samedi, 11 mai 2024
Pourquoi se gêner ?
Gaëtan de Capèle
Dans un peu plus de deux mois, la France sera le centre du monde. Des centaines de milliers de touristes, des milliards de téléspectateurs n’auront d’yeux que pour les exploits des athlètes, mais aussi pour sa culture, son patrimoine, son art de vivre. Le retour, cent ans après, des Jeux olympiques à Paris a mobilisé toutes les énergies. Épreuves sportives, festivités, sécurité, logistique... tout a été pensé au millimètre pour que la plus grande compétition sportive du monde organisée à Paris reste gravée dans les mémoires. L’événement doit être une fête, une joie collective, une fierté nationale.
La France entière aspire à profiter de cette parenthèse de temps suspendu. Toute ? Non. Un bastion syndical peuplé d’irréductibles protestataires résiste encore et toujours. Ses dernières forces sont regroupées en un point et un seul : le mal nommé service public. Drapés dans les grands principes, la CGT et ses camarades de SUD ou de Solidaires ont depuis longtemps trahi ses missions pour le mettre au service d’un corporatisme forcené. Pour ces derniers Mohicans, les Jeux olympiques sont avant tout un formidable outil de chantage. Tony Estanguet rêvait d’une « trève sociale » ? Emmanuel Macron avait foi en « l’esprit de responsabilité des syndicats » ? Message reçu cinq sur cinq : un préavis de grève a été lancé dans les trois fonctions publiques. A la SNCF, à la RATP, chez les aiguilleurs du ciel, chez les éboueurs, dans la police ou encore aux douanes, c’est, comme dirait l’autre, la foire à la saucisse : primes, augmentations, départs anticipiés à la retraite…le catalogue des revendications n’a plus de limites, y compris les plus extravagantes, comme chez les cheminots. Dans ces rouages indispensables au succès des JO, le « quoi qu’il en coûte» tourne à plein régime. Mais, après tout, pourquoi se gêner? Plus qu’à son tour, l’État leur a signifié qu’il préférait acheter la paix sociale plutôt qu’affronter une crise. Face aux professionnels du conflit, il a depuis longtemps renoncé à tout acte d’autorité, à toute restriction du droit de grève, même la plus outrancière. Il ne fait que récolter ce qu’il a semé.
Source : Le Figaro 11/05/2024
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