Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

lundi, 11 juin 2007

Une page s'est tournée, passons à autre chose...

Les résultats sont là. Il ne faut pas se voiler la face, ils sont catastrophiques pour la droite nationale en général et pour le Front en particulier. Bien sûr, certains s’évertueront à minimiser la débâcle en cherchant de multiples explications circonstancielles et d'autres se consoleront en brandissant le résultat certes plus qu'honorable de Marine Le Pen, mais tout cela ne résiste pas sérieusement à l’épreuve des faits. Dimanche soir, une page s’est tournée dans l’histoire du mouvement national.

 

Et pourtant, souvenez-vous, il y a encore six mois, tous les espoirs étaient encore permis. Sur le perron de sa propriété clodoaldienne, Jean-Marie Le Pen appelait à l’unité de la droite nationale et recevait le soutien de Bruno Mégret. D’autres formations étaient prêtes à participer à cette vaste union patriotique autour du candidat du Front national. Les sondages ne cessaient de lui donner des résultats en hausse et partout les bonnes volontés se préparaient au combat… Mais Le Pen avait sans doute sous-estimé le pouvoir de nuisance de certains de ses lieutenants qui s’empressèrent de saboter le beau projet. Bref, trois mois plus tard, patatras ! L’unité sacrifiée et une phrase malheureuse sur les origines hongroises du candidat Sarkozy et ce fut la chute.

 

En réalité, au-delà de ces deux raisons évoquées, cette chute était prévisible depuis des mois. En effet, au moment où les événements donnaient raison aux analyses que le Front national professait depuis des décennies, qu’elle ne fut pas notre surprise de voir celui-ci rompre avec les fondamentaux qui avaient, jusqu’ici, fait sa fortune électorale.

 

Etait-il bien habile de se mettre à racoler (sans aucun succès d’ailleurs) les voix des immigrés alors qu'un nombre grandissant de Français manifestaient leur exaspération face aux effets pervers de l’immigration ? Etait-il tout aussi judicieux, au moment où la France se droitise de plus en plus, de procéder à une gauchisation du vocabulaire et du programme national ? Enfin, était-il raisonnable de manifester, quelques jours avant l’élection présidentielle, un tel mépris à l’encontre de ceux (MNR, régionalistes, identitaires…) qui avaient, sincèrement, apporté leurs soutiens (ou leurs signatures) au chef du FN ?

 

Toutes ces erreurs, certes ajoutées à l’âge du candidat et à l’arrogance déplacée d’une poignée de courtisans qui sont venus se greffer sur la bête au moment où celle-ci faisait encore peur et sans oublier les effets ravageurs de l’excellente prestation de Nicolas Sarkozy lors de la Présidentielle, le Front vient de les payer très cher à ces législatives que certains espéraient voir comme le début de la reconquête de l’électorat perdu. Depuis hier soir, malgré le dévouement exemplaire de ses militants et candidats, le Front a perdu de sa superbe. Il n’est plus vraiment en position de s‘imposer comme le parti du recours. Il retrouve ses résultats du début des années 80. S’il veut rebondir un jour, il doit à un moment où à un autre (et il vaudrait mieux pour lui que ce moment n’arrive pas trop tard…) procéder à son « examen de conscience », sans quoi il continuera à s’enfoncer dans la terrible spirale du déclin.

 

A première vue, le Front est aujourd’hui face à un cruel dilemme. Soit il choisit la voie de l’enfermement qui aboutira à la ringardisation, soit il continue sur celle de la dédiabolisation amorcée ces derniers mois et il fonce droit vers la C N I sation, c’est-à-dire à devenir un parti croupion au service de la droite libérale. Dans un cas comme dans l’autre, l’avenir n’est pas réjouissant… A moins qu’il se découvre subitement une troisième stratégie…

 

Mais, dans un premier temps, ce sont les contingences matérielles qui vont occuper les responsables du FN. Non seulement le déficit dû à la perte d’un nombre conséquent d’électeurs va amener le Front à réduire considérablement son « train de vie » (ce qui aura au moins le mérite d’écarter les profiteurs qui se sont enrichis sur son dos) ; mais il va aussi falloir payer les campagnes des centaines de candidats dont le score est inférieur à 5 %. A ce sujet, il est « plaisant », pour les partisans acharnés de l’union patriotique que nous avons été, de noter que ce nombre serait bien moindre si un accord avait été conclu avec le MNR… Bonjour la finesse politique !

 

Le MNR justement, parlons-en. En répondant positivement à l’appel à l’union patriotique de Le Pen, Bruno Mégret avait réussi, d’une certaine manière, à rebondir politiquement. Mais ce retour risque d'être de courte durée, puisque les résultats de ses candidats ne sont guère, eux non plus, encourageants. Quel sera l’avenir de cette formation ? Il est encore trop tôt pour le dire…

 

Finalement, les seuls qui peuvent être satisfaits à l’issue de ces élections, ce sont les Identitaires. Ceux-ci se présentaient pour la première fois et leurs candidats font en effet une moyenne de 2,5 % des voix dans les quelques circonscriptions où ils étaient en lice. Ce qui, croyez-moi, n'est pas rien pour une jeune formation sans moyen autre que le dynamisme de ses militants. Robert Spieler, président d’Alsace d’abord, vient d’ailleurs d’annoncer une initiative toute prochaine en vue du rassemblement du courant identitaire, avec lequel il faudra désormais compter…

 

Tous les espoirs ne sont donc pas perdus. De l’avenir de la droite nationale, patriotique ou identitaire, il en sera largement question dans la prochaine livraison de notre revue Synthèse nationale. Nous en reparlerons très bientôt…

 

Roland Hélie