mercredi, 30 janvier 2013
Entretien avec Jean-Michel Thouvenin, auteur de "Identité nationale. Du sentiment à la conscience" (éditions L’Æncre)
Propos recueillis par Fabrice Dutilleul)
Votre essai ne va pas manquer de faire grincer les dents. Pourquoi prendre le risque de relancer aujourd’hui un débat aussi controversé que l’identité nationale ?
Parce que les Français sont restés sur leur faim en 2010, les bien-pensants s’étant violemment opposés à ce thème à même de froisser une certaine immigration dont on a coutume de ménager la susceptibilité ; et parce que la raison qui a suscité ce débat hier est plus que jamais d’actualité.
Quelle est cette raison ?
Le sentiment prégnant que notre identité s’étiole au moment où il faudrait qu’elle se renforce. Dans un contexte où les instances politiques et économiques internationales rongent peu à peu notre souveraineté, nous sommes en butte à une immigration de peuplement qui non seulement s’intègre mal, mais, qui plus est, impose progressivement ses coutumes, sa langue, sa morale, ses rites… grâce à notre lâcheté et à nos renoncements. Est-il acceptable de retirer toute nourriture à base de porc dans certains aliments et dans des cantines afin de ne pas heurter des « Français » récents ?
Ne craignez-vous d’être taxé d’islamophobie et de xénophobie ?
Les « bien-pensants » de tout poil ne manqueront pas de le faire. Mais ce n’est pas être islamophobe d’affirmer que l’Islam ne fait pas partie des fondements de notre identité. Par ailleurs, moi je pose sincèrement la question de la place qui reviendra à l’Islam dans l’identité de la France de demain. Ça, c’est un vrai sujet que l’on ne pourra bientôt plus occulter. Ce qui est sûr, en attendant, c’est qu’il est hors de question de nous islamiser pour complaire à une immigration dont j’attends toujours qu’on me prouve qu’elle est une « chance pour la France ».
Votre livre accorde une place prépondérante à l’histoire et à ce que vous appelez « la religion historique »… Qu’apportez-vous d’original au débat ?
Je rappelle d’abord que l’on ne doit pas confondre une France millénaire avec la République. La première est chrétienne, la seconde est héritière d’une révolution régicide et déicide qui a voulu effacer totalement le passé. Or l’histoire de son pays est un des fondements de l’identité d’une nation. Donc, ne s’en référer qu’à la République était une erreur. Je profite de ce chapitre pour stigmatiser au passage la déchristianisation avec ses conséquences en termes de morale, d’éthique, de perte de repères.
À cette occasion, vous dénoncez les délinquants, les profiteurs et les doctrinaires qui les défendent, non sans un humour parfois acerbe…
On peut traiter de sujets sérieux sans se croire obligé d’être sinistre. Moi, je vis mes convictions et ma foi avec enthousiasme. Tant mieux si cela transparaît dans mes écrits !
En ce qui concerne l’originalité de mon livre, j’explique que l’on a eu tort de définir l’identité nationale à partir des droits de l’homme, de la démocratie et de la laïcité. Si l’on peut à juste titre être fier de certaines valeurs, celles-ci restent universelles et n’ont pas vocation à fonder notre identité. La France n’est pas un agrégat d’idéologies et de concepts.
D’où quelques formules percutantes…
Je fais partie de ces Français qui sont exaspérés que les notions de droit et d’égalité soient magnifiées au point que l’on en fasse de nouvelles religions avec leurs cohortes d’intégristes et de fondamentalistes. Il en va d’ailleurs de même pour la laïcité ce qui, vous en conviendrez, est un comble !
Votre dernier chapitre trahit votre amour passionné pour la patrie. Changeant de style, vous allez jusqu’à écrire que la France, on peut l’aimer de façon « charnelle ». N’avez-vous pas l’impression d’aller trop loin ?
Au diable les intellectuels glacés qui voudraient faire de la France un laboratoire à doctrines. « Du sentiment à la conscience », avons-nous choisi pour titre. Tout commence donc par de l’amour et de la fierté pour finir par une conscience collective chargée d’espoir. C’est avec cette appréhension des choses que l’on peut vraiment parler d’identité nationale.
Identité nationale. Du sentiment à la conscience, Jean-Michel Thouvenin, préface du général Henri Pinard Legry, 174 pages, 23 euros, éditions L’Æncre, collection « À nouveau siècle, nouveaux enjeux », dirigée par Philippe Randa. cliquez ici
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