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lundi, 21 juillet 2025

Jean-Marie Le Pen et la Bretagne

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Propos recueillis par Thierry DeCruzy

Présent du 28 juillet 2015

Avec la Corse, la Bretagne est la région de France qui a la plus forte conscience de son identité, à votre avis, cela vient de la mer, de la religion, de la langue ?

Cela tient d’abord à sa position excentrée qui tient un rôle important. La Corse est une île éloignée de la métropole et la Bretagne est une presqu’il cernée de mers, ce n’est pas une région de passage. Cela tient aussi à son identité ethnique et culturelle encore qu’elle soit plus évidente en Corse, malgré la présence de 30% de maghrébins, qu’en Bretagne avec des mélanges de population à base de retraités de l’intérieur venus des grandes villes de France.

Par exemple, aux dernières élections municipales, des candidats « parisiens » ont battu les candidats résidents à La Trinité, ma commune natale dans laquelle j’ai une maison où je passe quelques jours en famille tous les ans.

Comment votre carrière politique prend-elle racine dans l’histoire de votre famille et la terre bretonne ?

Mon père était un jeune conseiller municipal, c’est lui qui a ouvert la voie publique à notre famille. J’ai été candidat une fois en Bretagne lors d’une législative partielle en décembre 1983, l’année de l’émergence du FN, une circonscription qui comprenait La Trinité, Auray, Quiberon… où j’ai fait 12% et même 58% à La Trinité. Cette circonscription est dans le Morbihan, le seul département qui n’ait pas un nom français. Au début de la même année, j’avais aussi fait 11,3% dans le XXe arrondissement de Paris et Stirbois avait fait 17% en septembre à Dreux.

Pourquoi la Bretagne défend si bien son identité, mais vote à gauche ?

Ce n’est pas contradictoire, mais c’est un problème complexe. Les traditions sont maintenues par des groupes folkloriques très vivants aussi bien par la musique que la danse et le costume. La raison de ce gauchisme électoral vient du clergé assez nettement orienté à gauche, du journal Ouest-France de centre-gauche pour ne pas dire plus et une frustration sociale qui tient à l’effort fait par les générations précédentes pour que leurs enfants s’embourgeoisent et qui s’aperçoivent qu’avec Bac + 6, ils ne peuvent trouver que des positions de caissière dans les supermarchés alors que les parents s’attendaient à des carrières de notaire, d’architecte ou de médecin.

Joseph Canteloube dit que le Breton est l’homme le plus mystique de France. L’incendie de l’église de Nantes n’est-il pas un appel à entretenir notre patrimoine ?

Il y a eu aussi l’incendie du Parlement de Rennes par des manifestants en 1994 et ma maison a brûlé, mais je n’y ai pas identifié un signe du ciel. La religion catholique s’est effondrée et avec elle le cadre social et moral qu’elle entretenait pour l’ensemble des citoyens. Cette révolution n’a pas fini de porter ses fruits empoisonnés et il est certain que les bâtiments ne sont que l’expression matérielle de la foi. Ce sont les fidèles qui font la foi. On ne pourra pas s’éreinter à maintenir en l’état des églises, des cathédrales, des lieux de culte s’il n’y a pas de croyants pour les remplir et les financer. Il y en a trop, il faudrait que les clercs le réalisent. Il est certain que la rupture du rite a constitué un choc traumatique. Les populations attendaient tout au long des siècles le guide de la Tradition, pour se sentir rassurées et confortées dans leur angoisse existentielle.

La défense de la tradition, politique et spirituelle, s’est incarnée dans votre combat et celui de Mgr Lefebvre. Ne peut-on voir dans ces deux actions à la portée internationale, une sorte de prédestination de la France ?

Il y a un certain parallélisme entre le combat de Mgr Lefebvre, défenseur de la Tradition spirituelle, et mon combat pour la tradition nationale. Nous sommes tout deux Français et la France a une portée internationale due à sa place géographique centrale en Europe et l’Europe dans le monde sur le plan culturel. La France a un rayonnement qui la dépasse parce qu’elle est la fille aînée de l’Église. Est-elle digne des promesses de son baptême ? Le matérialisme triomphant est l’ennemi de l’idéalisme religieux. Mais pour peu que la situation devienne gravement insécuritaire, sans doute les yeux se tourneront alors vers le Ciel. Il n’y a jamais eu autant de monde à Sainte-Anne-d’Auray que pendant la guerre.

Les Bretons venus de Grande-Bretagne ne sont pas des Saxons, mais des Celtes. La Bretagne a été évangélisée par des moines irlandais d’où la tradition de noms de famille et prénoms (David, Salomon, Abraham…) donnés aux païens, il y a encore un Pays Pagan en Bretagne.

Une tradition dit que lorsque Paris sera engloutie, la ville d’Ys resurgira des profondeurs. Par Is signifiant en breton pareille à Ys. La Bretagne au bout de la terre, à la pointe de l’Europe offre-t-elle une réponse aux questionnements actuels sur notre identité française et européenne ?

À propos de la légende bretonne de la ville d’Ys, je me souviens que le premier opéra auquel j’ai assisté à Paris était Le Roi d’Ys de Lalo. Je ne vois pas de lien entre la légende et ce qui est en train de se passer. La perspective des prochaines décennies est tellement angoissante qu’elle détourne les gens de toute projection d’avenir. Nous allons subir une déferlante migratoire de très grande dimension, fruit de l’imprévision, de l’hédonisme, de l’aveuglement de nos dirigeants et de l’affaiblissement vital démographique, nous avons un taux de renouvellement de nos populations de 1,4 par femme, sauf dans quelques familles. L’Europe compte 700 millions d’individus – âge moyen 45 ans, taux de reproduction 1,4 enfant par femme –, en face 6 milliards, âge moyen 20 ans, taux de reproduction 3, 4 voire 5 enfants par femmes. Le résultat est déjà écrit : mektoub (« c’est écrit » en arabe).

L’immigration représente 1/3 des naissances. Le maire de Béziers a fait constater que dans les écoles de sa ville la proportion de musulmans est des 2/3, mais c’est aussi le cas dans le Vaucluse et dans beaucoup de villes françaises.

L’avoir dit et répété pendant 40 ans m’a valu d’être mis au ban de la société politico-médiatique, parfois même avec la complicité de notre camp.

Les forces vives de la Bretagne peuvent-elles encore donner des raisons d’espérer un éventuel réveil français ?

Je ne crois pas. Il y a une homogénéisation du peuple français. Il a une moins grande densité d’immigrés, mais je ne vois aucun signe particulier qui soit spécifiquement breton. Pour moi, même les actions récentes des « bonnets rouges » ne constituent pas une réaction significative.

Entretien publié dans le Cahier d'Histoire du nationalisme n°29, "Le menhir est immortel", publié en février 2025 cliquez ici

Sur Breizh info, il y a dix ans :

10:56 Publié dans Jean-Marie Le Pen | Lien permanent | Commentaires (0) | |  Facebook | |

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