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samedi, 23 mars 2019

Du désordre et de la dictature

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Jean-Gilles Malliarakis L'Insolent cliquez ici

Évoquant le centenaire de la création du fascisme par Mussolini, le 23 mars 1919 à Milan, Le Figaro le situe sur le terrain de l'architecture. Cette représentation ne doit pas être tenue pour superficielle ou fortuite. Elle illustre cette longue période de 20 ans, le Ventennio (1922-1943) pendant lesquels, à Rome, un seul homme, nommé par le roi, investi par la chambre des députés, exerça les fonctions de président du Conseil.

Quelques formules chocs peuvent, un siècle plus tard, résumer la pensée et l'action de Mussolini, personnage assurément hors du commun, qui disait : "notre doctrine, c'est le fait" et "notre programme c'est de gouverner l'Italie".

Son mouvement prit le pouvoir, en octobre 1922, en réaction à une grande période d'anarchie qui agitait la Péninsule depuis 1918.

On gagnerait, aujourd'hui, à se souvenir de l'époque qui suivit les désordres de mai 1968. Le 12 novembre 1968 avait été promulguée la loi Edgar Faure. Celle-ci autorisait les réunions et débats politiques dans les locaux universitaires. Depuis des semaines, gauchistes et communistes exerçaient un véritable monopole sur le bénéfice de cette liberté. Dans un tel contexte, votre serviteur, en compagnie de quelques camarades, avait décidé de leur arracher cet arrogant privilège. Nous évoquâmes ainsi, très exactement le 23 mars 1969, le 50e anniversaire des Faisceaux dans l'amphithéâtre Émile Boutmy de la rue Saint-Guillaume, répondant courtoisement à nos contradicteurs de gauche. Je me souviens encore avec amusement, dois-je le dire, de l'intervention d'un des responsables des socialistes de Sciences-Po sur le thème "nous t'aimons bien mais nous craignons tes tontons macoutes." Par cette expression injurieuse il désignait les courageux amis sans la présence desquels notre liberté d'expression aurait évidemment été bafouée.

Pour faire court, on devrait considérer que le terme fascisme en général, mot-valise privé de sens précis hors de son contexte italien et historique, celui des années 1920, ne veut pas dire autre chose que dictature, institution romaine de courte durée.

On pourrait parler de fascisme chilien, par exemple, pour la gouvernement d'Ibañez del Campo qui exerça une dictature présidentielle dans les années 1920, et fut réélu comme chef d'État respecté de 1952 à 1958 sous une étiquette vaguement démocrate chrétienne. Il mourut dans son lit en 1960. Un aéroport international porte son nom près de la bonne ville de Puntas Arenas.

Nous confondons trop souvent dictature et totalitarisme. S'agissant du fascisme italien, et de son chef, l'assimilation, qu'on peut juger trompeuse, vient de raisons spécifiques.

La première prend au sérieux un slogan occasionnellement avancé par son fondateur "tout dans l'État, rien en dehors de l'État, rien contre l'État". Dans la pratique, il en fut tout autrement.

La seconde résulta de l'alliance parfaitement nuisible à laquelle il fut acculé par la politique des sanctions de 1935, décidées par les deux plus grands empires du monde, lors de la guerre d'Éthiopie.

Parallèlement, à partir de 1931 la crise mondiale atteint l'Italie.

En 1933 le régime crée l'INPS, Institut national de la prévoyance sociale qui, aujourd'hui encore verse aux anciens salariés du secteur privé les pensions étatisées [1]. Le fonctionnement de cet organisme fait que les comptes nationaux en incorporent les engagements dans la dette du pays, contrairement à la France qui ne calcule pas les engagements équivalents des caisses de retraite, ni ceux du trésor public débiteur des pensions de la fonction publique. Un détail que l'on n'évoque jamais.

La même année est créé l'Institut de reconstruction industrielle IRI / Istituto per la Ricostruzione Industriale.

Entre-temps en 1932 est confié à Giovanni Gentile, philosophe hégélien le soin d'écrire un petit livre sous le titre Doctrine du fascisme qui permet de croire que l'on a affaire à une forme de socialisme étatiste. Son admirateur Drieu la Rochelle publiera en France de son côté, en 1934 aux éditions Gallimard, un petit livre au titre révélateur de Socialisme fasciste [2].

Sans insister trop lourdement il peut être soutenu que toutes ces bifurcations résultent des circonstances, aussi bien de la crise mondiale que des sanctions internationales qui acculèrent Mussolini dans une alliance contre nature, funeste et non désirée [3].

Pendant la période ascendante du Ventennio, BM s'inscrit avant tout en rupture avec le marxisme et le socialisme étatiste.

Il déclare à la veille de la marche sur Rome, le 20 septembre 1922 : "Il faut en finir avec l'État ferroviaire, avec l'État postier, avec l'État assureur." Le 18 mars 1923, il précise : "Je pense que l'État doit renoncer à ses fonctions économiques et surtout à celles qui s'exercent par des monopoles, parce qu'en cette matière l'État est incompétent." Son gouvernement transfère ainsi au privé plusieurs monopoles, créant un Consortium des fabricants d'allumettes ; en 1925, l'État se désengage des téléphones, et renonce à l'exécution de certains travaux publics. Par la loi du 19 avril 1923, il transfère l'assurance-vie au secteur privé. L'article 7 de la Charte du travail de 1927 réaffirme l'efficacité de l'initiative privée. L'article 9 dispose que l’État ne doit intervenir qu'en cas de déficience de celle-ci.

Ce fut hélas ce qui se produisit au lendemain de la crise de 1929.

 

Notes

[1] Les Anziani correspondent aux vieux travailleurs, aux profit desquels le gouvernement Darlan institua la retraite, promise mais non réalisée par le Front populaire de 1936. Son réalisateur René Belin (1898-1977), ministre du Travail, de 1940 à 1942, était l'ancien secrétaire général adjoint de la CGT. C'est à lui que l'on doit le système de la retraite dite par répartition. En cette occasion le maréchal Pétain souligna : "je tiens toutes mes promesses, je tiens même celle des autres lorsqu'elles sont fondées sur la justice".

[2] Actuellement disponible en pdf sur un site belge

https://drieu.be/Socialisme%20fasciste%20(1934).pdf

[3] Lire à ce sujet "Les Illusions de Stresa" - L'Italie abandonnée à Hitler - de Léon Noël, ed. France Empire 1975, 208 pages

17:51 Publié dans Revue de presse | Lien permanent | Commentaires (0) | |  Facebook | |

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