vendredi, 13 novembre 2015
Régionales. Les nationalistes corses en tête des sondages et percée du Front National
Source Lengadoc Info
En Corse, les nationalistes ont le vent en poupe. Selon une étude d’OpinionWay pour France 3 Corse ViaStella et France Bleu RCFM, la figure montante du nationalisme et maire de Bastia, Gilles Simeoni, pointerait en tête au soir du 6 décembre avec 18 % d’intentions de vote pour le premier tour de scrutin. Un score qui équivaut pratiquement à celui qu’il avait réalisé en 2010 avec le mouvement des nationalistes modérés.
Sous réserve d’un accord avec les indépendantistes de Corsica libera (La Corse libre) et du Rinnovu (Le renouveau), crédités respectivement, selon le sondage, de 8 % et 1 % d’intentions de vote, l’élu municipal bastiais pourrait sérieusement rivaliser avec les camps de gauche et de droite, largement divisés pour cette élection territoriale. Historiquement, les nationalistes n’ont jamais été aussi proches du pouvoir. Mais pour l’heure, la perspective d’une alliance au second tour, réclamée à cor et à cri par les indépendantistes, ne semble pas vraiment trouver une oreille attentive du côté du courant modéré.
Mais, avec au total 28 % d’intentions de vote au premier tour, répartis entre Camille de Rocca Serra (16 %) et José Rossi (12 %), Les Républicains, dont la fusion des listes est annoncée pour le second round, seraient bien placés pour l’emporter. Même si réconcilier les deux équipes – qui ont multiplié les escarmouches à coups d’interview dans Corse-Matin l’été dernier – ne sera pas forcément une partie de plaisir… De passage dans l’île au mois d’août pour ses vacances, Nicolas Sarkozy avait dû prendre les choses en main pour tenter d’assagir les frères ennemis et déboucher sur un accord de deuxième tour.
Giacobbi en difficulté
Pour le reste, si la gauche peut compter au total sur 32 % d’intentions de vote au soir du 6 décembre, son émiettement avec cinq listes la fragilise sérieusement. Ce sondage n’accorde que 12 % au premier tour à l’homme fort de la région, Paul Giacobbi (DVG), relégué en troisième position alors que son état-major table sur 20 % (il avait réalisé 15,4 % au premier tour en 2010). Un étonnement pour les observateurs de la politique insulaire, puisque la liste du patron de l’exécutif, qui a largement misé sur « l’effet maires », compte bon nombre d’élus pourvoyeurs de suffrages, quadrillant l’île du nord au sud et d’est en ouest. Une équipe présentée comme étant « plus efficace » que celle qui l’avait porté à arracher les rênes de la région à la droite, il y a cinq ans.
À ce titre, il est permis de se demander si Paul Giacobbi ne serait pas victime de sa mise en examen en juillet dernier pour « détournement de fonds publics » dans l’affaire dite des gîtes ruraux. D’autant que certains de ses proches, dont le sénateur PRG de Haute-Corse, Joseph Castelli, sont aussi dans le collimateur de la justice depuis quelques semaines. Autrement dit, les soucis judiciaires du camp giacobbiste font régulièrement la une de la presse insulaire depuis plusieurs mois. Ce qui n’arrange pas les affaires de la gauche puisque les deux listes conduites par Emmanuelle de Gentili (PS) et Jean-Charles Orsucci (DVG) n’atteindraient pas la barre fatidique des 5 % permettant de fusionner. Seul le Front de gauche, qui peut compter sur une base militante confortable, devrait s’en tirer avec 7 % d’intentions de vote au premier tour. Au même titre que le PRG Jean Zuccarelli (fils de l’ancien maire de Bastia), à qui le sondage accorde 5 %.
Percée du FN
Autre surprise, celle de la percée du Front national. Véritable arlésienne en Corse jusqu’à ces dernières années, l’étude lui prête 12 % d’intentions de vote au premier tour dans l’île, où le vote « contestataire » est souvent cristallisé par les nationalistes. Ce qui triplerait son score par rapport à 2010. Et pour cause, historiquement, le parti d’extrême droite demeurait quasi inexistant dans les élections locales. Le sondage, qui le place en troisième position, pourrait donc laisser penser à une nationalisation grâce aux thématiques en vogue, comme le rejet de l’immigration. D’autant que le FN vient à peine d’entrer en campagne et a présenté sa liste il y a quelques jours seulement. Une équipe dont le chef de file, Christophe Canioni, est encore sur le plan régional un illustre inconnu. Ce qui fait dire à bon nombre d’observateurs que, pour le coup, c’est l’étiquette qui pourrait primer, contrairement aux habitudes de cette région où l’on vote surtout « l’homme ».
Enfin, le sondage d’OpinionWay évoque aussi l’abstention (43 %), peut-être plus forte qu’en 2010 (37,6 %), pour cette élection qui semble avoir du mal à passionner les Corses qui d’ordinaire raffolent de la politique. La faute, sans doute, à un mandat très court d’à peine deux ans, avant de remettre le couvert pour la nouvelle collectivité unique en 2018.
Enquête réalisée auprès d’un échantillon de 805 personnes entre le 27 et le 30 octobre.
10:21 Publié dans Revue de presse | Lien permanent | Commentaires (0) | | Facebook | |
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