dimanche, 11 mai 2025
La question ethnique africaine si obstinément niée par l’ « école africaniste française »
Bernard Lugan L'Afrique réelle cliquez ici
Ce numéro de l’Afrique Réelle a pour coeur la question ethnique africaine si obstinément niée par l’ « école africaniste française » et par les « africanistes » du Quai d’Orsay.
Ainsi en est-il de la guerre du Burkina Faso clairement inscrite dans un cadre sous-régional englobant le sud du Mali, le Niger fluvial, le nord de la Côte d’Ivoire, du Ghana, du Togo et du Bénin.
Or, dans toutes ces régions, le soubassement de la dislocation est formé par la résurgence de conflits ethniques antérieurs à la période coloniale. Renaissant actuellement sous forme de querelles paysannes amplifiées par la surpopulation et par la péjoration climatique, ils entrent ensuite tout à fait artificiellement mais directement, dans le champ du jihad, cette surinfection de la plaie ethnique.
Dans le Mali central et dans le nord du Burkina Faso, les actuels massacres ethniques découlent ainsi d’abord de conflits datant de la fin du XVIIIe siècle et de la première moitié du XIXe siècle, quand la région fut conquise par des éleveurs Peul dont l’impérialisme s’abritait derrière le paravent du jihad comme cela est expliqué dans mon livre Histoire du Sahel des origines à nos jours.
Il faut en effet bien voir que c’est d’abord sur le socle de ces souvenirs toujours présents dans les mémoires que le sud du Mali, l’ancien Macina historique, région administrative de Mopti, s’embrasa avant de déborder au Burkina Faso.
En partie composé du delta intérieur du Niger, la région est partiellement inondée une partie de l’année, donnant naissance à des zones exondées très fertiles convoitées à la fois par les agriculteurs Dogon, Songhay, Bambara et autres, ainsi que par les éleveurs Peul. Or, les jihadistes du Macina et du Burkina Faso étant essentiellement des Peul, l’ethnisation du conflit y a donc pris une forme de plus en plus radicale.
Au Nigeria, la principale raison des massacres qui ensanglantent actuellement le centre du pays est la reprise du jihad colonial peul qui avait été mis entre parenthèses par la colonisation britannique.
Au Tchad, les ethnies transfrontalières sont ulcérées de voir que le président Déby soutient les milices arabes qui, à l’époque précoloniale les réduisaient en esclavage, et qui, lors de la guerre du Darfour des années 2000, ont quasi-ethnocidé les leurs.
Quant au Soudan du Sud, il sombre sous nos yeux dans une guerre civile que la sous-culture journalistique voit comme un conflit entre l’armée gouvernementale et des forces rebelles. Alors qu’en réalité, et une fois encore, nous sommes en présence d’une guerre d'abord ethno-tribale entre les deux principales ethnies du pays, les Dinka et les Nuer.
Et certains idéologues continueront à soutenir avec Jean-Pierre Chrétien, Jean-Loup Amselle et Catherine Coquery-Vidrovitch, que les ethnies africaines sont un « fantasme colonial »...
23:27 Publié dans Revue de presse | Lien permanent | Commentaires (0) | |
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