lundi, 11 juillet 2022
Tumultes yankees
La chronique flibustier de Georges Feltin-Tracol
Les jeudi 23 et vendredi 24 juin 2022 entreront dans l’histoire des États-Unis d’Amérique comme deux journées déterminantes. Les observateurs de l’avenir verront probablement dans les deux décisions de la Cour suprême une nette accélération d’un éclatement mental, d’une puissante scission politique, voire d’une lancinante fragmentation territoriale.
Au cours des quatre années de sa présidence, Donald Trump a pu nommer trois nouveaux membres de cette clé de voûte des institutions étatsuniennes, offrant aux conservateurs une majorité de six contre trois libéraux (comprendre progressistes). Ces nominations commencent à produire leurs effets. Le premier jour, la Cour suprême réaffirme la primauté du Deuxième Amendement aux dépens d’une loi de 1913 adoptée dans l’État de New York qui interdisait le port d’arme hors du domicile. Elle révoque ensuite le lendemain son célèbre arrêt Roe contre Wade de 1973 en faveur de l’avortement. Vu de Sirius, il est étrange que les chantres auto-proclamés de l’« État de droit », c’est-à-dire du gouvernement des juges, s’en indignent. On aurait aimé les entendre quand les tribunaux en Europe entérinaient le despotisme covidien et écrasaient des libertés populaires déjà bien diminuées.
Contrairement à ce que récite le système médiatique d’occupation mentale en France et ailleurs, l’avortement n’est pas interdit. La Cour suprême confirme que les États-Unis demeurent une fédération d’États. Il revient par conséquent aux cinquante États fédérés de légaliser ou non l’IVG. Si le Texas, le Missouri ou l’Alabama, ces fameux « États intérieurs », la proscrivent, les États démocrates des côtes Atlantique (New York) et Pacifique (Californie, Oregon) permettent et renforcent l’avortement. De nombreux liberals oublient qu’ils vivent encore dans un cadre fédéraliste. L’État fédéral central doit par conséquent se conformer au principe de subsidiarité. La Maison Blanche et le Congrès ne peuvent pas s’occuper de tout. Cette vieille baderne de Joe Biden peut bien protester et parler d’une « journée triste », on assiste à une victoire retentissante posthume de John Caldwell Calhoun.
Né en 1782 et mort en 1850, John Calhoun est tour à tour secrétaire à la Guerre (1817 – 1825), vice-président des États-Unis (1825 – 1832), puis sénateur fédéral pour la Caroline du Sud (1832 - 1843). Il défend les droits des États fédérés contre un État fédéral dont il devine déjà l’omnipotence. En 1861 – 1862, les États sudistes justifieront leur sécession tonitruante de l’Union en se référant à ses nombreux discours. Malgré la défaite du Sud en 1865, sa vision politique va continuer à influencer divers courants internes des démocrates et des républicains, en particulier chez ces derniers depuis les années Clinton (1993 – 2001).
La majorité de la Cour suprême s’inscrit dans cet héritage intellectuel, d’où sa sentence favorable au port d’arme. Si les États fédérés ne peuvent pas en limiter la détention, c’est en raison du Deuxième Amendement dont la valeur constitutionnel s’applique à l’ensemble du territoire étatsunien. En revanche, l’absence d’amendement constitutionnel sur l’IVG, l’homoconjugalité, le transgendérisme, l’euthanasie ou la légalisation des drogues n’accorde aucun droit définitif. Chaque État fédéré légifère comme il l’entend sur ces sujets dits sociétaux. Cette remarque concerne bien sûr la peine de mort. Les États fédérés sont là encore libres de l’appliquer ou non.
Les deux arrêts rendus de la Cour suprême accentuent les fractures dans l’opinion publique yankee. L’avortement, le droit du port d’arme, la peine de mort, mais aussi les thématiques sociétales clivent la population. Certes, pour l’instant, les tensions ne sont que verbales et médiatiques. Qu’on se souvienne par exemple du congrès annuel de la NRA (le groupe de pression favorable aux armes) qui se tenait au Texas quelques jours après la tuerie d’Uvalde. Des anti-armes hystériques invectivaient d’honorables participants pro-armes. L’actuel climat incandescent résulte enfin des séances retransmises en direct de la commission d’enquête de la Chambre des représentants sur les événements du 6 janvier 2021 au Capitole. Sur les neuf membres, on ne trouve que deux républicains en rupture de ban dont l’ineffable néo-conservatrice patentée Liz Cheney. Cette commission contestable tente d’impliquer Donald Trump dans un complot imaginaire. Or Trump n’a-t-il pas été l’objet d’une seconde tentative de destitution par le Congrès ? En droit occidental, est-il encore possible de ne pas poursuivre un individu pour des faits déjà jugés ? Les démocrates en perte de vitesse cherchent à instrumentaliser des procédures judiciaires afin de sauver à la fois leurs sièges au Congrès en novembre 2022, Biden ou son successeur en automne 2024.
La société étatsunienne entre dans une intense phase de profondes convulsions. Avant même la victoire surprise de Trump en 2016, le débat public faisait rage à propos de l’ouverture ou non de toilettes réservées aux personnes transsexuelles. Trump à la Maison Blanche, les antifas et autre Black Lives Matter ont sans cesse fomenté des manifestations violentes et des émeutes sanglantes. Dans les universités et, plus généralement, dans l’enseignement, le wokisme entend effacer toute présence d’origine euro-américaine. Très puissants dans les comtés et/ou dans les « États rouges », les milieux républicains répliquent à ces délires en brisant l’emprise éditoriale, psychologique et entrepreneuriale d’un politiquement correct désormais illimité. On s’écharpe ainsi sur les manuels scolaires ou sur des étudiants bouleversés par quelques vérités soi-disant inacceptables entendues en cours.
La question des droits civiques et l’hostilité envers la guerre du Vietnam dans les années 1960 n’avaient pas une implication aussi profonde. Les États-Unis se déchirent sur des banalités hautement politisées. Le consensus institutionnel inhérent à l’architecture constitutionnelle de 1787 disparaît au profit de dissensions virulentes. Dans le même temps, des milices anti-gouvernement fédéral de l’Ouest recrutent de nouveaux membres tandis que se réveillent les mouvements indépendantistes de Californie, du Texas ou du Vermont. Bien que voulant éclairer le monde, la statue de la Liberté se retrouve dans un immense champ de mines. Quand viendra donc l’explosion salutaire ?
Salutations flibustières !
• « Vigie d’un monde en ébullition », n°40, mise en ligne le 5 juillet 2022 sur Radio Méridien Zéro.
01:55 Publié dans Georges Feltin-Tracol | Lien permanent | Commentaires (0) | |
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Décès de Michel Dufresne, actif militant de la cause nationale en Auvergne
Michel Dufresne, décédé le 4 juillet 2022
Claude Jaffres
Michel Dufresne nous a quitté lundi 4 juillet, avec courage, lucidité et sérénité.
C’est en 1990 qu’il a rejoint le FN d’Auvergne, il venait de Beauvais où son père fut un militant de l’Algérie française et l’un de ses frères militant et candidat FN et depuis cette date nous ne nous sommes plus quittés dans nos combats. Militant très actif, il prit rapidement des responsabilités au sein du bureau du Puy-de-Dôme. A chaque élection on pouvait compter sur Michel, il n’avait pas peur de s’afficher malgré les difficultés de l’époque. Il était de tous les déplacements, manifestations et actions de toutes sortes.
Il deviendra conseiller régional sous la présidence de Giscard d’Estaing avec l’étiquette FN puis MNR.
Il restera fidèle à ses convictions jusqu’à la fin et nous l’avons vu toujours aussi dynamique dans nos luttes patriotiques et identitaires. Son enthousiasme le faisait apprécier de nos jeunes dont lui-même appréciait les qualités de jeunesse.
Il était passionné de photo et video et sa couverture médiatique nous fut précieuse. L’une de ses videos eut un énorme succès : lors d’une manif de nos amis "exotiques" devant la préfecture de Clermont, il réussit à se placer avec les organisateurs sur les marches et filmer tout ce rassemblement, notamment lors des invocations musulmanes… Très instructif et pédagogique !
Son militantisme l’emmena parfois loin de l’Auvergne, c’est ainsi qu’il participa à des convois humanitaires, lors des tragiques événements de l’ex-Yougoslavie et plus récemment il parti en mission avec les Chrétiens d’Orient.
Il attachait une grande importance à sa famille, ses trois filles et son fils auxquels il se consacra beaucoup. Là aussi il était en cohérence avec nos idées, c’était un trait de son caractère que j’appréciais particulièrement.
Michel était l’archétype du militant dévoué, sincère et efficace, nous mettions alors ces gens-là au premier rang et ils entraînaient tout le monde dans le militantisme, pas d’arrivisme ni de plan de carrière.
Ce sont les « Michel » qui tracèrent la voie et au-delà de la peine, cela nous permet de réfléchir à nos méthodes de combat devant les épreuves à venir. Ils sont nos modèles à retrouver.
Alors Michel, nous ne poserons pas le sac et tu peux reposer en Paix.
01:39 Publié dans Nous avions un camarade... | Lien permanent | Commentaires (0) | |
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