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lundi, 11 mars 2019

Pour Nicolas Gauthier, de Boulevard Voltaire, Jean-Pierre Stirbois était le précurseur du RN actuel...

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Nicolas Gauthier, Boulevard Voltaire cliquez ici

Il y a maintenant plus de trente ans, un funeste 5 novembre 1988, Jean-Pierre Stirbois perdait la vie dans un accident de voiture. Même si le statut de numéro deux n’a jamais officiellement existé au Front national, il l’était de fait, en sus d’être la cheville ouvrière historique du mouvement lepéniste. Poursuivant leur travail de remise à l’honneur des divers courants dissidents du siècle dernier, les Cahiers d’histoire du nationalisme ont consacré un essai des plus fouillés à cette figure politique aujourd’hui un peu oubliée.

Si l’intérêt de cet ouvrage consiste évidemment à avoir été rédigé par des témoins de l’époque, compagnons de militantisme pour la plupart, il réside aussi en ce fait voulant que l’on puisse, une fois encore, constater que l’Histoire n’est souvent rien d’autre qu’un éternel recommencement. Ainsi, l’homme qui contribue largement à professionnaliser l’ancêtre de l’actuel Rassemblement national met-il déjà l’accent sur ces deux axes majeurs que sont l’implantation locale et la nécessaire dédiabolisation de la formation en question. Nous sommes en 1983 ; comme quoi, rien de bien neuf sous le soleil.

L’implantation, c’était banal. Mais la dédiabolisation, ça l’était moins, ce, d’autant plus que Jean-Pierre Stirbois n’a rien d’un bourgeois soucieux de sa bonne réputation : il vient de la droite activiste et non point de celle des salons. L’Histoire est ironique, puisque ce sont généralement ses anciens fidèles qui reprocheront ensuite à une Marine Le Pen de mettre en œuvre cette même dédiabolisation. Autre paradoxe : cet homme, on l’a vu, issu de la radicalité, est le premier à chercher des alliances vers une droite plus traditionnelle. Ce qu’il fait avec succès à la mairie de Dreux, en 1983, en concluant une alliance de circonstance avec le RPR. Trois ans plus tard, il est encore l’un des maîtres d’œuvre du Rassemblement national première manière ; soit cette union avec les droites centriste et gaulliste ayant permis au Front national de constituer un groupe parlementaire de trente-cinq députés élus à la proportionnelle.

Pareillement, il a souvent été fait grief à Marine Le Pen de se « gauchiser » avec un programme économique dont la coloration serait à la fois trop sociale et étatique. Pourtant, elle ne fait ici que revenir aux fondamentaux historiques du Front national. Ainsi Jean-Pierre Stirbois vient-il du Mouvement jeune révolution ; mouvement qui prône une doctrine solidariste dont le maître mot, « Ni banques ni soviets », laisse augurer d’une feuille de route n’ayant que peu à voir avec le « thatchero-reaganisme » de ce mouvement, à l’orée des années 80.

Le journaliste Francis Bergeron, du quotidien Présent, et qui fit partie de la très méconnue aventure solidariste, rappelle ainsi : « Historiquement, le solidarisme développait un discours au fond assez centriste ou social-chrétien, bâti notamment par les réformistes russes et antisoviétiques, dans les années trente, une troisième voie. […] En France, le politicien radical et franc-maçon Léon Bourgeois avait posé les bases d’un solidarisme. […] Il est considéré comme le précurseur de la théorie de l’État-providence, qui fit les beaux jours des pays scandinaves, même s’ils furent atteints de fiscalisme confiscatoire, avant qu’ils ne soient noyés sous la déferlante migratoire. »

De même, on se souviendra que, lorsque Marine Le Pen accéda à la présidence du Front national, il lui a aussi été fait reproche de « bazarder » certains « fondamentaux » d’ordre moral, la « remise en cause de l’IVG » au premier chef. On constatera que ces thèmes sociétaux brillaient par leur absence dans le programme lepéniste d’alors. Invoquer la tradition d’une formation politique, c’est bien ; la connaître, c’est mieux encore.

Alors, Marine Le Pen, fille spirituelle de Jean-Pierre Stirbois ? Les auteurs de ce passionnant ouvrage ne vont certes pas jusque-là. Il n’empêche que certains parallèles, à quelques décennies de distance, demeurent pour le moins troublants.

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00:17 Publié dans Les Cahiers d'Histoire du Nationalisme, Revue de presse | Lien permanent | Commentaires (0) | |  Facebook | |

Au-delà du vote blanc, de l’abstention et de la nullité des suffrages

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Georges Feltin-Tracol

Dans le cadre du fameux « Grand Débat national », vaste fumisterie propice à tous les exercices d’enfumage et bel exemple de jacasseries démocratiques futiles, les Français qui y participent suggèrent à défaut du « référendum d’initiative citoyenne » une meilleure prise en compte du vote blanc. On distingue depuis 2014 les suffrages nuls des votes blancs.

Au second tour de la dernière présidentielle, tandis que l’abstention atteignait 25,44 %, le nombre de suffrages blancs s’éleva à 8,52 % et les votes nuls à 3 %. Comparés à 2012, ces chiffres en hausse expriment paradoxalement par leur non reconnaissance officielle un refus implicite de choisir entre les deux finalistes. Le système électoral hexagonal ignore la pertinence du vote blanc au nom de la fable de la majorité. Cette fiction s’achève enfin.

Certains « Gilets jaunes » proposent que la prise en compte du vote blanc dans les suffrages exprimés permette, le cas échéant, d’annuler l’élection si les bulletins blancs dépassent les 50 %. Ne s’agit-il pas d’une confusion regrettable entre le refus d’entériner le choix (biaisée) proposé et le rejet compréhensible des candidats ? Ne faudrait-il pas plutôt instaurer au côté du vote blanc et du suffrage nul le « vote contre tous les candidats » ? Existe à l’Académie Française une procédure similaire. Les « Immortels » peuvent refuser un candidat en marquant leur bulletin d’une croix noire.

Appliqué en Russie entre 1993 et 2006, réintroduit en 2014 pour les élections locales, ce « vote contre tous » en vigueur aussi en Ukraine témoigne de la détermination d’une partie de l’électorat qui se méfie de tous les candidats. À l’élection présidentielle ukrainienne de 2010, le vote contre tous les candidats au second tour obtenait 4 %. Viktor Ianoukovitch était élu avec 48,95 % face à Ioula Tymochenko (45,47 %).

Plus que l’abstention qui révèle un réel apolitisme/a-civisme, que le suffrage nul qui marque une certaine désinvolture à l’encontre des institutions et que le vote blanc qui exprime un véritable mécontentement impuissant, le « vote contre tous les candidats » représente une indéniable motion de censure populaire aux conséquences considérables. Dans l’hypothèse où ce vote égalerait ou dépasserait la majorité absolue, non seulement la consultation serait annulée, mais les candidats ainsi défiés ne pourraient plus se représenter à la même fonction pour une durée précise. Introduire le « vote contre tous les candidats » correspond en fait à l’ostracisme de la démocratie antique athénienne.

La reconnaissance du vote blanc, voire du « vote contre tous les candidats », ne suffira pas à déstabiliser la partitocratie. Deux autres mesures électorales affranchiraient mieux l’électeur des pressions partisanes : généraliser pour tous les scrutins de listes le panachage et le vote préférentiel. N’est-il pas temps en effet de rendre la parole au peuple, une parole depuis trop longtemps confisquée par les politicards, les médiats officiels, les partis, les lobbies et les banksters ?

Bonjour chez vous !

• « Chronique hebdomadaire du Village planétaire », n°115, mise en ligne sur TV Libertés, le 4 mars 2019.

00:07 Publié dans Georges Feltin-Tracol | Lien permanent | Commentaires (0) | |  Facebook | |