. C’est sans doute une coalition mais pas un parti.
La première chose à faire pour évaluer le niveau du FN-RBM à ces élections, à l’issue du premier tour, c’est de comparer avec les élections cantonales de 2011. Elles ne portaient que sur la moitié des cantons, mais cela ne change guère le point de comparaison. Le FN avait fait plus de 15 % des voix. On dit donc qu’il a progressé de 10 points. En fait, le FN n’était pas présent partout en 2011. Là où il était présent, il a obtenu 19 % des voix. C’était un très bon résultat : un point au-dessus du score (17,9 %) de Marine Le Pen, un an plus tard, à la présidentielle de 2012.
En 2015 où les élections départementales avaient lieu dans tous les cantons ensemble pour la première fois, le FN a beaucoup dit qu’il serait présent partout. Il a fait un gros effort et a obtenu un très bon taux de présence sur le territoire. Il n’était toutefois pas présent partout. Il était en fait présent dans 93 % des cantons redécoupés (et divisés par deux avec l’absurde système de candidature d’une paire de candidats). Résultat : là où il était présent, le FN a réalisé en fait 27 % des suffrages en moyenne. Il faut donc comparer 27 % à 19 %. Une progression non négligeable.
Le FN n’a pas explosé à ces élections mais il a encore progressé par rapport aux européennes. Il s’est enraciné dans ses bastions tout en ayant de plus en plus un vote « national ». C’est-à-dire qu’il n’est faible que dans très peu de départements, ce qui est un élément nouveau depuis 2012. Son implantation aux municipales porte ses fruits et, en un sens, son succès aux municipales de 2014 est encore plus important que son succès aux européennes de la même année. Le FN est le seul parti qui progresse. Reste pour lui à franchir le mur du scrutin majoritaire. Il y a réussi parfois, et dès ce premier tour des élections ex-cantonales devenues départementales. Cela reste exceptionnel. A partir d’un certain seuil, une accélération de ce type de succès n’est pas à exclure.
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