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dimanche, 20 novembre 2016

Sur la longue durée, Donald Trump n’est pas une surprise*

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Georges Feltin-Tracol

Contrairement aux idées reçues, finance et politique forment un excellent duo. Aux temps de la Rome antique, les patriciens de la République se dédiaient aux affaires publiques tandis que leurs esclaves les plus dévoués en hommes de paille avisés faisaient du négoce. Au Moyen Âge et à la Renaissance, les cités italiennes ou de la Ligue Hanséatique dans le Saint-Empire romain germanique étaient le théâtre de vives confrontation entre de vieilles lignées terriennes de l’aristocratie et les jeunes bourgeoisies enrichies par le commerce et la banque (les Médicis à Florence).

Si l’élection de Donald Trump à la présidence des États-Unis est une grande surprise pour le XXIe siècle, sa réussite repose sur quelques précédents. Il y a 25 ans, le milliardaire texan indépendant Ross Perot que Trump soutint un moment, recueillait 18,9 % des suffrages, empêchait la réélection de George Bush père et favorisait indirectement l’élection de Bill Clinton. Quatre ans plus tard, toujours candidat sur des thèmes protectionnistes et hostiles au libre-échange, Perot n’obtenait que 8,4 %, dépassé par un Clinton, grand séducteur d’électeurs, véritables Monica Lewinski politiques.

Sur cette terre par excellence du progressisme, de la modernité et de l’individualisme que sont les États-Unis, Donald Trump représente aux yeux de ses compatriotes le « rêve américain », le self made man, dur au travail, qui s’est bâti une vie prospère grâce à l’alchimie délicate d’une farouche volonté, d’un toupet extraordinaire et d’une chance inouïe. Longtemps, des généraux victorieux, George Washington (1789 – 1797), Andrew Jackson (1829 – 1837), vainqueur des Britanniques à La Nouvelle-Orléans en 1815, Zachary Taylor (1849 – 1850), Ulysses Grant (1869 – 1877) qui triompha de la Guerre de Sécession ou Dwight Eisenhower (1953 – 1961), occupèrent le Bureau oval. Aujourd’hui, la guerre ayant pris une tournure économique, c’est au tour des hommes d’affaires, surtout si leur notoriété s’alimente d’articles de presse people et d’une intégration – ancienne et remarquable – au « médiacosme ».

Homme d’argent, Donald Trump est aussi un homme d’images. Avant d’être une vedette de la télé-réalité, il figura dans des épisodes de feuilletons télévisés (Le Prince de Bel-Air, Spin City, Sex and the City, etc.) ou fut cité dans certains films tels Retour vers le futur 2 sous les traits du méchant Biff Tannen ou dans Gremlins 2. La nouvelle génération en tant que Daniel Clamp, voire en jouant son propre rôle truculent (Maman, j’ai encore raté l’avion, Zoolander ou L’Amour sans préavis). S’affranchissant de tous les codes, Donald Trump rejoint le pécore Mister Smith, cet idéaliste novice en politique, à la différence toutefois que le président élu connaît fort bien le marigot politicien. Le 7 novembre dernier, Arte diffusait d’ailleurs en soirée Monsieur Smith au Sénat, la satire féroce des mœurs politiques de Washington réalisée par Frank Capra en 1939. À l’insu de son plein gré, la chaîne franco-allemande annonçait le séisme planétaire du lendemain.

Bonjour chez vous !

* « Chronique hebdomadaire du Village planétaire », n° 9, diffusée sur Radio-Libertés, le 18 novembre 2016.

18:14 Publié dans Georges Feltin-Tracol | Lien permanent | Commentaires (0) | |  Facebook | |

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