Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

jeudi, 25 décembre 2025

Avec Thierry Bouclier, à la découverte de Roger Nimier

nimier41.jpg

Entretien avec Thierry Bouclier (Propos recueillis par Fabrice Dutilleul)

Avocat à la Cour et docteur en droit, spécialiste en droit fiscal, Thierry Bouclier est l’auteur de polars et de plusieurs essais politiques et historiques. Il est notamment le biographe du célèbre avocat Jean-Louis Tixier-Vignancour et l’auteur de l’essai La Gauche ou le monopole de la violence, de 1789 à nos jours. Il a également publié la biographie d’A.D.G., le maître du roman policier, celles des romanciers Alphonse de Châteaubriant, Pierre Drieu la Rochelle et Roger Nimier et de l’historien Jacques Benoist-Méchin, aux éditions Pardès et Lif, dans la collection « Qui suis-je ? »

En quelques mots, rappelez-nous qui était Roger Nimier…

Né le 31 octobre 1925, Roger Nimier appartient à la génération ayant eu vingt ans en 1945. Trois ans plus tard, il a publié son premier roman Les Épées, particulièrement irrévérencieux envers l’esprit résistantialiste qui régnait à l’époque en France. Sa frénésie littéraire était telle qu’il a écrit six autres livres en cinq ans, parmi lesquels son chef-d’œuvre, Le Hussard bleu, un essai consacré à Georges Bernanos, Le Grand d’Espagne, et un roman teinté d’amertume, Les Enfants tristes. En 1953, il a promis à l’écrivain Jacques Chardonne de ne plus rien publier pendant dix ans. Et il a tenu parole.

Il n’en a pas moins poursuivi une activité de journaliste dans la presse écrite et de dialoguiste pour le cinéma, notamment pour le film de Louis Malle, Ascenseur pour l’échafaud.

Entre-temps, il a été sacré, par le critique littéraire Bernard Frank, chef de file du mouvement des hussards, aux côtés des écrivains Antoine Blondin et Jacques Laurent, qui ont rapidement été rejoints par Michel Déon. Dénonçant la pesanteur sartrienne et l’Épuration littéraire de l’après-guerre, il a contribué à redonner toute leur place, dans le monde des lettres, à Jacques Chardonne, Paul Morand, André Fraigneau et Louis-Ferdinand Céline.

Féru de voitures et de vitesse, il s’est tué dans un accident de la route le 28 septembre 1962, aux côtés de la jeune romancière Sunsiaré de Larcône, quelques jours avant la sortie de son nouveau roman, D’Artagnan amoureux ou Cinq ans avant.

Il semble que contrairement à d’autres auteurs « de droite », il n’a pas été diabolisé ; est-ce parce qu’il est mort jeune accidentellement ?

Il n’a effectivement jamais été diabolisé. Depuis sa mort tragique, il y a même toujours eu une mode Nimier, un peu comme il existe une mode Drieu la Rochelle ou Céline. Même s’il a pris la défense des proscrits de l’Épuration et s’est dressé contre la pesanteur sartrienne de l’après-guerre, il n’a jamais eu le moindre rapport avec le régime de Vichy. Cela aide à échapper au sceau de l’infamie. Une mort prématurée est également souvent un tremplin pour entrer dans la légende.

Pourtant, son œuvre, comme sa vie, sont marquées par tout ce que notre époque proscrit. Il était libre et insolent. Amoureux de ce qu’il est aujourd’hui interdit d’aimer : les femmes, l’alcool et la vitesse. Étranger à tout sectarisme. Auteur à succès d’une droite dépouillée de ses complexes. Fidèle en amitié et reconnaissant envers ses anciens. En révolte contre les pesanteurs intellectuelles et politiques de son temps. Inclassable et rempli de paradoxes. Idéaliste, mais sans illusions. Farceur au regard rempli de tristesse. Brillant, sans jamais se prendre au sérieux. Provocateur et frondeur. Impitoyable envers les prétentieux et les sentencieux.

Toute son œuvre est-elle encore d’actualité ?  Et quel livre de Roger Nimier conseilleriez-vous à un lecteur voulant le découvrir ?

Certains livres sont naturellement datés. Mais ses chroniques littéraires et portraits d’écrivains, regroupés dans les deux tomes des Journées de lecture et L’Élève d’Aristote restent immuables, à l’image de ceux figurant dans Les quatre Jeudis de Robert Brasillach. Un livre à conseiller ? Je ferai une réponse sans originalité : Le Hussard bleu. Un livre qui ne peut laisser aucun lecteur indifférent.

Nimier-Bouclier.jpg

 

Qui suis-Je ? Nimier,

Thierry Bouclier, 

éditions Lif,

128 pages, 

15,00 €.

Pour obtenir ce livre, cliquez ici

18:00 Publié dans Livres, Rencontre avec... | Lien permanent | Commentaires (0) | |  Facebook | |