mardi, 08 novembre 2011
Toutes “leurs” envies en triple A...
La chronique de Philippe Randa
Rappelez-vous, à l’été 2007, François Fillon, Premier Ministre inamovible du président Nicolas Sarkozy, avait lâché le morceau : « Les caisses sont vides ! »
Un tel constat resta sans suite : entre ceux qui jugeaient ses propos inutilement alarmistes, ceux qui les contestaient ou ceux encore qui estimaient qu’on le savait depuis longtemps, personne ne précisa alors que non, les caisses de la France n’étaient pas seulement vides, elles étaient déjà dramatiquement trouées par un endettement vertigineux : car il y a une différence de poids entre avoir les poches vides et avoir des dettes. Comme il y a une différence tout aussi notable entre avoir des dettes… et être surendetté !
Des dettes, la plupart des citoyens ne disposant pas d’une fortune personnelle à sa naissance en a eu, en a permanence ou est susceptible d’en contracter dans l’avenir. On ne dit pas dette, alors, mais “crédit”… Mais qu’est-ce qu’un crédit, sinon une dette sous appellation plus politiquement correcte ? De même qu’on ne dit plus “balayeur”, mais “technicien de surface”, “vagabond”, mais “sans domicile fixe”, “indigent”, mais “en situation précaire”…
Alors, au-delà des chiffres mis en avant par les uns et les autres et des chicanes autour de ceux-ci pour comprendre à quoi ils correspondent exactement, leur gravité ou leur normalité suivant les points de vue des brillants économistes et des non-moins compétents politiciens, toutes tendances confondues, il est une froide réalité, bien plus lourde de conséquences : le plan de rigueur que François Fillon vient d’annoncer et qui est à 70 % une augmentation pure et simple d’impôts, n’a qu’un seul objectif avoué : permettre à notre pays de conserver sa cotation triple A.
Soit la possibilité de continuer à emprunter encore et toujours.
Et nul doute que la quasi-totalité de la classe française se réjouira que nous conservions coûte que coûte cette notation à laquelle les gouvernements qui en disposent s’accrochent ou tentent de s’accrocher désespérément, en oubliant l’article 4 de la loi n° 2010-737 du 1er juillet 2010 portant réforme du crédit à la consommation et qui est pourtant rappelé à tout citoyen désirant emprunter auprès de sa banque : « Un crédit vous engage et doit être remboursé. Vérifiez vos capacités de remboursement avant de vous engager. »
Toute l’énergie de l’actuel gouvernement français est donc déployée à conserver la possibilité d’augmenter ses det… non : de bénéficier de crédits supplémentaires !
Ce mercredi sort dans les salles de cinéma le film de Philippe Lioret Toutes nos envies dont le sujet est le surendettement. Face aux représentants des sociétés de crédit sans scrupules qui sont les “méchants” du film, cyniques et sans états d'âme, les personnages de Vincent Lindon et de Marie Gillain “se lancent dans une bataille loin d'être gagnée d'avance”, lit-on sur le site internet du Nouvel Observateur dont le titre est explicite : ““Toutes nos envies” : dans la spirale du surendettement”.
Mais c’est du cinéma bien sûr… Dans la réalité, la bataille des contribuables français est, elle, officiellement, programmée perdue d’avance.
09:34 Publié dans Philippe Randa | Lien permanent | Commentaires (0) | | Facebook | |
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