Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

vendredi, 24 octobre 2014

APRÈS LA BELGIQUE, Le Canada touché par le terrorisme islamique

 canada otawa 1.jpgMichel Lhomme

Métamag cliquez ici

La police canadienne a abattu le tireur qui a fait irruption dans le bâtiment du Parlement d'Ottawa après une fusillade qui a tué un militaire mercredi matin à Ottawa. Près de cinq heures après les premiers coups de feu, les autorités canadiennes donnaient peu de détails sur les événements, se contentant de confirmer la mort d’un suspect et une opération policière était toujours en cours mercredi soir sur la colline parlementaire, épicentre du pouvoir politique au Canada. Les coups de feu semblent avoir été le fait de plusieurs tireurs. Des journalistes ont en effet rapporté que des détonations ont retenti à trois endroits de la ville, supposant donc une attaque groupée et planifiée. La police canadienne qui a abattu le tireur du Parlement rechercherait toujours deux autres individus armés. Par ailleurs, l'armée canadienne vient de donner l’ordre aux militaires de ne pas porter leur uniforme en public et le gouvernement fédéral a relevé le niveau d'alerte terroriste de « bas » à « moyen ». Du jamais-vu dans un pays habitué à voir des soldats vaquer à leurs occupations quotidiennes en uniforme, près de leurs bases. 

C'est donc mercredi matin, vers 9 h 50 heure locale que deux militaires en fonction près du monument aux morts situé tout près du Parlement canadien ont été la cible d’un homme qui a ouvert le feu avant de prendre la fuite,selon des témoins cités par la presse locale. Plusieurs coups de feu ont ensuite été échangés au Parlement fédéral, où certains élus se sont même barricadés. Les autorités refusent pour l’instant de dire si le suspect abattu fait partie des 90 personnes identifiées par les renseignements canadiens pour leurs sympathies présumées pour l’Islam radical. Mais tous les regards se portent sur cette piste. En effet, le Canada était déjà entré en turbulences, depuis quelques jours, après la mort d’un soldat canadien tué par un converti à l’Islam radical à Saint-Jean-sur-Richelieu, près de Montréal. Le Premier ministre du Québec, Philippe Couillard, a d'ailleurs immédiatement établi un lien entre les fusillades d’Ottawa et l’attentat de Saint-Jean-sur-Richelieu.  

 A Saint-Jean, l'auteur de cet attentat était un certain Martin Couture-Rouleau, un jeune homme apparemment sans histoires mais qui avait basculé dans l’extrémisme islamique après une conversion à l’Islam, au printemps dernier. Amateur de théories du complot et grand consommateur de littérature djihadiste, Martin Couture-Rouleau planifiait, selon les médias canadiens, de se rendre bientôt en Syrie. Saint-Jean-sur-Richelieu est une ville de banlieue paisible mais surtout connue pour sa garnison militaire. En voiture, Martin Couture-Rouleau avait foncé sur des soldats canadiens avant d’être abattu par les forces de l’ordre. Martin «Ahmad» Rouleau faisait de la propagande djihadiste depuis des mois sur les réseaux sociaux, selon le quotidien La Presse. Il était connu des autorités policières et s'était radicalisé récemment selon le Bureau du premier ministre. La Presse, quotidien canadien avait en effet retrouvé sur les réseaux sociaux différents profils d'un homme qui se présentait sous le nom de Ahmad Rouleau et dont la date de naissance correspond à celle de Martin Rouleau. Au printemps, il y publiait des propos propres au djihad islamique : « Aux hypocrites, hommes et femmes, et aux mécréants, Allah a promis le feu de l'Enfer pour qu'ils y demeurent éternellement. C'est suffisant pour eux. Allah les a maudits. Et pour eux, il y aura un châtiment permanent ». Martin Rouleau avait donc renversé deux militaires dans un stationnement commercial, près du centre-ville de Saint-Jean, avant de prendre la fuite. Quelques kilomètres plus loin, il avait évité un tapis clouté déposé par la police canadienne et fait une sortie de route avant d'être touché par les balles des policiers. Il était armé d'un couteau.


A Ottawa, l'un des tireurs de la fusillade d'hier a aussi été identifié et il s'agit de Michael Zehaf-Bibeau. C'est un Canadien de 32 ans considéré par les services de renseignements comme un «voyageur à haut risque» qui s’était fait récemment retirer son passeport pour radicalisation islamiste. Le centre d'Ottawa a été totalement bouclé. Des commandos des forces spéciales de la police lourdement armés ont été déployés immédiatement autour du bureau du Premier ministre canadien, Stephen Harper, et du Parlement fédéral. Sur les 90 individus suivis par les services de renseignement et la police, 80 sont revenus récemment de zones de guerre, et plus spécialement d’Irak et de Syrie, avait indiqué au début du mois le gouvernement. Ottawa avait alors appelé la population à la plus grande vigilance face à de possibles actes extrémistes sur son sol. Le Canada a rallié la coalition emmenée par les Etats-Unis pour combattre le groupe Etat islamique en Irak.

50 Canadiens seraient impliqués dans les activités du groupe armé État islamique (EI), dont une trentaine en Syrie, avait affirmé lundi un haut gradé des services de renseignements canadiens, Jeff Yaworski, directeur adjoint des opérations du Service canadien du renseignement de sécurité (SCRS) au Comité sénatorial de la sécurité nationale. Il est le deuxième dirigeant du service d'espionnage à ainsi comparaître en comité parlementaire en quelques jours. En effet, le directeur Michel Coulombe avait aussi déclaré, il y a deux semaines, que la menace terroriste sur le Canada était « bien réelle ». Mais, nous nous étonnons un peu de ces nombreuses apparitions publiques des services de renseignement canadien de ces derniers jours qui surviennent au moment propice où le gouvernement Harper s'apprête à déposer un projet de loi qui élargira les pouvoirs d'enquête de leur organisme !? Parlant de ce projet lundi, Yaworski affirmait ainsi en s'en réjouissant que ces changements devraient «confirmer notre habilité d'opérer à l'international ». Il ajoutait : « Comme le démontrent les discussions sur le terrorisme et l'EI, l'habilité du SCRS de travailler à l'étranger est vitale pour faire face à la menace contre la sécurité nationale du Canada ». Il précisait aussi que le SCRS a maintenu une présence en Afghanistan depuis le retrait des troupes canadiennes et que le nombre de Canadiens qui se livrent à des activités terroristes à l'étranger atteignait vraisemblablement 145. Son patron avait parlé de 130 la semaine dernière. Puis toujours ce lundi, il avait parlé de 90 personnes de retour de Syrie et d'Irak qui pouvaient être considérées comme actives, en évoquant aussi le chiffre surprenant de 225 personnes que l'on pouvait considérer comme des Islamistes radicaux présents sur le territoire canadien. Enfin, à une réponse lue en anglais par le sénateur conservateur Jean-Guy Dagenais, M. Yaworski avait indiqué qu'il « y a une menace » qui pèse contre les installations nucléaires canadiennes, dont celles en Ontario. «Elles sont une cible potentielle, mais à ce stade-ci, je dirais qu'il n'y a rien d'imminent», avait-t-il précisé. Dans sa question, le sénateur Dagenais évoquait la décision de la Commission canadienne de la sûreté nucléaire rendue publique la semaine dernière de distribuer des comprimés antiradiation à des centaines de milliers de personnes qui vivent à proximité de ces installations en Ontario.

Franchement, ces déclarations de lundi nous avaient surpris. Le directeur des renseignements canadiens n'insistait-il pas un peu trop ? Que cherchait-il donc à défendre coûte que coûte, justement ce fameux projet d'extension des activités secrètes du gouvernement Harper ? Après l'attentat de Saint-Jean sur Richelieu, la classe politique canadienne avait continué de tergiverser sur le projet et avait eu peur de stigmatiser les musulmans de ce pays multiculturel qu'est le Canada ! Nous étions justement en train d'écrire ce compte-rendu des déclarations des services de renseignement canadien de lundi avec celui de l'attentat de Saint-Jean sur Richelieu quand le fax de l'attentat d'Ottawa tombait précisément sur notre bureau.

14:40 Publié dans Michel Lhomme | Lien permanent | Commentaires (0) | |  Facebook | |

Les commentaires sont fermés.