mercredi, 11 septembre 2024
Jeudi 19 septembre, à Nantes :
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mercredi, 18 janvier 2023
Médias, communications, guerres, espionnage par Eric Denécé et Franck Abed
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dimanche, 17 janvier 2021
Censure des réseaux sociaux : réaction de Franck Abed
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lundi, 04 novembre 2019
Franck Abed analyse la révolte des Gilets jaunes
Franck Abed est un historien engagé. Il est monarchiste et catholique de tradition. Et cela ne l'empêche pas de s'intéresser de près à ce qui se passe dans le monde et en France en particulier. De la même manière, il a toujours privilégié les moyens modernes de communication. Ainsi, il y a une dizaine d'année, il fut un précurseur en réalisant des entretiens filmés de qualités avec les responsables et les écrivains de notre famille politique, assurant ainsi la promotion de bien des les projets qui voyaient alors le jour.
Il est aussi un observateur et un théoricien politique qui analyse l'actualité en restant fidèle à ses idées. Il a donc suivi de près les Gilets Jaunes, mouvement de protestation apparu en France en novembre 2018.
Au fil des semaines, il a rédigé des articles d’analyse sur ce phénomène social, politique et culturel, en rappelant qu’un combat mené sur de mauvaises bases ne pouvait déboucher sur un « Grand Soir » tant espéré par les protestataires. Effectivement, les différentes manifestations organisées par les Gilets Jaunes, loin de montrer la force de la France des sans-grade, ont rappelé que, sans doctrine sûre et sans une organisation digne de ce nom, il était extrêmement difficile de faire vaciller la République.
Nous ne pouvons que vous conseiller de lire le petit livre qu'il vient de publier sur ce conflit qui, bien que démarré avec des références intéressantes, s'est très vite vu récupéré par les larbins du Système.
S.N.
Gilets jaunes, les raisons d'un échec dévoilé, Franck Abed, Editions orviloise, 80 pages, 8 euros
Pour acheter ce livre cliquez ici
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vendredi, 19 juillet 2019
L’impasse libérale par Philippe Arondel
Franck Abed
Philippe Arondel, économiste et philosophe, a travaillé au bureau d’études de la CFTC (Confédération Française des Travailleurs Chrétiens). Il est actuellement l’une des voix de Fréquence protestante dans l’émission culturelle quotidienne Midi Magazine. Il a publié plusieurs ouvrages dont L’homme-marché. Son dernier essai lui donne l’occasion de revenir sur le libéralisme, et de contredire l’affirmation selon laquelle le capitalisme et le catholicisme peuvent faire bon ménage.
Dès la première page du livre, pour introduire son propos, il nous soumet une pertinente interrogation : « Et si, sans en avoir toujours une perception aiguë, nous nous dirigions, lentement mais sûrement, vers une sorte de fin de l’histoire où la marchandise dicterait sa loi à toutes les relations humaines, sur fond de société du spectacle mortifère? » En réalité, les observateurs ayant une saine vision de l’actualité savent que nous vivons déjà dans cette époque, qui érige l’insupportable marchandisation de l’homme en valeur fondatrice. Heureusement que l’Eglise, par la voix des Papes et de sa Doctrine Sociale, avait critiqué avec véhémence dès le XIXe siècle le libéralisme, tout en proposant une autre vision de l’économie : une économie au service de l’homme, de tous les hommes, de tout l’homme.
En définitive, ce n’est donc pas par hasard qu’Arondel pose une deuxième question qui fait écho à la première : « Et si, à chaque instant, via les scansions improbables d’une économie libérée de toute tutelle éthique, nous étions les témoins effarés de l’émergence d’une société de marché visant ni plus ni moins à en finir avec une certaine anthropologie humaine souvent affublée du terme méprisant et polémique de traditionnelle ? » Non seulement, nous sommes les témoins impuissants et les victimes de ce changement de paradigme imposé par les libéraux (au sens large et convenu du terme), mais en plus rien ne semble pouvoir arrêter cette mécanique implacable.
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samedi, 08 juin 2019
Les chrétiens dans al-Andalus par Rafael Sanchez Saus
Rafael Sanchez Saus est professeur d’histoire médiévale à l’université de Cadiz. Auteur d’une douzaine d’ouvrages, il est considéré comme l’un des meilleurs spécialistes de la frontière entre maures et chrétiens dans l’Espagne médiévale. Il a été doyen de la faculté de philosophie et de lettres de l’UCA (1999-2004) et recteur de l’université San Pablo CEU de Madrid (2009-2011). Il est toujours membre de l’Académie royale hispano-américaine des sciences, des arts et des lettres après en avoir été le directeur. Avec ce nouvel ouvrage, sous-titré De la soumission à l’anéantissement, Sanchez nous présente une vision complète de la situation de ces chrétiens espagnols, appelés mozarabes, unique peuple européen médiéval à avoir vécu pendant tant de générations sous la rigueur de la dhimma.
Dans son avant-propos pour le lecteur francophone, Arnaud Imatz écrit: « Quiconque veut connaître sérieusement la réalité de l’histoire des chrétiens dans al-Andalus devra désormais se référer à cette magistrale synthèse. On imagine sans peine qu’en publiant l’édition originale de ce livre en Espagne il ne s’est pas fait que des amis. Mais son courage intellectuel, sa rigueur et sa probité scientifiques ont été les meilleurs garants contre les attaques insidieuses et mensongères dont il n’a pas manqué d’être l’objet. » Le préfacier poursuit : « Al-Andalus est l’un des thèmes les plus représentatifs de l’interminable règlement de comptes qui déchire la communauté intellectuelle et culturelle espagnole depuis plus de deux siècles. »
A l’aune de cette belle et longue introduction d’Imatz, nous comprenons aisément que le terrorisme intellectuel frappe également de l’autre côté des Pyrénées. Le préfacier écrit : « L’exemple de la France du tournant du XXIesiècle mérite d’être brièvement évoqué ici, parce qu’il est en partie similaire à celui de l’Espagne. On a pu voir dans l’Hexagone comment au cours des trois ou quatre dernières décennies, la nouvelle histoire transnationale ou mondialisée a accompagné le changement sociétal et tenter de s’imposer. Cette prétendue nouvelle histoire, paradoxalement anachronique et obsessionnelle, s’est avérée très vite beaucoup moins neutre que l’ancienne. »
Il énonce avec justesse que « les thuriféraires de l’histoire transnationale ou mondialisée, indifférents au réel comme l’étaient avec eux les censeurs totalitaires, ont choisi de nier l’évidence des faits dans le secret et vain espoir de résoudre la crise actuelle du vivre-ensemble ». A cause d’une immigration musulmane très forte, certains estiment que changer la vision du passé améliorera les conditions de vie du présent. Comme Imatz le stipule très clairement : « Les journalistes et pseudo-historiens sont les Gardiens jaloux des Nouvelles Tables de la Loi (mondialisme, multiculturalisme et droits de l’homme). »
Ainsi, il n’est guère étonnant de constater qu’une « police de la pensée veille et verrouille. Olivier Pétré-Grenouilleau et Sylvain Gouguenheim, pour ne citer que deux cas instructifs en ont fait l’amère expérience ». En Espagne comme en France, les partisans de la Libertése montrent extrêmement virulents pour restreindre la liberté de ceux qui ne pensent pas comme eux, selon l’adage mensonger et bien connu de Saint-Just : « Pas de liberté pour les ennemis de la liberté. »
Le meilleur moyen de promouvoir l’idéologie du « vivre ensemble » reste de reconstruire le passé au mépris de la réalité historique. Ainsi, il n’est pas rare que des idéologues s’en prennent aux fondements civilisationnels des patries charnelles. Imatz dit « que de nos jours, des légions d’intellectuels, de journalistes et d’historiens de la péninsule rabâchent au quotidien que la nation est une construction douteuse, une fiction romanesque, une illusion essentialiste dont la défense conduit immanquablement au pire, en d’autres termes à la xénophobie, au nationalisme et au fascisme ».
Pourtant, Sanchez n’entend pas céder aux diktats idéologiques imposés par une certaine école de pensée. Il préfère étudier les sources et les confronter comme tout historien qui se respecte plutôt que de procéder par omission. Dès les premières lignes, il pose le cadre historique : « La conquête de l’Espagne par les Arabes, menée à bien en 711 et 719, est sans doute l’événement qui a le plus puissamment marqué l’histoire espagnole : d’abord de façon directe durant huit cents ans, puis de façon indirecte jusqu’à aujourd’hui. »
L’auteur continue son propos en expliquant que « la conséquence immédiate la plus importante de cette conquête a été l’apparition d’al-Andalus et la constitution d’un système qui ne s’est jamais réellement proposé de créer un pays à vocation intégrative pour la population conquise, pluriel en matière ethnique et religieuse. Il s’agissait plutôt d’un moyen de perpétuer une domination mise en place par une petite minorité de guerriers musulmans orientaux et nord-africains sur une population de plusieurs millions de chrétiens autochtones. »
Sanchez développe l’idée que « cette domination s’est appuyée sur une norme (la dhimmaou protection) elle-même fondée sur la doctrine coranique. Cette norme consacrait l’idée d’une soumission politique et religieuse ainsi que celle d’une infériorité juridique et morale des chrétiens, dont les personnes et les biens étaient plus ou moins à la merci de leur maîtres musulmans et qui étaient traités au gré des circonstances, lesquelles pouvaient incliner ces derniers vers plus ou moins de tolérance ». Comme souvent, « il est certes vrai que les avantages octroyés aux personnes converties à l’Islam ont poussé de nombreux chrétiens à l’apostasie. Il est tout aussi vrai que beaucoup d’entre eux ont préféré émigrer plutôt que de vivre comme des parias sur leur propre terre ».
Quand on étudie la conquête arabo-musulmane de la péninsule ibérique, une question se pose au sujet du sort réservé au christianisme nord-africain. N’oublions pas que l’Afrique du Nord a servi de base arrière pour les expéditions en Espagne. Sanchez écrit : « Comment concevoir que toute une région chrétienne qui s’appuyait sur près de six cents diocèses, qui comptait dans ses rangs des figures de l’envergure de saint Augustin ou de Saint Cyprien et dont les martyrs étaient nombreux ait pu disparaitre en relativement peu de temps sans laisser de trace ? » L’auteur propose des pistes de réflexions intéressantes, même s’il concède que « nous ne disposons quasiment d’aucune source qui nous permette d’éclairer les circonstances de cette disparition ». Toutefois, il note que « l’expansion musulmane ne peut être comprise sans la prise en compte du système de la dhimmacomme moyen de contrôle et d’exploitation des populations soumises, ainsi préparées progressivement à leur islamisation ».
Sanchez étudie avec soin cette société islamique espagnole, et notamment le sort des opprimés. A l’aune de ses travaux exhaustifs, il peut écrire : « Il n’existe pas aujourd’hui un seul historien digne de ce nom qui puisse présenter al-Andalus comme un exemple de cohabitation et de tolérance entre religions, ethnies et cultures différentes. » Il cite également un fin connaisseur de l’Espagne médiévale en la personne de Francisco Garcia Fitz. Les deux spécialistes se rejoignent, car Garcia note : « Les vestiges qui nous permettent d’étudier les traits caractéristiques des relations entre chrétiens, musulmans et juifs ne confirment en rien cette image idyllique de la société hispanique médiévale. L’idée d’une Espagne où aurait lieu une rencontre bienveillante entre les trois cultures semble répondre à besoin sociologique ou anthropologique de disposer d’un mythe, d’une fiction allégorique rassurante. »
L’auteur constate que le statut de dhimmi ne visait pas à « configurer un cadre de cohabitation et de tolérance entre les fidèles des religions monothéistes mais à garantir la soumission des protégés ». Sanchez rappelle à juste titre que l’idéologie musulmane « divise les peuples en deux groupes irréconciliables : les musulmans qui habitent le dar al-islam, c’est-à-dire les pays soumis à la loi islamique ; et les infidèles, qui habitent le dar al-harb, les pays de la guerre, lesquels sont voués à passer sous contrôle islamique par la conversion de leurs habitants, soit par la conquête armée ».
En définitive, Sanchez dresse la conclusion suivante : « Comment est-il possible que la société et la civilisation qui ont imaginé et imposé cet effrayant système de soumission et de dégradation que nous connaissons sous le nom de dhimma puissent être présentées comme des modèles de tolérance entre cultures et religions ? » Il précise néanmoins qu’il « ne s’agit pas ici de nier les réussites de l’Islam d’al-Andalus, mais nous voulons en revanche lutter contre la tendance si marquée aujourd’hui d’idéalisation d’Al-Andalus par exécration de l’Espagne chrétienne ».
Il faut impérativement admettre que beaucoup de propagandistes sont attachés au mythe des Trois Cultures. De fait, ils nient la réalité historique : la majeure partie de la population fidèle à la religion chrétienne vivait dans un système mettant en avant la ségrégation sociale, l’exploitation économique et fiscale voire l’humiliation dans certains cas. Cet ouvrage permet de parfaitement comprendre le sort très peu désirable des chrétiens vivant sous le joug musulman. Les exemples et les démonstrations limpides foisonnent. Cette étude permet de détruire le mensonge de la convivialité pacifique entre les cultures et les religions construit à l’exact opposé de la vérité de l’histoire. Nous laissons le mot de la fin à Sanchez : « Aujourd’hui plus que jamais, face au mythe, la vérité s’avère nécessaire. »
Les chrétiens dans al-Andalus par Rafael Sanchez Saus, Editions du Rocher, 2019, 528 pages, 24 euros
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vendredi, 22 mars 2019
Atlas historique de l’Afrique : Des origines à nos jours par Bernard Lugan
Franck Abed
Bernard Lugan a écrit plus de 30 ouvrages consacrés à l’Afrique. Il est universitaire et expert auprès du TPIR (ONU). Il fut professeur à l’Ecole de Guerre et aux Ecoles de Saint-Cyr-Coëtquidan. Par ailleurs, il dirige la revue numérique l’Afrique Réelle.
Avec la publication de cet atlas, Lugan dresse un bilan des connaissances historiques au sujet du continent africain. Il y décrit les permanences et les ruptures qui expliquent en grande partie les crises actuelles. Elles permettent également de prévoir celles de demain. Concrètement, des origines de l’Homme aux conflits tribaux d’aujourd’hui, nous pouvons suivre l’histoire de l’Afrique en parcourant les 250 cartes parfaitement légendées.
Au sujet de la cartographie, rappelons ce qu’écrit le professeur Hubert Deschamps en 1971 : « Les nouvelles frontières tracées en Europe sur des cartes à petite échelle, parfois fausses, étaient le plus souvent des lignes droites ou des cercles, toute une abstraction géométrique ne tenant pas compte des peuples, le plus souvent ignorés. De là, des découpages à la hache, une boucherie diplomatique ». Ce constat est sans appel. Deschamps ajoute : « Une Gambie anglaise taillée dans les peuples wolof et mandingue accordés à la France. Les Evhé coupés en deux tronçons, anglais et allemand (Ghana et Togo). La création artificielle de grands ensembles comme le Nigéria, le Tchad, le Soudan, groupait dans les mêmes frontières des peuples du Nord, anciens esclavagistes et les peuples du Sud qu’ils avaient rançonnés ; les premiers, musulmans, n’avaient eu aucun scrupule à lancer des raids des chez les seconds païens. De là, des souvenirs qui les portaient assez peu à vivre ensemble. » C’est une longue citation, mais nous nous estimons nécessaire de la produire pour comprendre « le péché originel » de l’Afrique, comme l’analysait Deschamps il y a presque 50 ans.
Lugan estime, et nous le rejoignons, que « ce constat est licite dans ses grandes lignes ». Toutefois, il apporte une précision fondamentale : « Cependant, à y regarder de plus près, les réunions de nombreux peuples au sein de la même entité administrative posèrent peu de problèmes tant qu’ils furent soumis à un même maître étranger. Les difficultés apparurent lors des indépendances, quand l’ethno-mathématique démocratique donna la victoire aux plus nombreux. D’où les problèmes qui se posèrent avec les peuples minoritaires. »
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samedi, 22 décembre 2018
Tribune libre : les Gilets jaunes et l'incohérence démocratique
Franck Abed cliquez ici
Je ne suis pas un gilet jaune. Pourtant, je ne peux être considéré comme une personne privilégiée. Je ne me reconnais pas, tout simplement, dans ce mouvement, ni par la forme de ses émotions soudaines, qu’elles soient pacifiques ou violentes, ni dans le fond, à travers ses réclamations à la fois contradictoires et fondamentalement incomplètes, même si certaines s’avèrent naturellement légitimes…
En Chine, seul l’Empereur pouvait porter du jaune. En France, cette couleur souffre d’un certain manque d’estime, en dépit du maillot jauneque porte le vainqueur du Tour de France. Le jaune, notamment au théâtre, représente les maris cocus. Dans le monde syndical, les Jaunes sont les briseurs de grève alliés du gouvernement et du patronat. Encore aujourd’hui, les syndicalistes appellent jaunes les syndicats traîtres à leurs yeux. Rappelons que le 1er avril 1902, ce n’est pas un poisson, fut créée une Fédération des Jaunes de France. Elle entendait s'opposer aux syndicats rouges répondant aux ordres de l’étranger. D’un point de vue religieux ou même culturel, le jaune est une couleur méprisable, car il symbolise les pièces que Judas a acceptées après avoir trahi Jésus. Le jaune renvoie également aux flammes de l’enfer éternel ou à la couleur des pommes du jardin des Hespérides qui sont au commencement de la guerre de Troie…
Ces précisions rappelées, j’écris sans détour que je saisis parfaitement la détresse humaine exprimée par ces Français de la France d’en bas ou de cette France périphérique (1), dont les médias et les politiques parlent si peu. Effectivement, quand les premiers les évoquent, dans une large mesure, il ne s’agit pas de proposer des analyses pertinentes mais plutôt de vendre du papier et des espaces publicitaires télévisés pour promouvoir du Coca-Cola (2). Quand les seconds les mentionnent, inutile de se poser des questions : des élections se dressent à l’horizon. Et là, nous les voyons au marché, sourire aux lèvres, clins d'œil malicieux, le tout en serrant les mains de ceux qu’ils méprisent le reste du temps.
Je suis du peuple et je n’ai jamais prétendu le contraire. Je ne veux ni ne désire aucun titre de noblesse. Je ne ressens pas l’envie de revendiquer une épithète que je ne mérite guère.Jamais, je ne quémanderai mon rattachement au peuple car j’en suis. Je comprends parfaitement le dessein des bonimenteurs désirant ardemment se couvrir du titre respecté de défenseur du peuple. Toutefois, j’ai toujours trouvé ridicule que certaines personnes non issues de nos rangs aspirent à parler en notre nom. C’est ainsi depuis bien trop longtemps. Cela doit cesser ! Mon père était un ouvrier, ma mère femme au foyer. Elle préférait m’élever que d’occuper un emploi aliénant. Ceux qui me connaissent et suivent mes travaux savent pertinemment que je défends la France et ses intérêts vitaux.
Il convient donc de protéger tous les Français. Certains de nos compatriotes, les plus faibles, ont rappelé aux dominants - la classe médiatico-politique - que la démocratie en France naquît de cette volonté de contrôler le prélèvement et l’usage des impôts par l’Etat royal, tout en marquant une volonté farouche de refuser les taxations jugées arbitraires. Cela renvoie à l’exemple récent des Bonnets Rouges (3), dont je reparlerai. Les Gilets Jaunes soulèvent, entre autres, la question du consentement structurel ou conjoncturel des électeurs à l’endroit des élus. L’économie politique nous apprend que l’origine de la chute de la royauté en France relève d’un sujet fiscal et non d’un problème politique. Permettez-moi une incise, Al Capone, personnage emblématique du crime organisé dans les Etats-Unis de la Prohibition,n’est pas tombé pour meurtres ou pour coups et blessures. Il fut inculpé pour fraude fiscale à dix-sept années de prison dont onze ans ferme.
Je n’entrerai pas dans des considérations économiques poussées. Cette taxe sur le diesel est profondément injuste et inefficace, à la fois sur le plan écologique mais également au niveau comptable, contrairement à ce que laisse entendre le gouvernement. Il me paraît évident que prélever à chaque Français le même pourcentage sur des produits de consommation grand public et de la vie de tous les jours, dont il est pour le moment difficile de se passer, sans tenir compte du revenu et de la situation - notamment en milieu rural - de ceux qui les utilisent constitue pour moi une véritable escroquerie.
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dimanche, 10 juin 2018
Un entretien entre Franck Abed et Michel Janva du "Salon beige"
Source cliquez ici
Franck Abed : Vous êtes l’un des directeurs de publication du Salon Beige. Certains personnes ont du mal à saisir la ligne éditoriale du SB, même si dans la bannière il est écrit : « blog quotidien d’actualité par des laïcs catholiques ». Pourriez-vous présenter les objectifs du SB et sa ligne éditoriale ?
Michel Janva : En fait le directeur de la publication du Salon beige est Guillaume de Thieulloy. Je n’en suis que le rédacteur principal.
Le Salon beige est un blog d’actualités, tenu à jour quotidiennement. Notre ligne éditoriale est celle de la Doctrine sociale de l’Eglise. Ou encore, « in necessariis unitas, in dubbiis libertas, in omnibus caritas ». Dans le nécessaire : unité, dans le doute : liberté, en tout : charité. Il y a les principes non négociables, sur lesquels il n’y a pas à transiger et puis ce qui est par nature contingent, toujours soumis au bien commun.
Nous proposons à nos lecteurs une revue d’actualité, sur des sujets qui intéressent notre famille de pensée, débarrassée des scories du politiquement correct. Ce n’est donc pas un blog d’actualités religieuses, même si nous évoquons bien évidemment l’actualité de l’Eglise. Le Salon beige n’a pas non plus pour vocation de concurrencer les médias professionnels, mais d’apporter un contre-point, une réaction rapide, quasiment immédiate, au traitement de l’actualité par ces derniers sur les sujets qui nous sont chers. Il n’a pas vocation à être exhaustif. Au lecteur ensuite de creuser plus avant par des ouvrages ou des revues.
F.A : Depuis quelques temps des concepts tels que réinfosphère, réinformation, médias alternatifs ont vu le jour. Comment définiriez-vous ces termes ? Le Salon Beige se reconnaît-il dans cette mouvance ?
M.J : Oui, le Salon beige se reconnait dans cette mouvance, dont il est un précurseur depuis sa création en 2004. Ce que nous appelons aussi des contre-médias sont destinés à contrebalancer, avec de très petits moyens, les puissances médiatiques qui font la pluie et le beau temps. Il s’agit de donner rapidement aux lecteurs des armes pour contrebalancer l’influence souvent nihiliste de la presse mainstream. Et cela porte ses fruits puisque l’essentiel des journaux subventionnés a désormais pris en compte cette donnée.
F.A : Pensez-vous qu’internet est un réel espace de liberté ? Ou est-ce simplement une soupape de sécurité mise à disposition par les gouvernements, pour donner l’illusion aux peuples qu’ils peuvent s’exprimer librement ?
M.J : Internet n’est qu’un outil et tout dépend de ce que l’on en fait. Cela peut devenir un entre-soi coupé du monde, une drogue, un défouloir, du voyeurisme… Mais cela peut aussi être un outil d’information utile, par lequel l’internaute n’est plus le spectateur passif subissant des journaux télévisés qui semblent clonés d’une chaîne à l’autre, mais un acteur choisissant les sources d’informations qu’il veut consulter. Je recommande d’ailleurs aux lecteurs de ne jamais se contenter d’une source unique d’informations. Sachant par ailleurs qu’internet est une ressource documentaire exceptionnelle, il est désormais possible, à qui veut bien se donner la peine de chercher un peu, de naviguer, y compris sur des sites en langues étrangères, pour vérifier des informations, contre-balancer des analyses, des faits, des points de vue….
F.A : Dans l’absolu, pensez-vous qu’internet exerce une réelle influence sur la vie politique française ? Ou au contraire son impact se révèle extrêmement limité ?
M.J : Internet est l’une des armes qui permet d’influencer la vie politique française. Mais ce n’est pas la seule et il convient de ne pas négliger les différents outils à notre portée, à savoir le militantisme traditionnel par le contact humain, les manifestations, le vote, l’engagement partisan, la création de réseaux locaux… Internet seul ne changera pas la vie politique française… Mais l’une des nouveautés d’internet, depuis une quinzaine d’années, c’est de médiatiser des personnes, des évènements, des actions auparavant ignorées des grands médias. Prenons l’exemple de la Marche pour la vie : totalement ignoré des médias, c’est aujourd’hui un évènement dont on parle, même si l’on peut estimer, à juste titre, que c’est encore insuffisant. Nous l’avons vu également lors des Manifs Pour Tous : en relayant sur le Salon beige des initiatives locales, nous avons suscité par mimétisme les mêmes initiatives ailleurs (manifestations devant les mairies, veilleurs, sentinelles…) et créé un effet boule neige. C’est également le cas actuellement avec les créations d’écoles libres, qui semblent inquiéter le gouvernement. Leur publicité ne se fait quasiment que par internet.
Comment quantifier l’impact d’internet ? Il suffit de constater l’existence d’une proposition de loi destinée à censurer les « fausses nouvelles »… Si Internet n’avait qu’un impact extrêmement limité, cette proposition de loi ne serait pas en cours de discussion…
F.A : Depuis plusieurs décennies, le Vatican, par la voix successive des Papes, a exprimé l’idée que les catholiques doivent s’engager en politique. Cependant, cet engagement ou ce soutien doivent reposer à minima sur le respect et la défense des « trois points non négociables » (respect de la vie de sa conception naturelle jusqu’à sa fin, la liberté scolaire, la famille est composée d’un homme, d’une femme et de leurs enfants). Or, on s’aperçoit, si on s’en tient aux statistiques officielles et à l’étude des organes catholiques (presse, radios, associations, partis politiques, sites, blogs, etc.), que les catholiques, dans leur très grande majorité, votent à « droite ». Que ce soit à l’élection présidentielle ou plus récemment (Fillon, Marine, Wauquiez, Dupont-Aignan), aucun parti dit de droite, ou personnalité dite de droite ne défend ces fameux « trois points non négociables ». Pourquoi les catholiques n’obéissent pas aux Papes ?
M.J : D’abord parce que je ne vois pas comment un catholique pourrait voter à gauche alors que la gauche propose systématiquement d’aggraver ce qui relève des ces 3 principes non négociables. Par ailleurs, si l’on attend un candidat authentique sur ces sujets, je crains que l’on ne doive rester chez soi et attendre bien longtemps…
Surtout, il faut distinguer l’engagement en politique, du vote. Le vote n’est pas l’alpha et l’omega de l’action politique. C’est un outil que l’on peut utiliser de diverses façons, selon les circonstances du moment et la nature de l’élection : écarter un candidat nuisible en votant pour son adversaire, encourager un candidat qui pourrait améliorer le bien commun, faire passer des idées…
S’engager en politique, ce n’est pas selon moi se cantonner à glisser un bulletin dans l’urne lors des échéances électorales. C’est par exemple se présenter aux élections et cela nécessite un courage certain. Je crois que les Papes se désolent que, bien souvent, les catholiques désertent l’engagement politique, qui est la plus haute forme de la charité comme le disait Pie XII. Il faut saluer les catholiques qui sacrifient, qui une carrière, qui une vie de famille, pour servir leur pays. Et c’est dans cet engagement qu’un catholique doit rester ferme dans ses principes.
F.A : Que pensez-vous des déclarations de François au sujet de l’immigration, notamment de ses propos sur le devoir d’accueil des Européens envers les migrants et autres clandestins ?
M.J : Sur l’immigration, beaucoup de choses diverses et variées ont été dites par les Papes, y compris que l’immigration est d’abord un mal pour le pays que le migrant quitte… Concernant le Pape François, il a également déclaré à plusieurs reprises (notamment en novembre 2016 puis en septembre 2017) que les gouvernants doivent user de prudence sur la politique d’immigration. La prudence est la vertu politique par excellence. Le Pape François se serait-il donc contredit ? La politique d’immigration demeure toujours soumise au bien commun du pays d’accueil. Et c’est aux laïcs qu’il revient d’assumer cet ordre temporel comme leur tâche propre. Sur le point précis de l’accueil des immigrés, il faut remarquer que l’ouverture idéologique des frontières européennes n’a certainement pas amélioré la qualité de l’accueil des immigrés. Donner des papiers pour régulariser des clandestins ne peut pas être l’alpha et l’omega d’une politique d’immigration…
Le Salon beige cliquez là
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mercredi, 23 novembre 2016
Jacques Sapir interrogé sur l'actualité par Franck Abed
Jacques Sapir, économiste, opposant au mondialisme
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mercredi, 13 juillet 2016
Une entretien de Franck Abed avec Bruno Mégret
Franck ABED : Bonjour. Pourriez-vous prendre la peine de vous présenter en quelques mots pour ceux qui croient vous connaître et pour ceux qui ne vous connaissent pas encore ?
Bruno MEGRET : Oui, en effet, ce n’est peut-être pas inutile. Dans la mesure où j’ai mené activement le combat politique contre le politiquement correct, les médias officiels m’ont toujours présenté très différemment de ce que je suis en réalité. À vrai dire je suis un Français qui aime son pays, un Européen conscient de la grandeur de la civilisation qui est la sienne et je me suis engagé totalement pendant près de trente ans pour défendre l’un et l’autre.
J’ai commencé assez tôt en politique, d’abord au RPR où j’ai très vite compris que sa soumission à l’idéologie de gauche l’empêcherait de réaliser quoi que ce soit de positif pour notre pays. J’ai ensuite créé les Comités d’action républicaine dans les années 80 avec l’objectif de renouveler la vie politique. Puis j’ai rejoint le Front national dont je suis devenu le numéro deux et que je me suis efforcé de transformer en une grande force politique capable de gouverner et de rénover notre nation. Je me suis alors heurté à Jean-Marie Le Pen qui ne voulait pas réellement arriver au pouvoir. Fidèle à mon objectif de toujours, j’ai dès lors créé le Mouvement national républicain avec la grande majorité des cadres du FN qui m’avaient suivi. Mais dans cette tentative de construire une grande force politique de droite capable de gouverner, le système a préféré Le Pen et a tout fait pour m’écarter. En 2008, ayant constaté que je ne pouvais plus rien faire d’utile, j’ai décidé de me retirer de la vie politique et j’ai repris mon activité d’ingénieur général des Ponts et Chaussées. Je reste pour autant très attentif à la situation politique de mon pays et j’enrage de le voir s’enfoncer toujours un peu plus dans un déclin qui paraît aujourd’hui insurmontable.
Vous êtes maintenant retiré de la vie politique française depuis de nombreuses années. L’écriture et la publication d’un livre politique évoquant la droite nationale et les élections présidentielles de 2017 peuvent-elles être considérées comme un retour officiel ou déguisé ?
Non, il ne s’agit pas pour moi d’un retour dans la politique active. Pour que je puisse m’engager à nouveau sur le devant de la scène publique, il faudrait que soient réunies les conditions me permettant d’être utile à mon pays. Malheureusement, la situation semble aujourd’hui bloquée. La classe politique, soumise à l’idéologie officielle, se révèle néfaste pour la France. Quant au FN, qui se présente comme la seule possibilité de recours, il s’enferme dans le cénacle étroit de ses affidés et ne construit pas le grand rassemblement sans lequel il ne pourra pas gouverner demain notre pays. De plus tout est verrouillé par des médias qui mènent le jeu au seul bénéfice de l’idéologie officielle. Rien cependant n’est joué car le politique est le domaine de l’imprévisible et du surprenant. Une configuration nouvelle pourrait se présenter demain qui rende possible un renouveau de la France. Ce jour-là, je serais présent.
Vous avez donc commis le Temps du Phénix (éditions Cité Liberté), un roman d’anticipation politique qui raconte la victoire à la prochaine présidentielle d’un candidat issu des rangs de la droite nationale… Faut-il y voir une utopie ? Une prévision ? Un souhait ?
Rien de tout cela : c’est une démonstration. La démonstration que tout demeure possible pour la France et pour l’Europe. Je rencontre souvent des gens qui me disent : » Mais de toute façon tout est perdu, car même si vous ou l’un de vos amis arrivait au pouvoir, il ne pourrait rien faire face au système qui verrouille tout. » Je pense que c’est faux et je voulais le montrer en mettant en scène un président de nos idées élu en 2017 et en faisant le récit mois après mois de la manière dont il s’y prend pour réaliser son programme malgré tous les obstacles qui se dressent devant lui.
Et l’exercice me paraissait à la fois utile et nécessaire car il est vrai que dans le cadre actuel un président issu de la droite nationale serait entièrement paralysé et ne pourrait rien faire d’autre que de prendre, comme les dirigeants du système, des mesures homéopathiques ou symboliques sans doute plus sympathiques que celles qui sont prises aujourd’hui mais guère plus efficaces. Pour pouvoir redresser le pays, il faudrait d’abord qu’il s’en donne les moyens et qu’il entreprenne avant toute chose de faire sauter les verrous qui paralysent le gouvernement. Comme le dit le président héros du Temps du phénix, il faut d’abord rendre du pouvoir au pouvoir en neutralisant le Conseil constitutionnel, la Commission de Bruxelles et en remettant au pas les contre-pouvoirs médiatique, judiciaire et syndical.
Votre ouvrage ne traite pas de la prise du pouvoir mais de l’exercice du pouvoir. Toutefois, le préalable requis pour diriger un pays reste bien évidemment la conquête de l’Etat. En effet, depuis de nombreuses années il existe un nombre d’idées et de programmes (plus ou moins sérieux et/ou applicables) qui émanent de l’ensemble du camp national. Pourtant rares sont les personnalités ou les acteurs de ce mouvement qui ont écrit sur la prise du pouvoir. N’eût-il pas été préférable d’écrire un livre sur le comment prendre le pouvoir plutôt que sur le pourquoi ?
Je partage votre point de vue. Il paraît actuellement beaucoup d’ouvrages sur les programmes et les idées qu’il faudrait mettre en œuvre pour redresser notre pays. Il y en a d’ailleurs encore plus sur la critique de ce qui ne va pas en France. Mais il y en a très peu, voire pas du tout, sur la manière de mettre ses idées en œuvre. Cela est d’ailleurs très caractéristique des périodes de décadence. Car, lorsque le déclin menace, le plus difficile n’est pas de savoir ce qu’il faut faire mais de le faire. C’est pourquoi j’ai voulu écrire le Temps du phénix afin de montrer comment les idées qui sont les nôtres pourraient être mises en œuvre avec efficacité et rapidité pour peu que le président concerné s’en donne les moyens.
Il est vrai cependant que je n’ai pas écrit sur la manière de prendre le pouvoir. Je considère sur ce plan que mon action politique dans les années passées, avec la prise de Vitrolles notamment, en est une illustration plus parlante que la rédaction d’un livre par essence théorique. Ecrire un ouvrage sur ce sujet serait d’ailleurs hasardeux car la réalité ne se met pas en boîte. Il n’y a pas de recette miracle pour prendre le pouvoir et les meilleures solutions ne permettent pas forcément d’obtenir le résultat recherché car l’intelligence et la volonté ne suffisent pas toujours à remporter un combat lorsqu’il est totalement inégal comme c’est le cas actuellement.
Stefan ZWEIG, dans son ouvrage consacré à Joseph FOUCHE, écrit que l’exil, qu’il soit politique, religieux ou philosophique, est une puissance créatrice extraordinaire. Il appuie son argumentation en prenant comme exemple les fondateurs des grandes religions qui ont tous connu un exil plus ou moins long… Partagez-vous et comprenez-vous cette idée ?
À vrai dire, je n’ai pas le projet de fonder une nouvelle religion (sourire). Mais pour répondre plus sérieusement à votre question, je dirais que cette observation est sans doute très pertinente pour les penseurs ou les hommes de lettres, je pense par exemple à Victor Hugo ou à Chateaubriand. L’exil offre en effet une distance qui peut permettre, avec le recul et la tranquillité, de développer sa pensée avec plus d’acuité. Par ailleurs, il va de pair avec une frustration qui, comme beaucoup de sentiments violents, peut se révéler féconde et productive.
Pour les hommes politiques, il en va cependant autrement car ils dépendent entièrement de l’évolution de la nation dont ils sont éloignés, laquelle peut les placer en situation de recours ou les conduire à l’oubli
Au cours de toutes ces années d’exil, l’envie de redescendre dans l’arène politique pour promouvoir et défendre vos idées vous a-t-elle tenté ? Et d’ailleurs le président héros de votre ouvrage n’est-ce pas vous ?
Je reste toujours passionné par l’engagement politique et, comme je vous l’ai dit, je serais prêt à servir à nouveau mon pays si les circonstances s’y prêtaient. Quant au président du Temps du phénix, je ne vois pas de personnalités de la scène politique actuelle susceptibles d’être élues en 2017 qui lui ressemble. Mais il ne s’agit pas de moi pour autant, même si en tant qu’auteur je n’ai sans doute pas pu m’empêcher de me projeter un peu dans la peau de ce personnage dont la France a tant besoin.
A l’heure d’internet, des réseaux sociaux, de la vidéo, de l’instantané, le livre est-il encore un bon outil pour transmettre et partager des idées ?
L’Internet est un outil bénéfique qui permet de contourner les médias officiels. Il offre un vaste espace de liberté qui donne accès à des millions de gens. Je ne pense pas cependant que l’usage de la toile puisse se substituer aux livres. Internet conduit en effet à privilégier l’instantané et exige souvent de faire court et simple. Rien ne remplacera à cet égard un livre dans lequel l’auteur développe sa pensée. Une pensée que le lecteur a le loisir de découvrir dans toute sa subtilité et sa profondeur. Pour autant, le livre et l’Internet ne sont pas incompatibles. On peut écrire un ouvrage et en assurer ensuite la promotion à travers Internet et les réseaux sociaux. N’est-ce pas d’ailleurs ce que nous faisons ensemble en ce moment à propos du Temps du phénix ?
Source cliquez ici
Bruno Mégret, Le Temps du phénix, 328 pages, 20 euros, Editions Cité Liberté (78, rue de Malnoue, 93160 Noisy-le-Grand). www.le-temps-du-phenix.fr
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samedi, 18 juin 2016
Un entretien entre Franck Abed et Francis Bergeron sur Léon Degrelle
Franck ABED : Bonjour. Pourriez-vous prendre la peine de vous présenter en quelques mots pour ceux qui croient vous connaître et pour ceux qui ne vous connaissent pas encore ?
Francis BERGERON : Adolescent, j’ai milité dans quelques groupuscules anticommunistes, à une époque où le philocommunisme était la chose la mieux partagée du monde, alors même qu’au Vietnam, au Cambodge, au Laos, au Mozambique, en Angola, en Afghanistan, la poussée bolchevique semblait irrésistible. Cela m’a conduit ensuite à des engagements plus « musclés, avec à la clé les geôles soviétiques, et la guerre au Liban. Mais c’était il y a longtemps… Aujourd’hui j’écris des livres. Et sur le plan professionnel je participe à la direction d’un groupe international.
Pour quelles raisons avez-vous décidé d’écrire une biographie sur Léon DEGRELLE ?
J’ai écrit une biographie de Hergé et un essai sur la géopolitique dans l’oeuvre de Hergé. Or Hergé, dans sa jeunesse, a été très lié à Léon Degrelle. Cette amitié, et l’idée que Degrelle ait pu servir de modèle au personnage de Tintin m’ont donné envie de me plonger dans la vie de cet homme politique belge.
Comment définiriez-vous la doctrine défendue par Léon DEGRELLE ? Comprenez-vous qu’on puisse la classer à gauche ?
Il y a plusieurs rexismes. Le rexisme d’origine se situe plutôt du côté de Maurras et des catholiques sociaux. Degrelle éprouve une profonde admiration pour l’Action française, et en particulier pour Léon Daudet. Par la suite, il va s’éloigner de la hiérarchie catholique ; et l’organisation qu’il a créée va ressembler de plus en plus à ces groupes fascistes que l’on trouve à l’époque, dans la plupart des pays européens. A partir de 1937, une partie des militants catholiques s’éloignent de REX, tandis que ce parti attire d’anciens communistes, et va ressembler un peu au PPF de Doriot. Il y a comme toujours, dans les partis de ce type, un mélange de nationalisme et de socialisme, à des degrés divers. Mais REX, c’est vrai, fait partie des rares mouvements fascistes imprégnés de christianisme. On pense à la Garde de Fer roumaine ou à la Milice de Darnand. Alors qu’en règle générale, les ligues fascisantes ou authentiquement fascistes développaient une idéologie plutôt matérialiste et en tout cas antichrétienne.
Mais ce qui est intéressant dans le rexisme, ce qui lui est propre, c’est cette aspiration à la grandeur, à la croisade, à la construction d’une « grande Bourgogne », sorte d’empire wallon renouant avec un passé très lointain. Venant d’un si petit pays, cette incongruité est assez fascinante. La toute petite ville de Bouillon, dans les Ardennes belges, est la ville de Godefroy de Bouillon et de Léon Degrelle. Ces deux soldats se ressemblent, au fond. L’appétence pour un destin hors du commun, venue de là où on ne l’attend pas du tout.
Léon DEGRELLE a soutenu le nazisme. Toutefois il se considérait comme catholique. Or le nazisme, en tant qu’idéologie et doctrine, a clairement été condamné – à l’instar du communisme et du libéralisme – par Notre Sainte Mère l’Eglise avec l’encyclique Mit brennender Sorge de Pie XI.
Comment expliquez-vous cette incohérence philosophique et intellectuelle manifeste (incohérence qui persiste encore dans certains cénacles nationaux) ?
Oui c’est exact, il y a incompatibilité. Je ne connais pas les milieux nationaux qui, aujourd’hui, tenteraient ce grand écart idéologique. Je n’ai jamais rencontré d’adeptes du nazisme et encore moins d’adeptes d’un syncrétisme entre le catholicisme et le nazisme. Ce que l’on sait aujourd’hui du nazisme et aussi l’échec politique et militaire engendré par ce totalitarisme, la ruine de l’Europe, et son affaiblissement durable, générés par la seconde guerre mondiale, ne prêtent guère à séduction.
Avant la guerre, il pouvait bien évidemment en être autrement : Robert Brasillach est ébloui par les cathédrales de lumière de Nuremberg. Alphonse de Chateaubriant voit en Hitler une figure quasiment christique. Léon Degrelle fait partie de ceux qu’impressionne le culte du chef, en Allemagne, cet ordre nouveau qui s’y construit, la fierté retrouvée de tout un peuple, face à la menace soviétique. C’est cela qui le séduit chez les tenants d nazisme avant tout. Mais Degrelle n’est guère théoricien. L’allure, les uniformes, l’effort collectif, la croisade héroïque, voilà qui lui parle sans doute beaucoup plus que toutes les théories racialistes ou impérialistes. Mais il est vrai que, pendant la guerre, il proclamera la germanité des Wallons, sans doute dans l’espoir que soit donnée à la Belgique, dans l’Europe nouvelle qu’il croit voir se dessiner, une place significative.
Quels furent les atouts et les qualités de DEGRELLE pour devenir une personnalité politique qui compte dans la Belgique d’entre deux guerres ?
Les atouts de Degrelle tiennent à sa personnalité, à commencer par cet optimisme à tous crins, par ce culot incommensurable. C’est un homme qui ne doute jamais. Son courage physique, et aussi sa résistance physique sont exceptionnels. Par ailleurs il va se révéler excellent journaliste, et orateur très puissant. Son charisme est impressionnant. Et puis, comme il aimait à le dire, « la chance m’aime bien ». Même si le bilan, au final, est celui d’un terrible échec, Degrelle a vécu quinze années assez fabuleuses, et il a su ensuite les raconter et les magnifier, contribuant à créer ce mythe formidable.
Beaucoup de choses sont dites et écrites au sujet des rapports entre Léon DEGRELLE et HERGE. Qu’en fut-il réellement ?
Les deux hommes se sont connus très jeunes, à vingt ans, en travaillant dans le même journal catholique bruxellois, le XXe Siècle. Ils étaient très liés, et Hergé n’a jamais renié cette amitié, malgré la divergence des destins. D’ailleurs l’une des caractéristiques d’Hergé, c’est sa fidélité en amitié. Il suffit de penser à l’histoire de ses relations avec son ami chinois Tchang.
Longtemps après la création de TINTIN, DEGRELLE a souvent dit et écrit qu’il en avait été le modèle. Qu’en pensez-vous ?
Ce n’est pas complètement faux. Hergé, « voyageur immobile » trouvait son inspiration autour de lui. Et cet ami et collègue de bureau, du même âge que lui, partant au Mexique chez les Christeros, puis en Amérique du Nord, pouvait constituer une sorte de modèle vivant au moment où Hergé commence à imaginer son héros, jeune homme de son temps, reporter et aventurier. Il y donc certainement un peu de Degrelle chez Tintin. mais on sait aussi qu’Hergé s’est inspiré de son frère Paul. Et puis comme Flaubert et madame Bovary, « Tintin, c’est moi », a-t-il souvent expliqué. Titntin, c‘est Hergé, un jeune homme fidèle à sa promesse scoute, ayant pour vocation de défendre la veuve et l’orphelin.
Existe-t-il des mouvements et/ou des personnalités politiques actuels en Belgique ou ailleurs qui se revendiquent de DEGRELLE et du Rexisme ?
Il doit y en avoir, mais je n’en ai pas rencontré. Alors que j’ai connu des adeptes du VERDINASO de Joris Van Severen, l’équivalent flamand de Degrelle, assassiné en 1940 à Abbeville. J’ai cru comprendre, en lisant Robert Poulet ou Pol Vandromme, que Degrelle n’a pas laissé que de bons souvenirs, en Belgique, aussi bien chez ses opposants que chez ceux qu’il a entrainés dans une aventure qui s’est révélée sans issue. La fin du rexisme ressemble à la fin de notre Milice : une sorte de guerre civile où il ne fait pas bon être dans le camp des perdants. D’abord parce que l’Histoire est écrite par les vainqueurs. Ensuite parce que l’épuration belge sera affreusement sévère, plus épouvantable encore que l’épuration française. Cela a laissé de terribles séquelles, meurtri des familles, des générations de Belges. Et qu’on le veuille ou non, Degrelle a sa part de responsabilités.
Finalement si DEGRELLE est toujours autant apprécié en France, cela ne tient-il pas au fait qu’il incarne le perdant magnifique haut en couleurs comme notre pays les aime tant ?
Oui, il y a de cela, certainement. Mais surtout Degrelle a été le metteur en scène de sa propre gloire. Dans des livres remarquables : La Guerre en prison, La Campagne de Russie, La Cohue de 1940, il raconte le fascinant destin d’un jeune Belge qui se retrouve directeur de journaux à vingt ans, grand reporter, chef d’un important parti politique à trente, et combattant héroïque sur le Front de l’Est. Quinze années intenses où cet homme est allé jusqu’au bout de ses engagements, et a miraculeusement survécu. Degrelle ? Quel phénomène !
Qui suis-je ? Léon Degrelle, par Francis Bergeron, éditions Pardès, 120 pages, 12 €
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dimanche, 13 mars 2016
Un entretien entre Franck Abed et Emmanuel Albach sur le livre "Beyrouth 1976 des Français aux côtés des Phalangistes"
Au milieu des années 70 une guerre terrible éclata au Liban. Celle-ci opposait les diverses milices musulmanes aux Phalanges chrétiennes alors dirigées par Béchir Gemayel. Elle ensanglantera le pays du Cèdre pendant de nombreuses années. Aujourd’hui encore le Liban garde les séquelles de ce terrible conflit.
A Paris, un groupe d’étudiants est scandalisé par la lâcheté du gouvernement giscardien qui refuse d’intervenir pour soutenir les chrétiens menacés. Ils décident de sauver l’honneur de la France et partent se battre, les armes à la main, à Beyrouth. L’un d’entre eux, Stéphane ZANETTACI n’en reviendra jamais. A ce sujet, je vous conseille d’écouter la chanson « Occident en avant ».
Emmanuel ALBACH fut l’un des deux premiers Français à se rendre sur les champs de batailles libanais. Après avoir lu son livre passionnant et intéressant, j’ai voulu en savoir plus. Voilà la raison de cet entretien qui j’espère en réveillera certains…
Franck ABED
Franck ABED : Bonjour. Pourriez-vous prendre la peine de vous présenter en quelques mots ?
Emmanuel ALBACH : Je suis un ancien militant des Groupes Action Jeunesse et le fils d’un ancien membre de l’OAS. Dans la famille on a le sens du devoir, et l’on est prêt à se battre pour la patrie et pour l’honneur du drapeau, même quand on ne nous l’a pas demandé. J’ai fait aussi les langues’ 0 (arabe littéral et parler du machrek) et ai été journaliste pendant quinze ans, dès mon retour du Liban. Aujourd’hui je fais tout autre chose, mais je suis obligé de me montrer discret par égard à l’entreprise qui m’emploie.
Pour quelles raisons vouloir publier votre expérience au Liban plus de trois décennies après les faits, alors que l’ouvrage avait été écrit dès votre retour en France à la fin des années 70 ?
J’ai toujours eu un carnet et un stylo en poche, et j’avais pris des notes, au fil des jours. Rien d’un journal, mais suffisamment pour me permettre de construire un ensemble presque cohérent dès 1977-78. Et puis j’ai laissé dormir ce texte avant de le mettre une première fois en forme à la fin des années 90, mais ce n’était pas très achevé. Je l’ai soumis à un ou deux copains éditeurs, le temps de me faire pirater pas mal de choses par un imposteur dont je tairai le nom mais que vous reconnaîtrez probablement. Je l’écrase de mon mépris. Puis je suis parti vivre à l’étranger. En 2011, quand la guerre a éclaté en Syrie, j’ai assez vite compris ce qui se dessinait et ce qui menaçait les chrétiens là-bas. Malheureusement ceux-là, au contraire des chrétiens du Liban, n’ont pas de tradition de résistance armée. Ils sont livrés depuis des siècles au bon vouloir des musulmans locaux. Bref, j’ai compris alors qu’il était vraiment temps de témoigner et que je trouve un éditeur. Mais tous avaient peur de se faire taxer d’islamophobie. Roland Hélie (Synthèse Nationale) ne s’en soucie guère, lui ! C’est comme moi, un vieux militant !
Avec le recul, regrettez-vous votre engagement ? Si c’était à refaire, le referiez-vous ?
Aucun regret ! Et je suis prêt à y retourner ! Je crois d’ailleurs que cette fois je serais plus efficace qu’en 1976…
Vous êtes partis de France pour aider des Jeunes Chrétiens dans leur combat. Le christianisme était-il un élément fondamental de votre vie au moment où vous avez fait ce choix important ?
Emmanuel ALBACH : Honnêtement, même si je suis d’une famille catholique et pratiquante, en 1976 j’étais issu d’une mouvance nationaliste-révolutionnaire où l’on ne faisait pas grand cas de ce christianisme gnangnan ou marxisant que l’on nous infligeait depuis Vatican II. Ma motivation était, en quelque sorte, de sauver l’honneur de la France qui faillait à son devoir en ne se portant pas au secours des chrétiens du Liban. C’était une tache de plus sur le drapeau dont je ne voulais pas. Cela dit, une fois là-bas j’ai rencontré des chrétiens de combat (c’est le cas de le dire) animés d’une foi magnifique et communicative. Grâce à eux, j’ai retrouvé le Christ et je ne l’ai plus quitté.
D’une manière plus générale, comment expliquez-vous le peu de virilité qui frappe la jeunesse catholique de France ?
Le sang des Français est un sang magnifique. J’ai pleinement confiance qu’il peut à tout moment révéler sa force et son courage. Il suffit simplement de dire bien fort : « Les gars, les filles, le courage est à la mode ! Risquer son sang pour le Christ et pour la France, quoi de plus exaltant ? Quoi de plus chrétien ?» Faites leur entonner le chant des Chouans : « Les bleus sont là, le canon gronde… ». Nous le chantions la nuit, pour nous donner du courage. Ditesleur, à ces jeunes catholiques, que défendre l’honneur du Christ donne le droit imprescriptible de se battre, et que se préparer à combattre est légitime, et même un devoir chrétien quand il s’agit de sa foi et de son pays. On ne donne à ses malheureux catholiques, pour seul idéal, que les ONG et la « gloire » de faire la bonniche en Afrique dans les programmes d’aide de l’ONU…On ferait mieux de leur parler de Godefroy de Bouillon, ou des Cristeros, ce serait plus d’actualité !
S’il n’y avait qu’un seul enseignement à tirer de votre expérience libanaise, quel serait-il ?
N’attendez pas que l’on vous donne l’ordre ou une autorisation officielle ! N’ayez pas peur que l’on vous taxe d’extrémisme ! Quand ils font cela, ils vous disent seulement que vous dérangez leur ordre établi, qui n’est qu’un chaos moral. Le Christ aime ceux qui sont prêts à tout risquer pour lui : le confort, la vie tranquille de shopping, de vacances, de ciné, de soirées-télé, et parfois aussi la vie…
Comprenez-vous aujourd’hui le désir de certains jeunes de vouloir faire la guerre ? Ne sont-ils pas leurrés par une vision trop romanesque de l’activité guerrière ?
La France est une vieille nation guerrière qui s’est couverte de gloire en maintes occasions. Si elle n’avait pas su faire souvent la guerre, elle n’existerait plus depuis longtemps. Les nations aussi peuvent mourir, vous savez? Un jour, à Jérusalem, le rédacteur en chef d’un grand quotidien israélien me demandait, à mon avis, pendant combien d’années ils allaient devoir se battre avant de se faire accepter dans la région. J’ai éclaté de rire ! « Mille ans, lui ai-je dit ! Au moins ! Nous, en France, nous nous battons contre nos voisins depuis bien plus longtemps que cela. Alors vous… » Les seules nations qui échappent à l’esclavage, à la soumission, sont celles qui se battent : « Il n’y a pas de liberté pour celui qui refuse de combattre. » Donc, il faut se battre, et il faut rendre à nos jeunes le goût de se battre pour rejeter la soumission. Et puis, ils vont avoir à le faire, c’est inéluctable. Cela dit, si vous faisiez allusion aux jeunes qui veulent s’engager en Syrie, moi je suis en l’occurrence très réservé. Je ne fais pas crédit de grand-chose aux Kurdes. Et je me garderai bien de dépendre d’eux. Mais évidemment les chrétiens de Syrie n’ont guère le choix. Au Liban, même si le danger était probablement plus grand, au moins nous savions aux côtés de qui nous combattions.
Suite aux invasions migratoires qui se déroulent en Europe, comment voyez-vous l’avenir de notre continent ?
Je l’ai indiqué ci-dessus : il faut se préparer au combat. Les Européens vivent dans le culte de l’immobilier, mais leur immobilier ne vaudra plus grand-chose quand eux et leurs enfants seront égorgés, et leurs filles violées. Cela vous paraît exagéré ? Voyez comment à Oran, en juillet 1962, les gentils voisins musulmans avec lesquels on cohabitait pacifiquement depuis des générations, ont débarqué soudain chez les chrétiens pour se saisir des appartements, des maisons, et des commerces, tandis que le FLN égorgeant à qui mieux-mieux, et enlevait des centaines de femmes et jeunes filles. Et demandez aux Libanais : ils savent bien eux, qu’il n’y a pas d’exemple dans toute l’Histoire de cohabitation pacifique, durable, avec les musulmans (et que l’on ne me ressorte pas l’épisode mythique des royaumes arabes d’Espagne : les chrétiens y étaient régulièrement persécutés !) Si vous voulez vivre avec eux, il faudra vous habituez à vivre l’arme à portée de main. En vous montrant aussi chatouilleux que les musulmans sur votre honneur et sur le respect qui vous est dû, alors vous pourrez vivre comme des chrétiens du Liban, et être en guerre « civile » tous les cinquante ans. Sinon, vous finirez en dhimmi. Ou alors il faut se libérer pour de bon…
Quel sera le mot de la fin ?
Je suis heureux d’avoir mérité la Médaille du Combattant Kataëb que m’a remise (ainsi qu’à mes camarades), Sammy Gemayel en août 2014 à Bickfaya, et je serai fier de la laisser à mes enfants. Elle vaut à mes yeux mille, cent mille de cette Légion d’honneur galvaudée qu’on jette en pluie sur la caste politico-médiatique. « Et comme les honneurs foisonnent quand l’honneur manque ! » rappelait Flaubert.
Propos recueillis par Franck Abed le 9 mars 2016
Les entretiens de Franck Abed cliquez ici
Beyrouth 1976 des Français aux côtés des Phalangistes, Emmanuel Albach, Les Bouquins de Synthèse nationale, décembre 2015, 260 pages, 22 €. En vente à Synthèse nationale 116, rue de Charenton 75012 Paris (ajouter 3 € pour le port, correspondance uniquement) ou en cliquant ici
15:21 Publié dans Les entretiens avec Franck Abed | Lien permanent | Commentaires (0) | | Facebook | |
mardi, 23 février 2016
Un entretien entre Franck Abed et l'historien Jean-Baptiste Noé
J’ai interrogé Jean-Baptiste NOE, historien et écrivain, au sujet d’une discipline qui m’est chère : l’histoire. Cette matière aujourd’hui, mais déjà hier, reste un enjeu fondamental pour toutes les générations. Comment définir l’histoire ? Est-il légitime pour un peuple d’aimer son histoire ? L’entretien évoque également les programmes d’histoire de l’Education Nationale et les lois mémorielles. Mon invité du jour présente aussi ses personnages historiques préférés et les raisons de ses choix. Devant les désastres intellectuels quotidiens que nous vivons, les plus anciens ont une responsabilité énorme envers les plus jeunes dans la transmission du savoir. Cela passe – entre autres – par de saines lectures….
Franck ABED
Franck ABED : Comment définiriez-vous l’histoire à une personne ne connaissant pas cette discipline intellectuelle ?
Jean-Baptiste NOE : L’histoire n’est pas l’apprentissage des dates ou la mémorisation d’une chronologie descriptive. Il est difficile d’en donner une définition délimitée, car c’est une science qui englobe de nombreux champs du savoir humain. Dans L’étrange défaite, Marc Bloch a cette formule frappante pour définir ses contemporains, et comprendre les causes de la défaite de 1940 : « Nous pensions en retard ». L’histoire permet de penser à l’avance et de remettre les faits à l’endroit, en comprenant les enchaînements des causes et des conséquences de l’agir des hommes, en prenant conscience du substrat culturel qui sous-tend toutes les civilisations et tous les peuples. L’histoire permet de comprendre et de connaître même ceux qui nous sont lointains, par le temps et par la culture, et donc de rentrer en dialogue avec eux. Compréhension de soi-même et des autres, l’histoire est une discipline qui permet d’établir la paix et la concorde entre les peuples et entre les hommes.
Comprenez-vous que les Français soient fiers de leur histoire nationale ? Pensez-vous que toutes les histoires nationales se valent ?
Chaque peuple doit être fier de l’histoire de son peuple. La fierté de soi-même est une condition nécessaire à la survie de sa culture. C’est en étant attaché à son histoire que l’on peut le mieux comprendre l’histoire des autres peuples, et donc comprendre leurs spécificités. Quant à l’histoire de France, il est vrai qu’elle est particulièrement riche et dense. Trop souvent on se concentre sur l’histoire politique et militaire, ce qui est assez restrictif. C’est oublier que l’histoire économique et culturelle de la France est elle aussi très riche. Pensons à nos grands inventeurs ou découvreurs, les Michelin, Montgolfier ou Wendel. La France a un rôle particulier dans l’histoire de l’Europe et du monde. Elle en est consciente, même si elle a tendance, depuis quelques décennies, à renier son histoire. C’est parfois en allant voir chez les autres que l’on se comprend mieux soi-même, et c’est en comprenant l’attachement des autres peuples pour l’histoire et la culture de la France que nous nous rendons compte de sa spécificité.
Que pensez-vous des programmes d’histoire de l’Éducation Nationale pour les collèges et lycées ?
Ils sont creux et vides. Les élèves qui ont eu le malheur de subir ces programmes au long de leur scolarité sortent de douze ans d’école en ne connaissant pas grand-chose. Le plus grave, c’est que des professeurs appliquent ces programmes. Ils devraient soit refuser de les appliquer, pour le bien de leurs élèves, soit quitter l’Éducation Nationale. Tant que nous n’aurons pas la liberté scolaire, tant que nous n’aurons pas des facilités juridiques et financières pour créer des écoles libres, c’est-à-dire des écoles où professeurs, programmes et pédagogie sont choisis et non subis, nous ne pourrons pas résoudre les problèmes engendrés par l’Éducation Nationale.
Les jeunes générations sont-elles encore intéressées par l’histoire ? Existe-t-il une méthode, une technique pour leur enseigner cette merveilleuse discipline ?
Avec les programmes qui leur sont infligés, ce serait miracle que des élèves aiment cette discipline. La meilleure des méthodes est de leur montrer ce qu’est véritablement l’histoire : la connaissance du passé pour la compréhension du présent, la transmission de la culture, pour édifier des intelligences. Il est essentiel de prendre les élèves au sérieux, de leur montrer qu’ils ont beaucoup de choses à apprendre, et qu’ils s’inscrivent dans une longue chaîne de transmission et de partage, dont ils sont les héritiers et qu’ils devront transmettre à leurs enfants. Il faut aussi insister sur les personnes : l’histoire est faite par les hommes. Présentez des biographies, évoquez des peintres et des créateurs. L’histoire va de pair avec la géographie : il faut apprendre aux élèves à lire les paysages. Pouvoir reconnaître dans une ville l’empilement des siècles et l’enchevêtrement des activités. Pouvoir situer un bâtiment dans le temps et comprendre sa fonction au long de son histoire.
Pourriez-vous nous présenter vos trois personnages historiques préférés et les raisons de ces choix ?
S’il fallait en choisir trois, je nommerais ceux-ci : saint Benoît de Nursie, Alexis de Tocqueville et André Michelin. Saint Benoît de Nursie, car c’est un des pères de l’Europe. Il a certes apporté une des règles monastiques les plus suivies dans les monastères, mais il a surtout imprégné le christianisme dans les campagnes et dans les villes, et il a contribué à fonder le long manteau de monastères et d’églises qui marquent nos paysages et notre forma mentis. Alexis de Tocqueville, parce que c’est un modèle d’historien : attaché aux faits et à la réalité, il analyse et il démontre sans se tenir aux idéologies, et allant souvent contre sa famille de pensée. C’est également un grand écrivain, dont la plume alerte et précise sait magnifier la pensée et la démonstration.
André Michelin, parce que c’est le fondateur de l’une des sociétés les plus connut en France et dans le monde. C’est à lui également que l’on doit la création du guide Michelin, en 1900, hommage à la gastronomie et à l’art de recevoir qui est un des traits marquants de la culture française. Michelin est une des plus belles images de la longue chaîne des entrepreneurs et des inventeurs qui ont façonné l’histoire du pays.
Que pensez-vous des lois mémorielles (Gayssot, Pleven, Rocard, Taubira) qui suppriment la liberté d’expression et de recherches tout en fixant dans le marbre de la loi des faits historiques ?
Ces lois sont la conséquence de postures politiciennes. Elles n’ont pas été votées pour permettre une meilleure compréhension de l’histoire, mais pour soumettre la recherche historique à la nécessité politique. Elles sont le témoin d’une régression intellectuelle de la France. Elles montrent qu’il est difficile de réfléchir et de débattre sereinement, en ne se fondant que sur la raison et le logos. Le politique essaye de capter l’histoire à son profit, en la déformant et en la manipulant. Ce n’est pas nouveau, et ce n’est pas bon, ni pour l’histoire ni pour la politique. Avec ses lois nous quittons le logos et même l’histoire telle qu’elle a été engagée par Thucydide, pour revenir au mythe, le muthos des premiers Grecs. C’est une régression intellectuelle de grande ampleur : le politique veut, par la loi, changer la réalité et la nature de l’homme. Nous sommes là dans le constructivisme le plus dangereux et le plus néfaste, celui qui nie la liberté humaine.
Propos recueillis par Franck ABED le 22 février 2016
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samedi, 16 janvier 2016
Un entretien de Franck Abed avec Roland Hélie, directeur de Synthèse nationale
J’ai interrogé Roland HELIE qui est directeur de la revue et du site quotidien d’information Synthèse nationale ainsi que des Cahiers d’Histoire du nationalisme. Militant historique de la droite nationale, il continue le combat en voulant unir toutes les bonnes volontés. Notre entretien porte principalement sur les récents événements qui ont secoué notre pays. Sans langue de bois il nous délivre ses analyses qui permettent d’alimenter la réflexion intellectuelle. Tous ne partageront pas ses idées, mais à l’heure où tout le monde invoque la liberté d’expression pour tout et n’importe quoi, je donne la parole à un acteur politique de terrain… qui ne se cache pas derrière le spectre du politiquement correct.
Franck ABED
Franck ABED : Bonjour. Quelles sont vos analyses suite aux attentats du 13 novembre 2015 ? Ces attaques pouvaient-elles être évitées ? Qui sont les responsables ?
Roland Hélie : Lorsque, depuis des décennies, on laisse venir sur notre sol des millions de gens qui n’ont pas forcément la même culture et les mêmes traditions que nous, il faut s’attendre à ce que ces gens finissent par s’implanter puis imposer leur façon de penser et de vivre. Ainsi, à partir du moment où les musulmans deviennent majoritaires dans certains quartiers, voir certaines régions, ils se considèrent en terre d’islam. Les responsables de cette situation, ce sont ceux qui, pour des raisons politiques ou économiques, ont fait venir ces masses d’Afrique, du Proche-Orient ou d’ailleurs. Il y a eu dans les années 60 et 70 une convergence d’intérêts entre, d’une part, un patronat avide de profits immédiats qui pensait naïvement qu’avec les immigrés il avait trouvé une main d’oeuvre docile, imperméable aux marxisme et facile à exploiter afin de faire baisser les salaires et, d’autre part, des syndicats et partis de gauche qui voyaient en eux un nouveau prolétariat de substitution susceptible de regonfler leurs forces le moment venu. Ajoutez à cela la volonté des adeptes du métissage généralisé, la bêtise crasse d’un Giscard ou d’un Chirac qui instaurèrent en 1976 le regroupement familial et l’angélisme des églises progressistes et on arrive à la situation d’aujourd’hui. L’immigration devait forcément engendrer l’islamisation et n’oublions pas que l’islam à la volonté de régir le monde.
Le Premier Ministre, dans les jours qui suivirent, a même évoqué des attaques chimiques. Réalité ou fiction ?
Je ne suis pas assez informé pour avoir un avis là dessus. Quoiqu’il en soit, la réalité c’est qu’il y a suffisamment d’armes de guerre qui circulent dans les zones de non droit pour que les terroristes musulmans trouvent les moyens de tuer. Certains beaux esprits nous racontent à longueur de journées qu’il faut faire la part des choses entre « islam modéré » et « islamisme radical ». Généralement, ces donneurs de leçons patentés n’ont jamais lu le Coran. Celui-ci est pourtant clair et précis. Il ne laisse guère de place à des « interprétations » diverses et variées. La différence, si différence il y a, est dans la manière d’arriver au but. Certains pensent que c’est par les armes, d’autres par la procréation massive. En fin de compte le résultat sera le même : le triomphe de l’Islam.
Quel est votre sentiment suite aux réactions du Président de la République et du Premier Ministre ? Considérez-vous leurs attitudes comme dignes de leurs fonctions ?
Se sont les arroseurs arrosés. Par idéologie ou par vision à court terme, la classe politique soumise au mondialisme a contribué dans son ensemble au grand remplacement de population. Les musulmans, eux, ont une véritable volonté de conquête alors que les « élites » françaises, formatées par la « pensée unique » et le « politiquement correct », se vautrent dans leur confort intellectuel et leurs certitudes de bisounours.
Les gesticulations dérisoires et les prétentions guerrières des Hollande, Valls et consort seraient plus risibles qu’autre chose si la situation n’était pas aussi grave. A côté de la détermination d’un Poutine, ces tristes sires font, reconnaissons-le, plutôt pâles figures.
Que pensez-vous de Philippe de Villiers ? Mouvement de fond ou ballon de baudruche médiatique ?
Philippe de Villiers vient de publier un livre très intéressant, « Il est temps que je dise ce que j’ai vu » (éditions Albin Michel), qui remporte un énorme succès. Cela prouve que de plus en plus de nos compatriotes cherchent à entendre un message autre que celui véhiculé par les politicards de gauche ou de « droite » qui encombrent depuis trop longtemps l’avant-scène médiatique. Cela étant dit, les turpitudes de la classe politique que Villiers évoque dans son livre sont depuis des années dénoncées dans la presse nationale, que ce soit dans Rivarol, dans Minute ou dans Présent pour ne citer que ces titres.
Pour répondre à votre question, il est évident que l’on assiste depuis quelques années à une radicalisation d’une partie de plus en plus importante de notre peuple. Ce dont personnellement je me félicite. Maintenant qui en profitera ? L’avenir le dira.
Avez-vous lu ses trois romans historiques ? Qu’en avez-vous conclu ?
Vous savez, je ne suis pas ce que l’on peut appeler un inconditionnel de Philippe de Villiers. Néanmoins, reconnaissons son géni en matière de communication. Que ce soit par ses livres ou par le magnifique Parc du Puy du Fou, il a réussi à redonner à l’Histoire de France une place que certains aimeraient voir disparaître. Nous ne pouvons que lui en être reconnaissant. Un peuple qui connait son Histoire est un peuple qui sait où il va.
Pensez-vous que la France se relèvera ou connaitra-t-elle le même sort que tant d’empires et de royaumes disparus ?
Tant que l’on est pas mort, par définition, on est toujours vivant. Tout dépendra de la capacité de notre peuple à se réveiller. Nous, nationalistes, nous sommes conscients des réalités. Mais beaucoup préfèrent fermer les yeux en se disant « Pourvu que ça dure… » en sachant pertinemment bien que cela ne peut plus durer. A ces gens là de franchir le pas.
Comment expliquez-vous que les « nationaux » au sens large du terme aient du mal à faire entendre leurs voix dans une période où presque tout leur donne raison ?
On a toujours raison à un moment ou à un autre, mais le mieux, c’est d’avoir raison au bon moment.
La classe politique, elle, s’est toujours trompée. Que ce soit hier face au communisme ou maintenant face à l’islamisme. En pensant qu’il était « bien » de soutenir les pseudos printemps arabes, elle a contribué à semer le désordre dans des pays qui ne sont pas adaptés aux « systèmes démocratique » que, paradoxalement, on a voulu leur imposer. On voit les résultats, partout c’est le chaos, la guerre et les flux migratoires qui s’amplifient. Pourtant, ce n’est pas faute d’avoir sonné le tocsin. Depuis près de cinquante ans les nationalistes dénoncent sans relâche l’immigration et la menace qu’elle fait régner sur notre civilisation. Précisons que je dis cela sans aucun mépris pour quiconque, chacun ayant droit d’avoir son histoire, ses coutumes et ses croyances. Mais à condition que ce soit chacun chez soi.
En étudiant l’histoire, nous nous rendons compte que de nombreux pays et/ou systèmes politiques se montrèrent incapables de se réformer politiquement et/ou économiquement parlant, ce qui conduisit soit à un écroulement, soit à une révolution. La République en France se montre incapable depuis de nombreuses décennies (au moins trois) de relever les grands défis de notre temps. Entre la crise économique, la crise politique, les fortes absentions aux élections depuis de nombreuses années, le ras bol du pays réel face au pays légal, les attentats musulmans sur le sol national, la crise migratoire etc, pensez-vous que la France soit dans un climat prérévolutionnaire ou révolutionnaire ?
Je crois que le fond du problème auquel se heurte le Système est que les peuples sont en train de prendre conscience qu’ils ne sont plus maîtres de leurs destins. Aujourd’hui le conseil d’administration d’une banque mondiale comme la Goldman Sachs à plus d’influence sur l’avenir de chaque Français que le gouvernement de notre propre pays. Il en va de même partout ailleurs. Ce sont ces banques apatrides qui décident si demain il y aura deux millions de chômeurs en plus dans tel ou tel pays ou une crise dans tel autre.
Prenez l’exemple du référendum de 2005 sur le projet de Constitution européenne. Les Français ont voté massivement (55%) contre ce projet et les gouvernements qui se sont succédés depuis ont totalement méprisés la volonté populaire et ont utilisé je ne sais plus quel artifice pour imposer celle de ceux qui veulent absolument imposer la mondialisation. Les Français finissent par se rendre compte qu’ils se sont fait avoir. Pour le moment ils expriment encore leur colère par le vote mais cette colère s’amplifie d’année en année. Un jour viendra où elle finira par éclater. Autre exemple : si en décembre 2014 quelqu’un avait dit qu’en 2015 on assisterait à l’exécution de la rédaction d’un journal satyrique pour bobos, à la décapitation d’un chef d’entreprise dans l’Isère par un de ses employés musulman et à la sanguinaire soirée du 13 novembre, vous vous seriez dit « voilà un oiseau de mauvais augure ou un mythomane qui prend ses désirs pour des réalités… » Et pourtant, c’est bel et bien ce qui s’est passé en 2015.
A nous d’éclairer les Français sur les vrais responsables de leurs malheurs et de les aiguiller vers une autre voie, celle de la révolution nationaliste, sociale et identitaire.
Propos recueillis par Franck ABED le 15 janvier 2006
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mercredi, 13 janvier 2016
Le libéralisme en questions (Patrick Aulnas) par Franck Abed
Avant même la lecture de l’article de Patrick AULNAS, le titre – Autocritique libérale – (NDLR cliquez ici) avait favorablement attiré mon attention. En effet, il devient rare de nos jours de lire ou d’entendre des personnalités critiquer le courant philosophie, politique, historique voire religieux duquel ils sont issus. Patrick AULNAS a le mérite de soulever des questions de fond, non pas pour tirer à boulets rouges sur qui que ce soit, mais dans le but de proposer une alternative à l’impasse dans laquelle semble se retrouver, selon lui, les libéraux : l’inadéquation entre les principes, la doctrine et le dur mur de la réalité… Je ne suis pas libéral. Cependant en tant que catholique et royaliste, la défense des libertés m’est chère. A ce titre plusieurs historiens sérieux – et Dieu sait qu’ils sont rares aujourd’hui – du siècle dernier, n’hésitaient pas à écrire : « La France d’Ancien Régime était un pays hérissé de libertés. » Contrairement à l’auteur, je ne suis pas du tout persuadé que l’émergence de la démocratie représentative – due selon lui aux libéraux – soit une bonne chose pour la France et ses peuples. Pour le reste les points de divergences restent nombreux et pourtant, cela n’empêche point un échange constructif et intéressant.
Un de mes très chers amis, lui-même libéral et professeur en Sciences Economiques et Sociales, explique souvent – à qui veut l’entendre – que l’Union Européenne ne peut être considérée comme libérale tant dans ses fondamentaux que dans son activité journalière. Patrick AULNAS pense, avec ses arguments que nous pouvons ou pas partager, le contraire, au point d’écrire : « L’Union européenne apparaît ainsi comme le projet libéral par excellence ». Alors l’UE est-elle libérale ou pas ? Vaste question à laquelle je ne répondrai pas maintenant, mais je suis pressé de lire ou d’entendre l’avis de mon ami sur cet entretien passionnant… notamment sur l’adéquation des principes libéraux avec la dure réalité.
Franck ABED
Franck ABED : Bonjour. Pourriez-vous prendre la peine de vous présenter en quelques mots ?
Patrick AULNAS : Né en 1948, je suis juriste de formation. J’ai découvert le libéralisme à l’université dans les années 1960 en lisant Alexis de Tocqueville, dont la pensée m’a vraiment marqué. Je me suis toujours senti plus proche des libéraux que des marxistes ou des socialistes. Cela relève davantage d’affinités intellectuelles que du vécu. Bertrand de Jouvenel (Du pouvoir, Histoire naturelle de sa croissance) fait partie des favoris de mon panthéon. Professionnellement, j’ai principalement fait de l’enseignement, en particulier dans le cursus menant à l’expertise comptable : droit fiscal et normalisation comptable.
Avant même de lire votre article, et ayant pris connaissance de votre titre Autocritique libérale, je pose la question suivante : la première faiblesse des libéraux n’est-elle pas leur incapacité à se regrouper et à travailler ensemble à la réussite d’objectifs communs ?
Non. Les libéraux travaillent ensemble depuis le siècle des Lumières et leur action a permis l’avènement de la démocratie représentative et de l’économie de marché. Au XVIIIe siècle, il s’agissait d’aspirations philosophiques. Aujourd’hui, il s’agit d’une réalité pour des centaines de millions d’hommes. Cette réussite historique n’est pas la fin de l’histoire comme l’écrivait Fukuyama dans les années 1990. Mais elle représente une victoire sur les forces obscures qui ont tenté d’asservir l’humanité, fascisme et communisme en particulier.
Je ne crois donc pas qu’il y ait de faiblesse des libéraux, bien au contraire. Leur force réside aujourd’hui dans la mondialisation qui est un dépassement de l’État-nation dans bien des domaines : scientifique, économique, financier, humanitaire. L’autocritique se justifie d’autant plus lorsque le vent de l’histoire est plutôt favorable au libéralisme.
Vous avez écrit : « Le libéralisme est à la fois très accueillant et très exigeant. Il comporte un large éventail de sensibilités allant du libertarisme au social-libéralisme. » Comment définiriez-vous le libéralisme ? Où commence-t-il ? Où se finit-il ?
Vaste sujet, qu’il est impossible de traiter en quelques mots. Ma réponse sera donc purement subjective. Pour moi, le libéralisme est une pensée qui émerge lentement à partir de la Renaissance, tant dans le domaine politique que dans le domaine économique. Même si des formes de démocratie avaient existé dès l’Antiquité, le concept de liberté individuelle n’existait pas. La reconnaissance de l’individu, de son droit à la différence, bref de sa singularité à l’intérieur du groupe est à la base de la pensée libérale. Jean-Jacques Rousseau, par exemple, est un libéral pour deux raisons : parce qu’il conteste le pouvoir de droit divin dans Du Contrat social, mais aussi parce, qu’il manifeste aux yeux de tous une singularité qu’il revendique dans Les Confessions. Pouvoir démocratique et liberté individuelle, donc.
Ma conception du libéralisme est très large et repose davantage sur les libertés politiques que sur la libre concurrence, le droit de propriété et la liberté d’entreprendre. Le libéralisme transcende ainsi les clivages gauche-droite et j’admets comme libéraux aussi bien les sociaux-libéraux (Valls, Macron) que les libertariens. Ma seule restriction réside dans le dogmatisme militant, la volonté de faire advenir un monde se réclamant d’une doctrine. L’avenir est ouvert, il représente une aventure qu’aucune idéologie, même libérale, ne saurait fixer sous peine de porter atteinte, précisément, à la liberté elle-même.
Je vous cite toujours : « Il n’est pas du tout évident par exemple que le libéralisme anglo-saxon puisse s’acclimater en France, pays de l’absolutisme et du jacobinisme. » Ce que vous écrivez me semble logique. Ontologiquement l’Angleterre est plutôt un pays politiquement de gauche, et la France – malgré 200 ans de jacobinisme et de républicanisme – reste un pays fondamentalement de droite. De même, traditionnellement les Anglais sont religieusement protestants voire anglicans, alors que les Français sont majoritairement – encore à ce jour et malgré la percée de l’islamisme – catholiques romains. Dans ces conditions, vouloir importer en France une doctrine politique reposant sur des concepts religieux et philosophiques étrangers à notre corps social ne revient-il pas à vouloir vider l’océan avec une cuillère ?
J’admets volontiers l’idée générale développée par Max Weber selon laquelle le protestantisme est en harmonie avec l’esprit du capitalisme. La rigueur calviniste ou luthérienne, une éthique fondée sur le travail et l’épargne constituent la base de toute bonne gestion. Ayant une formation juridique et de gestion, j’attache une grande importance à la bonne gestion publique et je me sens, par exemple, parfaitement en accord avec la politique menée en Allemagne par Angela Merkel : supprimer le déficit du budget de l’État afin de parvenir à réduire progressivement la dette publique.
Hélas, l’inculture française dans ce domaine est désormais proverbiale. Vivant à l’étranger, mais en Europe, je sais que nos petites promesses d’amélioration font sourire. L’histoire a façonné la France différemment : la noblesse de sang a été remplacée par une noblesse d’État, le catholicisme n’a pas prôné les austères vertus nécessaires dans ce domaine. Toute tentative de bonne gestion est aussitôt assimilée à une plongée dans « les eaux glacées du calcul égoïste » (Karl Marx). Fort heureusement, le libéralisme s’est malgré tout imposé à la France car il représente la réalité la plus puissante aujourd’hui sur la planète. Je ne crois pas qu’il s’agisse d’importer une doctrine d’origine anglo-saxonne, ce qui, effectivement serait voué à l’échec. Mais il faut s’adapter à la réalité du monde du XXIe siècle, celui des sciences et techniques globalisées à l’échelle planétaire. Une approche rationnelle s’impose d’elle même.
Nous sommes en concurrence et toutes les incantations des intellectuels relayées par les politiciens n’ont plus aucun poids. Faire campagne sur le concept idiot de démondialisation peut apporter quelques voix mais seule l’adaptation aux marchés internationaux globalisés permet de progresser. Certains objecteraient que c’est le capitalisme qui domine le monde et non le libéralisme. Vrai question effectivement, mais pour moi, le capitalisme régulé juridiquement (pas de monopole ou d’abus de position dominante) constitue la déclinaison économique du libéralisme.
Je vous cite encore. « Socialistes et libéraux se retrouvent ainsi sur un point : l’écart considérable entre les paroles et les actes, entre les promesses de la conquête du pouvoir et la réalité de l’exercice du pouvoir. » Stéphan ZWEIG dans son livre consacré à Joseph FOUCHE écrivait : « les militants communistes, une fois au pouvoir, ne se comportent jamais comme des ministres communistes. » Cette phrase s’applique aisément aux libéraux. Comment l’expliquez-vous ? Est-ce que cela ne repose pas sur le fait que le libéralisme, à l’instar du communisme, est tout simplement inapplicable car trop utopiste ?
Je ne connaissais pas cette phrase de Stephan Zweig, auteur que j’apprécie. Mais il reprend une phrase plus ancienne de Mirabeau : « Un ministre jacobin n’est pas un jacobin ministre ». Cela n’a rien à voir avec une doctrine particulière. Cela a tout à voir avec les doctrines en général. L’exercice du pouvoir politique, c’est 90% de gestion et 10% de doctrine. Il faut choisir les solutions les mieux adaptées à la réalité présente en tenant compte de multiples contraintes sociologiques, économiques, financières. Il s’agit de trouver les compromis assurant le vivre ensemble et minimisant les conflits.
Les doctrines, quelles qu’elles soient, proposent de construire un monde idéal. Les intellectuels qui les élaborent ne gouvernent pas. Mais les politiciens utilisent les doctrines et idéologies comme instruments de conquête du pouvoir. Quoi de plus robuste que de se réclamer de grands penseurs pour asseoir des promesses en général irréalisables mais porteuses électoralement ! Le libéralisme doctrinal n’échappe pas à la règle. Lisez Contrepoints et vous verrez de nombreux articles, certes intéressants, mais coupés de toute réalité car prônant un libéralisme doctrinal parfois extrême comme celui des libertariens. Il n’y aura jamais de société libertarienne, c’est pour moi une évidence.
Vous poursuivez votre réflexion en écrivant : « Le général de Gaulle prétendait « qu’il n’existe pas de politique en dehors des réalités ». Et, de fait, il ne se réclamait politiquement d’aucune pensée. » Certes, un chef d’Etat doit prendre en compte la réalité. En revanche n’est-ce pas un problème quand celui-ci ne s’appuie sur aucune pensée, aucun système ?
Ma phrase était un peu… rapide et très approximative. De Gaulle était un nationaliste modéré qui croyait par-dessus tout à la nation française. Ce qui le guidait était l’intérêt de la France, d’où sa politique internationale. Il sort de l’OTAN pour ne pas dépendre des américains, il pratique la politique de la chaise vide en Europe pour bloquer le processus décisionnel nécessitant l’unanimité. Son action reposait donc sur une pensée mais pas sur une théorie. Le pragmatisme de l’homme d’action lui suffisait, ainsi que le regard sur le monde des grands auteurs puisqu’il était un admirateur de Chateaubriand.
Bien sûr, il faut une pensée pour gouverner mais pas un système. Le système est même dangereux car il rigidifie. Les libéraux appellent d’ailleurs constructivisme l’ambition assez dérisoire, mais toujours présente à gauche, de vouloir bâtir « une autre société ». Pensons donc pragmatiquement et écartons doctrines et idéologies.
Par ailleurs, l’échec cuisant de la politique gaulliste sur la décolonisation n’est-elle pas la meilleure contre publicité à l’idée qu’il avait développée sur la non appartenance à une pensée politique et sur son, justement parlons-en, incapacité à prendre en compte le réel ?
Je ne comprends pas ce que vous appelez « échec cuisant de la politique gaulliste sur la décolonisation ». De Gaulle a fait au mieux. Les gouvernants de la IVe République se sont montrés incapables d’assurer la décolonisation. De Gaulle a conduit ce processus pacifiquement en Afrique sub-saharienne et a mis fin à la guerre d’Algérie. Les violences en France étaient le fait de nostalgiques d’un monde révolu, regroupés dans l’OAS.
Pour conclure vous écrivez : « Leur projet (aux libéraux) n’est pas de détruire l’État mais de le cantonner à ce qui est juste et nécessaire. » A ce sujet, le rôle juste et nécessaire de l’Etat – entre autres – n’est-il pas de battre monnaie (fonctionne régalienne par excellence) ? Dans ses conditions, les libéraux ne devraient-ils pas tous prendre position contre l’Euro et la Banque Centrale Européenne ?
N’étant pas libertarien, je pense en effet que l’État est nécessaire, même dans le domaine économique et social. Je ne pense pas qu’aujourd’hui, l’État puisse être cantonné à ses fonctions régaliennes. Par exemple, la concurrence pure et parfaite est une chimère d’économiste. La concurrence n’existe que si des règles la canalisent. Sinon, on doit parler de loi de la jungle.
L’Europe se bâtit conformément aux grands principes du libéralisme tant politiquement qu’économiquement. C’est une évidence. Pour faire partie de l’Union Européenne, il faut respecter les libertés publiques fondamentales. La Hongrie et la Pologne ont été rappelées à l’ordre récemment sur ce point. Quant au grand marché européen, il se construit selon le principe de la libre concurrence et bien souvent contre les monopoles étatiques (électricité, téléphone par exemple).
L’euro représente un pas supplémentaire dans la constitution d’un ensemble supranational. Les libéraux doivent logiquement approuver cette monnaie unique puisqu’elle retire aux États la fonction de création monétaire qui relève désormais des attributions de la Banque centrale européenne. La répartition du pouvoir entre plusieurs entités est un principe fondamental du libéralisme. Il manque bien sûr un pouvoir économique européen, indispensable en cas de monnaie unique. Mais les États refusent de céder sur ce point.
Il est évidemment impossible de se dire libéral tout en voulant concentrer le maximum de pouvoirs entre les mains de l’État-nation. L’Union européenne apparaît ainsi comme le projet libéral par excellence puisqu’elle consiste à transférer certains pouvoirs de l’État à une entité sui generis, construite pacifiquement et totalement nouvelle dans l’histoire de l’humanité. La construction européenne est le grand projet libéral et démocratique des temps présents.
Propos recueillis par Franck ABED le 9 janvier 2016
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vendredi, 08 janvier 2016
Un entretien de Franck Abed avec Pierre de Laubier, auteur de l'essai "L'Ecole privée... de liberté"
J’ai interrogé Pierre de Laubier qui, après un court passage comme professeur dans un établissement catholique parisien sous contrat, a publié un ouvrage de son expérience édifiante et inquiétante intitulé L’école privée… de liberté (1). Aujourd’hui, il continue le combat avec un souci majeur : l’intérêt des enfants. Ses analyses consacrées à l’école catholique sous contrat sont pertinentes et authentiques. Elles s’appuient sur des faits avérés et des arguments circonstanciés que je vous invite à découvrir. Les questions relatives à l’enseignement m’intéressent, à la fois en tant qu’homme, enseignant et traditionaliste (2). Celles concernant l’histoire m’attirent et m’intriguent pour différentes raisons, notamment le pourquoi et le comment. En effet, il est important de « savoir d’où l’on vient, pour savoir où l’on va ». De plus, la transmission des valeurs, des principes et du passé, reste fondamentale dans une société soucieuse d’appliquer constamment la tabula rasa. Or, l’étude intellectuelle, notamment de l’histoire, permet le développement de l’esprit critique comme le rappelle justement mon invité. Les réponses apportées confirment, s’il en est encore besoin, que l’école – catholique ou non – est à reconstruire sur des bases saines. L’avenir appartient aux audacieux. Restons plein d’espérance pour demain, même si aujourd’hui paraît bien terne.
Franck ABED
Franck ABED : Comment définiriez-vous l’histoire à une personne ne connaissant pas cette discipline intellectuelle ?
Pierre de LAUBIER : Chaque discipline est une manière de découvrir le monde, que ce soit la théologie, la poésie, la philosophie, l’économie, la géographie, la biologie, et toutes les autres. Nous ne séparons les unes des autres que parce que notre esprit n’est pas capable d’embrasser d’un seul coup toute la vérité. Si des contradictions apparaissent entre elles, c’est qu’il y une erreur quelque part, car chacune n’est qu’un moyen d’approcher une vérité qui ne se divise pas.
La particularité de l’histoire est qu’elle se raconte. Il y a toujours un fil chronologique, même quand on accorde une grande place à ce qui n’est pas un simple récit d’événements. Or chacun de nous a sa propre histoire ; chaque existence humaine est une histoire qui ne prend tout son sens qu’à la fin. C’est peut-être encore plus vrai dans une civilisation chrétienne, puisque nous sommes les héritiers, sinon les fidèles, d’une religion qui s’insère dans l’histoire. Dieu lui-même fait partie de notre histoire. Une grande partie de l’Ancien Testament raconte la recherche d’un Dieu qui n’est pas exactement le même d’un livre de la Bible à l’autre, et les interventions de ce Dieu dans l’histoire des hommes, ainsi que la manière dont il est reçu. Quant au Nouveau Testament dans son entier, il est non pas un recueil de préceptes mais un livre historique, ou plutôt un recueil de livres historiques dont la véracité, jusque dans les détails, est capitale. Ce qui précède le récit de la passion du Christ n’est là que pour en expliquer le sens. Pour connaître quelqu’un, même s’il est le fils de Dieu, il faut raconter sa vie. De même, pour comprendre le monde, il faut en raconter l’histoire.
Encore faut-il savoir ce qu’on raconte, et de qui on raconte l’histoire. Je suis inquiet quand j’entends parler par exemple du « roman national » que l’école serait censée inculquer aux élèves. L’histoire n’est pas un roman. La nation n’est même pas un sujet dont l’identité serait stable dans le temps, comme l’est celle d’un individu. Ce que j’étais enfant est différent de ce que je suis une fois adulte, mais c’est la même personne. Par contre, la Gaule n’est pas la France sous un autre nom. Il y a donc un problème quant à l’objet de l’étude de l’histoire, d’autant plus qu’il y a plusieurs nations dont chacune a élaboré son « roman national ». Il est tout naturel qu’on apprenne à l’école l’histoire de son pays. A condition de ne pas oublier qu’il s’agit de savoir ce qui s’est passé, et qui aurait pu se passer autrement, non pas de justifier ou d’exalter ce qui existe.
On parle souvent des « leçons » qu’on peut tirer de l’histoire. Je ne doute pas qu’on puisse le faire ; mais j’ai tendance à penser que la plupart de ces leçons sont perdues. En tout cas, ceux qui rédigent les programmes scolaires ne retiennent que les événements qui leur conviennent, et en tirent à l’avance leçons qui les arrangent, si bien que plus ils veulent prouver leur « leçon », plus ils ont tendance à trafiquer ou éliminer les faits, par conséquent à s’éloigner de la recherche de la vérité et ne plus faire de l’histoire. Il y a donc un point essentiel, si l’on veut que l’histoire reste une quête de vérité, c’est que chaque fait soit non seulement prouvé, mais encore discuté. C’est peut-être la meilleure « leçon » qu’on peut tirer de l’histoire : l’art de développer l’esprit critique, et de façon plus efficace que par l’étude des textes littéraires. En littérature, la matière première est le texte d’un auteur qui raconte bien ce qu’il veut. Tandis qu’en histoire, ce qu’on raconte doit être prouvé par des faits susceptibles d’être contredit par d’autres faits.
Pour répondre d’une phrase à votre question, je dirai que l’histoire est une science qui cherche à répondre à la question : « Comment en est-on arrivé là ? »
Que pensez-vous des programmes d’histoire de l’Education Nationale pour les collèges et lycées ?
A première vue, les programmes d’histoire sont surtout indigents quant au contenu. Quand on consulte les manuels antérieurs à la réforme Haby de 1975, c’est-à-dire avant le collège unique, on est confondu par leur richesse et leur sérieux. Laforte diminution des faits étudiés, et surtout de l’explication des liens entre eux, à cause de l’abandon du lien chronologique, suggère qu’il s’agit d’un appauvrissement volontaire. Cet appauvrissement découle d’une réduction au plus petit dénominateur commun, rendue nécessaire par le collège unique. Mais c’est aussi une propagande « par le vide ». Car l’étude sérieuse de l’histoire, qui repose sur des faits, développe l’esprit critique, ce qui n’est dans l’intérêt d’aucun gouvernement.
Toutefois, ces programmes sont conçus habilement, en vue de faire une propagande par la méthode plutôt que par le contenu. On a remplacé le fil chronologique par une approche thématique. Commencer par établir une liste de thèmes autour de laquelle les connaissances s’organisent, c’est mettre la charrue avant les boeufs. Car c’est le thème qui impose le choix des faits à retenir ou à négliger, alors qu’en bonne logique c’est le fil du récit qui fait d’abord apparaître l’importance des faits.
De plus, bien des thèmes qui reviennent sans cesse n’ont qu’une faible importance dans l’évolution de la France et de l’Europe. On parle beaucoup des croisades. Pourtant, on pourrait presque raconter l’histoire de l’Europe sans en parler. Par contre, les invasions arabes et ottomanes, les deux sièges de Vienne par les Turcs, la bataille de Lépante, ont une importance bien plus grande. On a tendance à les omettre pour deux raisons. La première est que les anciens programmes d’histoire, d’inspiration nationaliste, avaient tendance à faire l’impasse sur les événements auxquels la France n’a pas pris part. L’autre raison, bien entendu, est qu’on veut éviter de souligner que l’islam a été, dès les origines, une menace pour l’Europe.
Autre exemple : le thème qui sert de prisme à l’étude du moyen âge est la féodalité. Ce mode d’organisation politique est évidemment très important, mais le mettre au centre conduit à négliger l’évolution de l’agriculture et du commerce, et n’explique pas, par exemple, la naissance des universités.
Autre thème de prédilection, l’esclavage. En faire un objet d’étude suggère qu’il a eu une grande importance. Mais quel était son poids réel dans le commerce international ? Quel rôle exact a-t-il joué dans la colonisation des Amériques ? Pourquoi y avait-il plus d’esclaves chrétiens en Orient que d’esclaves noirs aux Amériques ? L’étude thématique n’incite pas répondre à ces questions. Mais l’avantage de cette méthode est que les élèves (et sans doute un certain nombre de professeurs) ne se rendent pas compte qu’elles sont éludées !
J’ai sous les yeux un manuel d’histoire de classe de première, publié par les éditions Magnard. Le chapitre consacré à la seconde guerre mondiale compte une vingtaine de pages. Il n’y est fait aucune allusion à la bataille de France, ni à Stalingrad, ni au débarquement, ni d’ailleurs à aucune bataille. On finit par se demander pourquoi on appelle ça une guerre ! L’essentiel, pour ne pas dire la totalité des « documents », illustrent les bombardements de civils, les déportations, les exécutions, les crimes de guerre de toute nature. Ce sont, en effet, des caractères que cette guerre a revêtus. Mais rien ne permet de comprendre pourquoi elle a éclaté ni même pourquoi elle s’est arrêtée ! Car, malgré tout, le désir de commettre des atrocités n’était pas, semble-t-il, la seule et unique raison d’entrer en guerre des belligérants…
Ces exemples montrent que les thèmes ne sont pas choisis au hasard : ils sont secondaires dans le déroulement des événements, mais chargés d’un fort pouvoir d’émotion. Si bien que quiconque fait mine de chercher à comprendre, ou même de donner à un fait son importance relative, a vite l’air de chercher à justifier l’injustifiable. C’est une véritable opération d’intimidation.
En géographie, même méthode : en classe de cinquième, l’axe d’étude est le développement durable. Or cette notion ne devrait arriver qu’en conclusion d’une étude de la terre et de ses ressources, qui sont en effet limitées. Cette conclusion pourrait d’ailleurs introduire à l’étude de l’économie, dont un des objets est justement la répartition de ressources limitées. L’approche thématique conduit aux conclusions toutes faites.
Les jeunes générations sont-elles encore intéressées par l’histoire ? Existe-t-il une méthode, une technique pour leur enseigner cette merveilleuse discipline ?
Les jeunes générations me semblent non seulement intéressées, mais passionnées par l’histoire. Le nombre de romans et de récits historiques qui leur sont destinés, et leur succès, en sont une preuve. Je me demande même si cet intérêt n’a pas grandi, du fait d’une part que le monde change plus vite, et que d’autre part il est plus facile d’apprendre ce qui se passe ailleurs. Et quand on constate la diversité de moeurs, de systèmes politiques, de prospérité de tous les pays du monde, on se pose la question : « Comment chacun en est-il arrivé là ? » Cela incite à un regard critique sur l’histoire de France telle qu’on a pris l’habitude de la raconter, ce que je trouve très sain. De la part des adultes, on trouve le même engouement. Il faut dire que la plupart, ayant désormais appris l’histoire depuis la réforme Haby, ne savent à peu près rien. Mais ils sont conscients de ce manque, et cherchent à combler par eux-mêmes les vides laissés par l’école. De nombreuses publications répondent à ce désir, en adoptant des formes nouvelles que je trouve très heureuses, par exemple celle de dictionnaires, ou de livres ou de revues à caractère polémique. La polémique stimule l’esprit critique !
Quant à la méthode, il y en a presque autant que de professeurs. L’histoire se raconte, et chacun raconte à sa manière. Pour ma part, je rappelle aussi souvent que possible aux élèves que les acteurs de l’histoire ne savent pas, contrairement à nous, ce qui va se passer ensuite. Nous employons même souvent, pour raconter l’histoire, des mots que les gens de l’époque ignoraient. Saint Louis ignorait le sens des mots croisade, féodalité, ou même armure ; il ne savait pas non plus qu’il vivait au moyen âge ! De même, les élèves ont souvent en tête une vision nationale de l’histoire. Ils pensent que la guerre de Cent Ans a pour cause une invasion anglaise. Ils sont tout étonnés d’apprendre que Richard Coeur de Lion était angevin, qu’il n’a presque jamais mis les pieds en Angleterre, qu’il ne parlait pas un mot d’anglais et qu’il est enterré à Fontevrault… De même, le duc de Bourgogne, qui d’ailleurs était un Capétien tout comme le roi de France, n’était pas un traître à la patrie : ses ambitions parfaitement légitimes ne paraissent bizarres que parce que nous savons, après coup, que la France allait prendre le visage qu’elle a aujourd’hui. Mais, à l’époque, personne ne pouvait imaginer que l’Alsace ou la Franche-Comté allaient devenir et rester françaises. C’est le contraire qui était probable.
Vous avez enseigné dans une école catholique privée sous contrat. Vous n’en gardez pas un bon souvenir. Pour quelles raisons ?
Je n’en garde pas que de mauvais souvenirs, notamment parce que les élèves sont toujours désireux d’apprendre, et que c’est une noble tâche que d’essayer de leur transmettre quelque chose (quelquefois à partir de presque rien). Apprendre, dans les deux sens du terme, c’est ce que l’homme passe sa vie à faire ! Je n’ai jamais rencontré quelqu’un qui n’ait envie d’apprendre quelque chose. Quand les élèves perdent cette envie, c’est grave. C’est le signe qu’on s’est échiné à leur inculquer des choses qui ne les intéressent pas, selon des méthodes qui ne leur conviennent pas. Ils en sortent désespérés. L’enseignement privé échappe en partie, mais en partie seulement, aux maux qui minent le système.
Je pense même que l’enseignement catholique sous contrat est la partie la plus critiquable du système, au moins du point de vue moral, parce qu’il est infidèle à sa vocation. Que l’enseignement public et gratuit se serve des écoles pour faire sa propagande et asseoir son pouvoir, c’est mal, certes ; mais on pouvait s’y attendre. Mais de l’enseignement catholique, on est en droit d’attendre autre chose, qu’on ne trouve pas toujours, loin s’en faut. Quand il remplit sa mission, en tout cas, ce n’est pas grâce au secrétariat général de l’enseignement catholique, ni à ses filiales les directions diocésaines, dont j’ai découvert le rôle néfaste et hypocrite (c’est l’objet principal de mon livre), et dont je conteste jusqu’à l’existence ; mais c’est grâce à des directeurs, des professeurs, des parents et des élèves qui se battent pour cela, au risque de déplaire fort à l’institution qui les surveille et les ligote. Celle-ci est en effet droguée aux fonds publics, et colonisée par des carriéristes dont le premier souci est de complaire au gouvernement. Le triste état de l’enseignement catholique ne se voit guère, car la fuite du public vers le privé provoque une forte demande ; mais du coup, l’offre s’adapte, mettant sous le boisseau la foi catholique, susceptible de rebuter certains clients. Le succès de l’enseignement catholique ne saurait se mesurer seulement par le nombre d’élèves !
En partant de vos constats, les parents catholiques doivent-ils privilégier le hors contrat et l’enseignement à la maison ?
Je n’aurais pas dit cela il y a quelques années. Je suis un pur produit de l’école catholique sous contrat. J’ai longtemps pensé que l’école hors contrat ne concernait que quelques intégristes particulièrement pointilleux, ou des partisans de pédagogies atypiques. Je n’avais rien contre, mais je ne me sentais pas concerné. Or je constate que les gens comme moi, parents d’élèves ou professeurs, songent de plus en plus facilement au hors contrat. L’enseignement sous contrat devrait y prendre garde. Il est en train de se vider de ses forces vives : les bénévoles qui sont prêts à faire le catéchisme, gérer les écoles, tenir les éventaires des ventes de charité, et qui en ont assez de raser les murs. Je continue cependant de croire que les écoles sous contrat ont la possibilité de répondre correctement à leur vocation. Sauf qu’y parvenir exige de faire preuve de qualités héroïques. Ce n’est pas normal. L’essor des écoles hors contrat et de l’enseignement à la maison est le signal du nécessaire renouveau. Lequel passe par la suppression du secrétariat général de l’enseignement catholique et le démantèlement de l’administration qu’il a fabriquée.
Comprenez-vous que les Français soient fiers de leur histoire nationale ? Pensez-vous que toutes les histoires nationales se valent ?
Qu’est-ce que l’histoire de France ? Il me semble que la réponse à la question ne peut pas être la même si on est alsacien, breton ou savoyard. Tous ne sont pas devenus français en même temps ni de la même manière. On a longtemps raconté l’histoire de France dans un style apologétique et providentiel, en interprétant chaque événement comme la preuve que la « construction » de la France, en tant qu’Etat-nation centralisé était inéluctable, nécessaire. Tous ceux qui se sont opposé à cette évolution, sont dépeints comme des méchants, et ceux qui y ont œuvré comme des héros. Je trouve l’expression « quarante rois qui ont fait la France » on ne peut plus trompeuse. La suite logique de cette histoire de style constructiviste, oeuvre des historiographes des rois de France, a été écrite par les historiens des débuts de la république, afin de légitimer la concentration de tous les pouvoirs entre les mains des instances gouvernementales, considérées comme de droit plus que divin en raison de leur caractère démocratique ou, du moins, électif. Mais il s’agit là d’historiographie plutôt que d’histoire. Il n’est pas sain de raconter l’histoire de France de manière aussi univoque. Plutôt que d’être fier de son histoire (ou au contraire d’en avoir honte), je proposerais plutôt à un peuple de l’aimer. On a envie de connaître ce qu’on aime, et cela n’empêche pas d’observer certains travers et certains défauts ; on peut s’aimer soi-même sans être fier de tout ce qu’on a fait, car la capacité à se repentir et à se corriger n’est pas une tare mais une vertu morale. La devise : « Wrong or right, my country », a sans doute sa valeur le jour où l’on a un devoir urgent à remplir envers la patrie ; elle ne peut pas être un principe d’historien. Comme pour un individu, une nation doit connaître son histoire pour mieux se connaître ; pas pour prouver sa supériorité ou justifier par principe tous ses actes. Ce qui me conduit à répondre : oui, toutes les histoires nationales se valent ; à condition de ne pas en déduire que toutes les nations, tous les peuples, tous les systèmes politiques, toutes les sociétés se valent. J’inviterais volontiers les amateurs d’histoire à l’esprit critique, voire au scepticisme, mais sûrement pas au relativisme.
Que pensez-vous des lois mémorielles (Gayssot, Pleven, Rocard, Taubira) qui suppriment la liberté d’expression et de recherches tout en fixant dans le marbre de la loi des faits historiques ?
Qu’on ait seulement le droit de voter ce genre de lois est révoltant, et le fait que la constitution le permette en dit long sur sa capacité à protéger les libertés. Mais ce n’est pas étonnant : la constitution de la cinquième république a été conçue non pas pour limiter le pouvoir, mais pour l’empêcher d’être limité. Les efforts pour punir ceux qui contestent l’histoire officielle ne sont pas nouveaux. Le premier historien qui a osé remettre en cause la culpabilité de l’Allemagne dans le déclenchement de la première guerre mondiale a été radié de l’ordre de la Légion d’honneur.
Mais ce qui me semble encore plus frappant, c’est la bonne volonté des historiens à perpétuer les faits et les interprétations les plus douteux. Il est par exemple aujourd’hui dangereux, de la part d’un universitaire, de contester certains points d’histoire dont l’enjeu idéologique paraît pourtant faible ; par exemple, le fait qu’Alésia se trouverait à Alise-Sainte-Reine (ce qui me semble impossible). Ce conformisme bénévole est peutêtre une conséquence indirecte des lois « mémorielles », qui agissent par la répression, mais aussi par l’intimidation. On a, en effet, gravé dans le marbre certaines vérités historiques. Or, comme l’a dit Dostoïevski, « là où il y a loi, on peut toujours trouver le crime. » De plus, le monopole de l’université instauré par Napoléon fait que la quasitotalité des historiens sont des fonctionnaires. Cela incite plutôt à la prudence qu’à l’audace ! Qu’on me permette de faire, pour terminer, la prédiction suivante : ces lois ne sont pas près d’être abrogées.
Propos recueillis par Franck ABED le 5 janvier 2016
1) L’Ecole privée… de liberté, de Pierre de Laubier, 165 pages, à commander à Synthèse nationale, 116, rue de Charenton 75012 Paris ou sur le site synthese-editions.com – 14 euros franco de port.
2) Le traditionalisme, d’un point de vue, philosophique, intellectuel, social et anthropologique, se définit selon cinq principaux critères :
L’acte fondateur de nos sociétés est supra-humain
Il y a eu un âge d’or antédiluvien
Primautés des Anciens sur les Modernes
Le pouvoir politique doit être sacré
Le corps social doit être hiérarchisé et divisé en ordres
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samedi, 07 novembre 2015
Un entretien entre Franck Abed et Georges Feltin-Tracol sur Maurice Bardèche
Roland Hélie, directeur de Synthèse Nationale, avait eu l’amabilité de m’adresser le livre intitulé Bardèche et l’Europe de Georges Feltin-Tracol, publié en 2013. Pour différentes raisons, je ne l’avais pas encore lu et étudié. C’est chose faite maintenant.
Je dois dire que la pensée de Bardèche, en tant que catholique et royaliste, m’est assez éloignée. Pourtant, cela ne m’empêcha point de lire et de grandement apprécier l’excellent Sparte et les Sudistes. En tant que défenseur de l’héritage capétien, partisan de la monarchie universelle et admirateur de l’Europe Impériale, toutes les questions doctrinales et intellectuelles sur l’Europe m’attirent et m’intéressent grandement. Une fois le livre lu, je voulais en savoir plus. J’ai donc demandé à mon ami Roland de me mettre en relation avec l’auteur. Quelques jours après, je recevais un appel téléphonique de Georges Feltin-Tracol. Une longue et sympathique discussion s’en suivit au cours de laquelle nous abordions à battons rompus, Bardèche, l’Europe, l’Empire, le solidarisme, la théocratie, la « droite » en France et les raisons de son échec, les monarchies etc. Ne voulant pas en rester là, je proposais à mon interlocuteur de poursuivre notre échange. Voilà la raison de cet entretien...
Franck ABED
Franck Abed : Maurice Bardèche le jacobin, l’admirateur de la Grande Révolution et des soldats de 1793, a toujours défendu l’idée européenne. N’est-ce pas contradictoire ?
Georges Feltin-Tracol : Avant de répondre à cette question, il faut prévenir le lecteur que Maurice Bardèche est d’abord connu pour avoir défendu toute sa vie son meilleur ami et beau-frère Robert Brasillach dont l’exécution, le 6 février 1945, le traumatisa et transforma un paisible universitaire spécialiste de la littérature française du XIXe siècle en un ardent polémiste et farouche contempteur de l’ordre du monde surgi à la fin de la Seconde Guerre mondiale.
L’idée européenne chez Maurice Bardèche est surtout développée dans sa conférence, « L’Europe entre Washington et Moscou » (disponible dans « Maurice Bardèche l’insoumis 1998 - 2013 », dans les Cahiers des Amis de Robert Brasillach, n° 51 - 52), à Anvers en avril 1951, dans L’œuf de Christophe Colomb (1952) et, plus succinctement, dans Les temps modernes (1956), et le fameux Sparte et les Sudistes (1969). Il faut se souvenir qu’en pleine Guerre froide, le succès notable de la CECA (Communauté européenne du charbon et de l’acier) en 1951 incite les responsables européistes à envisager deux autres communautés européennes complémentaires, la première pour la défense — sous-entendue contre l’URSS — : la CED (Communauté européenne de défense) et la seconde, politique, la CEP (Communauté européenne politique). Le violent débat sur la CED porte sur le caractère supranational de l’armée européenne, son degré d’intégration de cette armée dans l’OTAN, créée en 1950, et la remilitarisation de l’Allemagne occidentale.
La CED divise toute la classe politique, hormis le PCF et le RPF gaulliste qui lui sont hostiles. Par ses interventions fréquentes, Maurice Bardèche entend contribuer aux discussions publiques en soutenant le projet. Parallèlement, Rivarol se montre lui aussi favorable à ce projet, au contraire de Jeune Nation.
Quand on retrace la généalogie contemporaine de l’idée européenne, on relève l’absence de contradictions avec l’héritage révolutionnaire française dans lequel a grandi le jeune Bardèche. Dans l’opposition jusqu’en 1875, les républicains français sont bellicistes, expansionnistes, nationalitaires, c’est-à-dire favorables à une Europe des nationalités libres qui exista un temps lors du « Printemps des peuples » de 1848. Nonobstant son (néo)fascisme assumé, Maurice Bardèche s’inscrit dans cette tradition politique. Le paradoxe n’est d’ailleurs qu’apparent puisque l’historien italien Renzo de Felice a bien démontré que les principales racines idéologiques du fascisme provenaient du nationalitarisme mazzinien. En admirateur de Metternich et de la Sainte-Alliance, Julius Evola le reconnaissait volontiers.
Pourriez-vous préciser ses grandes inclinations intellectuelles sur l’Europe ?
Maurice Bardèche ne fait pas œuvre d’historien. Il puise dans l’histoire des exemples marquants. Quand il rédige L’œuf de Christophe Colomb, il a en tête deux visions d’Europe inachevées ou avortées : l’Europe de la Grande Nation de Napoléon Ier et celle des volontaires européens sur le front de l’Est de 1941 à 1945, la première étant plus prégnante dans son esprit que la seconde.
En 1993, dans ses Souvenirs, des mémoires qui s’arrêtent volontairement à 1958, Maurice Bardèche revient sur son européisme et, dépité par la construction technocratique et marchande de l’Union pseudo-européenne, exprime toute son admiration pour les thèses de Thatcher sur une simple organisation intergouvernementale. En creux s’affirme l’acceptation d’une « France seule » chère à Charles Maurras, constat d’une immense déception et d’une occasion manquée.
L’idée européenne promue par Bardèche est-elle encore défendue par des acteurs politiques contemporains ? Si oui lesquels ? Si non, pourquoi ?
Quand on lit avec attention les positions de Maurice Bardèche sur l’Europe, on remarque tout de suite qu’il n’imagine pas un super-État continental centralisé. Mieux que l’économie (Jean Monnet) ou la culture (Denis de Rougemont), il a compris que les meilleurs facteurs d’une réelle cohésion européenne passeraient par la diplomatie et la défense.
« Babar » comme le surnommaient affectueusement les rédacteurs de sa revue, la très mal-nommée Défense de l’Occident, n’est pas un théoricien, ni un constitutionnaliste et encore moins un juriste de profession ; il se veut pragmatique. Il conçoit ainsi une Confédération européenne des États nationaux qui ne concentrerait que quelques attributs, mais des attributs
régaliens primordiaux : le domaine militaire et les relations internationales. Cette idée de confédération limitée à ses seules fonctions n’est pour l’heure défendue par personne. Dans les années 1980, l’ancien ministre Michel Jobert exposait cette vision dans le cadre de son Mouvement des démocrates (cf. Vive l’Europe libre ! Réflexions sur l’Europe, Ramsay, 1984). Dans la même période, le solidariste et nationaliste-révolutionnaire Jean-Gilles Malliarakis proposait lui aussi dans Ni trusts, ni soviets (Éditions du Trident, 1985) une semblable solution. Plus récemment, mon vieux camarade Rodolphe Badinand, co-fondateur d’Europe Maxima, exigeait dans Requiem pour la Contre-Révolution (Alexipharmaque, 2008) un noyau confédéral en lieu et place de l’Union soi-disant européenne.
Aujourd’hui, l’idée européenne chère à Maurice Bardèche est en sommeil, oubliée et/ou ignorée des minables politicards. Mais le choc du réel provoquera son surgissement tôt ou tard !
Dans votre livre, une expression de Maurice Bardèche m’a frappé, à la fois par sa pertinence, sa rigueur et sa permanence. Il s’agit de « l’Europe cuirassée ». Pourriez-vous l’expliquer et l’approfondir en quelques mots ?
Par la métaphore de l’« Europe cuirassée », Maurice Bardèche veut donner un sens politique à l’Europe qu’il esquisse. En 1951, celle-ci, divisée et amoindrie par deux conflits mondiaux consécutifs et récents, se retrouve en proie à trois menaces considérables : le réveil des peuples de couleur (la décolonisation commence), la menace soviétique qui n’est alors qu’à « deux étapes du tour de France » de Paris et l’occupation étatsunienne. Maurice Bardèche aurait souhaité assister à l’émancipation des Européens. Il aurait aimé que l’Europe nationale proclame sa neutralité et, pourquoi pas ?, prenne ensuite la tête du non-alignement contre le condominium soviético-yankee.
Maurice Bardèche voulait probablement faire de l’Europe nationaliste, voire néo-fasciste, une très grande Suisse, un État neutre et inattaquable du fait d’une redoutable cuirasse : son service militaire de milice civique. On peut même s’avancer à croire que la Confédération européenne fût été le décalque continental de sa consœur helvétique.
Avec l’actualité, il va de soi que l’« Europe cuirassée » prend une autre tournure. Avec l’invasion afro-asiatique en cours orchestrée, payée et encouragée par la Turquie, l’Arabie Saoudite et les États-Unis, l’« Europe cuirassée » impliquerait le rétablissement de frontières strictes tant du point de vue juridique que politique parce que les frontières ne sont pas que territoriales. La préférence nationale, au minimum, est une autre forme de frontière salutaire. À mon avis, toutes les frontières, matérielles et immatérielles, concourent à l’édification salutaire d’une société fermée, autocentrique et autarcique. Bref, l’« Europe cuirassée » signifie « les Européens maîtres chez eux en Europe et prêts pour cela à se battre ».
Quel fut l’impact réel du Mouvement social européen, dont Bardèche fut membre, sur la vie politique ?
Dès 1951 et le lancement de la CECA, il est prévu d’instituer un Parlement européen élu au suffrage universel direct, mais le rejet de la CED en 1954 par l’Assemblée nationale française écarta cette option jusqu’en 1979 quand les députés européens remplaceront les parlementaires désignés par les Parlements nationaux. Pour une fois en avance, des formations de droite nationale ont cherché à se regrouper afin d’atteindre un seuil électoral pertinent à l’instar des premiers résultats électoraux prometteurs du jeune MSI (Mouvement social italien).
Reconnu par toute l’Europe des réprouvés grâce à son Nuremberg ou La terre promise (1948), Maurice Bardèche est sollicité pour conduire la délégation française à Malmö en Suède. De cette réunion sort le Mouvement social européen (MSE) dont Bardèche devient l’un des vice-présidents et le responsable du MSE pour la France, d’où la création d’un bulletin de liaison : la future revue Défense de l’Occident.
Si une certaine presse versa dans le sensationnalisme et cria à la renaissance du fascisme ou d’une nouvelle « Internationale noire (ou brune) », l’impact du MSE sur la vie politique française et européenne fut plus qu’insignifiant. Outre le report sine die du scrutin européen, le MSE subit très tôt une scission de la part des racialistes réunis dans le Nouvel ordre européen. Cet échec fut néanmoins profitable puisque une décennie plus tard, le Belge Jean Thiriart lança Jeune Europe avec le MSE en contre-exemple parfait.
Dans votre essai vous ne mentionnez pas la religion en général, ni la religion catholique en particulier. Pourtant, la religion catholique romaine reste un pilier de notre civilisation européenne. Quel était le rapport de Bardèche à la religion catholique ?
Maurice Bardèche évoque rarement le catholicisme dans ses écrits. Élevé par l’école des hussards noirs de la IIIe République laïque et ayant grandi dans une famille patriote, anticléricale et radicale-socialiste, c’est un catholique de culture.
La religion catholique romaine reste-t-elle encore un pilier de notre civilisation européenne ? J’en doute. Certes, les basiliques des premiers chrétiens, les églises romanes, gothiques, baroques et classiques appartiennent à notre héritage, mais ce n’en est qu’une partie. L’Orthodoxie et même un certain protestantisme en sont d’autres. Avec le concile Vatican II, conséquence catastrophique des conciles antérieurs (Vatican I et Trente), le catholicisme romain a renié sa part européenne, ces syncrétismes singuliers avec les paganismes ancestraux qui en faisaient son originalité.
L’Église de Rome trahit maintenant les peuples autochtones de notre continent au profit d’intrus surnommés « migrants ». Bien que sympathique par certains côtés (son hostilité au règne de l’argent ou son approche de l’écologie malgré son tropisme cosmopolite), l’actuel « pape » conciliaire Bergoglio comme ses prédécesseurs immédiats ne me convainc pas. Pour soutenir un véritable catholicisme de combat, il eut fallu que Mgr. Jean de Mayol de Lupé (1873 - 1955) devînt le souverain pontife, cela aurait eu tout de suite une toute autre tenue !
D’une manière générale, le projet politique de civilisation européenne défendu par Bardèche ou d’autres peut-il se faire sans le catholicisme ?
La civilisation européenne ne se réduit pas au seul catholicisme qui lui-même change et se modifie au fil des âges. Les racines spirituelles de l’Europe ne se trouvent pas qu’à Athènes, Rome et Jérusalem; elles plongent aussi dans les traditions germaniques, celtiques, scandinaves, slaves, balkaniques, caucasiennes et même basques et laponnes ! Comme l’affirmait Dominique Venner dans Histoire et tradition des Européens (Éditions du Rocher, 2002), l’étymon européen a au moins plus de 30 000 ans d’histoire. Le christianisme n’est qu’un moment de sa longue histoire. Cette phase historique est d’ailleurs en train de s’achever quand bien même l’abjecte idéologie des droits de l’homme en est la forme sécularisée (pour faire simple).
Une Europe catholique serait un non-sens, sauf si un Prince, Capétien ou Habsbourg, en prenait la direction comme le soutient la sympathique équipe anarcho-royaliste et écolo-décroissante du Lys Noir. Cette Europe-là demeurerait toutefois une portion d’Europe.
La question religieuse n’est pas le meilleur moyen de favoriser la prise de conscience des Européens. Celle-ci ne se cristallisera que face à des périls immédiats, que face à l’irruption d’une altérité menaçante et conquérante. Au-delà des contentieux territoriaux, historiques et confessionnels, les Européens comprendront grâce à l’ethnologie, la généalogie et l’anthropologie qu’ils procèdent d’une substance commune et initiale. Quant à la religion, il est vraisemblable que les techniques les plus sophistiquées favorisent la résurgence et la réactivation des structures anthropologiques de l’imaginaire archaïque européen.
Propos recueillis par Franck Abed.
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- Georges Feltin-Tracol, Bardèche et l’Europe. Son combat pour une Europe « nationale, libérée et indépendante », Éditions Les Bouquins de Synthèse nationale, Paris, 2013, 130 p., 18 €, à commander sur www.synthese- editions.com ou à (+ 3 € de port), chèque à l’ordre de Synthèse nationale, 116, rue de Charenton, 75012 Paris, (+ 3 € de port), chèque à l’ordre de Synthèse nationale. L'acheter en ligne cliquez là
- « Maurice Bardèche l’insoumis 1998 - 2013 », Cahiers des Amis de Robert Brasillach, n° 51 - 52, 2013 - 2014, 275 p., 40 €, à commander aux Amis de Robert Brasillach (ARB), Case postale 3763, CH - 1211 Genève 3, Suisse, chèque à l’ordre de l’ARB.
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