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samedi, 27 juillet 2024

Cérémonie d'ouverture des Jeux olympiques : l’appel du 26 juillet, la "branchitude" parle à l’ "humanitude"

JO 2024: tout ce qu'il faut savoir sur la cérémonie d'ouverture

Maurice Bernard

Depuis une semaine, France Télévisions s’employait à nous tenir en haleine. Sa bande-annonce de la cérémonie d’ouverture des Jeux olympiques de Paris 2024 nous avertissait : « Vous n’avez encore rien vu ». Un documentaire en deux parties distillait à un public rendu forcément impatient les « premiers secrets » du spectacle total concocté par le directeur artistique, le jeune metteur en scène Thomas Jolly (1), et son équipe.

Seulement voilà : on ne peut attendre de créateurs que ce qu’ils ont à offrir… Et ce qu’avaient à offrir Joly et ses camarades, c’est justement ce pourquoi ils avaient été choisis : « une cérémonie généreuse, ouverte, tolérante, inclusive », qui ne parle pas seulement de fraternité, d’égalité mais aussi de « sororité », d’universalité, de mélange, qui montre toutes les couleurs, tous les corps, toutes les identités, et délivre l’image d’une France « plurielle et complexe »… Leurs commanditaires attendaient d’eux, au-delà de l’expression de leur talent, de leur savoir-faire (qui sont réels), d’abord et surtout, une narration, un discours, un manifeste, c’est-à-dire, pour aller à l’essentiel, de la propagande. De ce point de vue, ils n’ont pas été déçus.

Thomas Joly et consorts sont comme tout le monde : le produit de leur milieu, de leur famille, de leur histoire. Les joies et les peines, les victoires et les défaites, les plaisirs et les souffrances, les gratifications et les humiliations de la vie les ont façonnés. Leurs blessures les ont conduits à vouloir dire certaines choses, à prendre certaines revanches. Si on leur donne l’occasion, les moyens (et quels moyens : plus de 120 millions d'euros tout de même !) de le faire, ils le font…

Ainsi, pendant les quatre heures qu’a duré la retransmission de ce véritable "appel du 26 juillet", la "branchitude" germanopratine et maraisienne s’est adressé à l’"humanitude" postmoderne déconstruite. Ainsi, les maîtres d’œuvre de l’ouverture du grand raout olympique de ce 26 juillet nous ont délivré la vision de la France et du monde du cénacle branché, décalé, disruptif, très parisien rive gauche auquel ils appartiennent. Pour partie, ils ont mis en scène leurs désirs, leurs obsessions, leurs fantasmes : révolution politique et sociétale, trouple, partouze hétéro ou LGBTQIA, et plus si affinité… Dans le prolongement de l’entreprise de Delphine Ernotte, la présidente de France Télévisions, ils nous ont donné à voir une image non pas du pays millénaire, charnel, réel, dans sa globalité (contrairement à ce qui était avancé), mais du pays tel qu’ils voudraient qu’il soit. Pendant ces quatre heures, ils ont asséné leur idée, leur réalité de Paris et de la France, celle qu’ils avaient envie de montrer. Avec une volonté évidente de provoquer la partie de la population qu’ils ne comprennent, qu’ils ne supportent pas : le "souchien franchouillard", le "conservateur", le "réac", le "catho", le "péquenaud", le "facho"… Bref, tous ces "bâtards", ces "fils de p…" que leurs frères en idéologie dénonçaient il y a peu, et aux faces desquels ils ont pris plaisir à cracher sous le crachin par l’intermédiaire de certains tableaux…. D’ailleurs Libé ne s’y est pas trompé qui titrait, dès 23 heures : « L’extrême droite déteste la cérémonie d’ouverture, un bon point pour les JO ».

Pourtant, n'en déplaise au journal des "gauchos", des "hipsters" et des "bobos", bien que, selon leurs critères, vieux "facho" irrécupérable, je ne pense pas que tout est à rejeter, en bloc, dans le spectacle qui nous a été "offert"... avec "notre" argent. C’est mon modeste avis et je le partage. Si la cérémonie recelait en effet une bonne part de provocation, de mauvais goût, de bizarreries, de kitch assumés, voire revendiqués  (en particulier la séquence "gore" de la Conciergerie - motivée cependant par la prestation des métalleux de Gojira - et la Cène version "drag queens"), il comportait aussi une certaine dose de créativité, d’inventivité, d’originalité, de drôlerie, voire de magie, de poésie, de beauté, ainsi que quelques moments indéniablement saisissants ou émouvants… Manifestement, Thomas Joly et son équipe sont de bons professionnels du spectacle… Dommage qu’ils se sentent obligés d’être aussi des hérauts du progressisme déconstructeur, et que leur militantisme vienne quelque peu gâcher ce qui aurait dû n’être qu’une grande fête véritablement fraternelle réunissant TOUS les Français. Même nous !

À l’arrivée, une fois les projecteurs éteints, Daphné Bürki, Philippe Katerine recouchés et retournés, sous médoc, dans les bras de Morphée, comment tout cela va-t-il être accueilli, en France (surtout la profonde) et dans le monde (notamment musulman) ? Seuls les jours qui viennent et l’avenir un peu plus lointain nous le diront. Espérons seulement que, sur un malentendu à la Jean-Claude Dusse, la France en tire avantage (même si nous ne voyons pas trop comment)…

(1) Le leur, pas le nôtre...

10:56 Publié dans Maurice Bernard | Lien permanent | Commentaires (0) | |  Facebook | |

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