mardi, 12 avril 2011
Réflexions « à chaud » après l’arrestation de Laurent Gbagbo...
Par Bernard Lugan
L'Afrique réelle
En quatre mois de crise, Laurent Gbagbo n’aura commis qu’une seule véritable erreur politique, celle de déclarer la guerre à la France. Elle lui fut fatale. Revenons sur les trois jours qui firent basculer la Côte d’Ivoire afin de bien comprendre comment l’histoire s’est subitement emballée.
- Le samedi 9 avril, la zone de l’hôtel du Golf fut bombardée par les partisans de Laurent Gbagbo ce qui signifiait donc qu’ils disposaient encore de ces « armes lourdes» que la France avait pour mandat de réduire au silence afin de protéger les populations civiles.
- Le dimanche 10 avril, et bien que le camp Gbagbo eut dénoncé ces bombardements comme étant une provocation, les hélicoptères de la force Licorne attaquèrent la résidence présidentielle où ils détruisirent plusieurs véhicules armés. Les partisans de Laurent Gbagbo demandèrent alors aux miliciens de s’en prendre directement aux soldats français. A partir de ce moment, la force Licorne fut dans une impasse. Elle risqua même d’être aspirée dans un engrenage incontrôlable car le camp Ouattara la poussait à intervenir plus directement, cependant que le camp Gbagbo guettait son moindre faux pas pour pouvoir crier au néocolonialisme. Pour l’état-major français la priorité fut dès lors de sortir rapidement de ce double piège.
- Le lundi 11 avril, la solution fut trouvée par le haut, au terme d’une opération militaire parfaitement menée. Les hélicoptères français procédèrent à des frappes sévères qui réduisirent les derniers défenseurs de Laurent Gbagbo, cependant que d’autres troupes ouvraient le chemin aux forces d’Alassane Ouattara. Ce furent bien ces dernières qui pénétrèrent dans la résidence présidentielle et qui arrêtèrent l’ancien président. Mais sans le fort « coup de main » français, elles en auraient été incapables.
L’arrestation de Laurent Gbagbo ne doit pas faire oublier que la Côte d’Ivoire est coupée en deux et que toute création d’un gouvernement d’unité nationale ne serait que colmatage. De plus, Alassane Ouattara est, qu’on le veuille ou non, arrivé au pouvoir dans les fourgons de l’ancien colonisateur, ce qui ne va certainement pas renforcer son prestige aux yeux des 46% d’Ivoiriens qui ont voté pour Laurent Gbagbo lors du second tour des élections présidentielles.
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