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mardi, 17 octobre 2023

Emmanuelle Mignon, le retour

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Le billet de Patrick Parment

La droite est dans la panade. Mais de quelle droite parle-t-on ? Des Républicains en particulier, car nous excluons les centristes dont le cœur balance toujours de droite à gauche et vice-versa. Il n’y a pas d’idées chez les centristes, mais des postures au gré de leurs intérêts électoraux. C’est, pour faire un mot, la France frileuse (1). Ce n’est donc pas de ce côté de la barrière politique qu’il faut chercher des solutions. Pas plus d’ailleurs que du côté du Rassemblement national, tant Marine le Pen a vitrifié l’héritage de son père. Reste que le RN demeure un « gueuloir » pour les populations en souffrance et qu’il a su, il faut le reconnaître, capter les voix de ce peuple de gauche qui ne se reconnaît plus dans ce qui hier encore était la gauche. Mais aussi les voix d’ex-RPR-UMP, largement fait cocus par un certain Chirac.

A droite, donc, les Républicains. Mais, là encore, la discorde pointe son nez entre les tenants d’un soi-disant gaullisme social, genre Xavier Bertrand, et d’un courant « pasquaïen » qu’illustre son actuel patron, Eric Ciotti. Ce qui hier encore représentait la droite a été vidé de toute substance par un Jacques Chirac plus radical-socialiste que jamais, adversaire de toute idée, surtout si elle est musclée et plus encore pour des raisons électoralistes, capable de dire tout et son contraire. Reste que sur le fond, l’absence de toute idée à droite remonte à la Libération, date à laquelle la gauche a mis la main sur le débat intellectuel. Mai 1968 n’a fait qu’accentuer la décomposition de la pensée française pour en arriver au point où nous en sommes aujourd’hui (2).

A l’UMP hier encore, Nicolas Sarkozy a fait illusion en jouant les Arnold Schwarzenegger du haut de son mètre cinquante. Si l’homme avait la parole ferme et parfois séduisante, force est d’admettre qu’elle ne fut suivie d’aucun effet. L’immigration a continué et cette classe moyenne qu’il entendait défendre s’est faite essorée. Quand on songe qu’il a encore des affidés, ça laisse rêveur, lui, le nouveau pote à Macron. Deux hommes en ont bien conscience : Eric Ciotti et Olivier Marleix, le patron du groupe Républicains à l’Assemblée nationale. Reste qu’Eric Ciotti s’est souvenu que c’est une certaine Emmanuelle Mignon, qui avait élaboré le programme de Sarko qui lui avait permis de se faire élire. Il a donc sollicité la dame qui s’était largement retirée de toute vie politique, le camarade Sarko l’ayant largement oublié dans la distribution des récompenses. Mais qui est cette dame aux atours si précieux, que Ciotti l’a illico nommée vice-présidente des Républicains en charge… du futur programme de gouvernement des Républicains. Sans que l’on sache d’ailleurs qui se chargera de le vendre aux Français. Dame Mignon a commencé par faire l’Essec puis l’ENA dont elle est sortie major. Ce qui lui a permis d’entrer au Conseil d’Etat. Bonne catholique, elle avait aussi commencé une licence de théologie avant de rencontrer Sarko déguisé en Bernadette Soubirou. C’est sur les conseils de Renaud Denoix de Saint-Marc, alors vice-président du Conseil d’Etat, que Sarko, alors ministre, va engager Emmanuelle Mignon en lui fixant comme objectif d’élaborer son futur programme en vue de la présidentielle. La dame est assurément ce que l’on appelle une grosse tête, une bosseuse, mais son drame, à l’image d’un Juppé, est d’être formaté par cette institution qui ne fournit que des fonctionnaires et pas des Hommes de culture et d’idées. A l’Ena on apprend (« rien » m’avouait un de mes amis énarque) à décortiquer tous les codes administratifs et l’on a une approche purement technique du fonctionnement de l’Etat. Si les énarques sont utiles, ils ne sont pas essentiels. Or, la politique c’est d’abord l’émotion et le verbe comme sut le manier en artiste un Jean-Marie Le Pen. Inutile de dire que dame Mignon, si respectable soit-elle, est à mille lieues de ces incandescences des sens que requiert le politique. A droite, rien de nouveau !

(1) On vous renvoie sur ce sujet aux Modérés d’Abel Bonnard qui n’a pas pris une ride.

(2) C’est largement du côté de ce que l’on nomme l’extrême-droite que se situe le réel débat intellectuel hier et aujourd'hui, largement animé par le GRECE et sa tête pensante, Alain de Benoist depuis cinquante ans maintenant. 

02:50 Publié dans Le Billet de Patrick Parment | Lien permanent | Commentaires (0) | |  Facebook | |

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