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samedi, 29 février 2020

Quand Libération s'inquiète de la présence de nombreux candidats nationalistes aux élections municipales, ça donne :

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Le « plan » de l’extrême droite radicale pour conquérir des communes

Par Pierre Plottu et Maxime Macé

Libération 

Divers groupuscules néofascistes tentent de se coordonner pour les municipales, fondant leurs espoirs sur les petites communes où aucun candidat ne se présenterait. Derrière les discours conquérants, reste la difficulté à monter des listes.

La Dissidence française, Civitas et la Ligue du Midi sont des formations aussi confidentielles que radicales –ouvertement fascisantes même – mais qui participent pourtant bien au jeu démocratique, présentent régulièrement des candidats et comptent même déjà une poignée d’élus, régionaux ou municipaux. Et leurs ambitions ne s’arrêtent pas là : elles entendent désormais conquérir des municipalités. Ces ultras ont scellé une alliance pour le scrutin de mars prochain. Sont-ils réellement en mesure de remporter des mairies ? Oui, à les en croire. Car ils ont un plan.

Alain Esacada, président du groupuscule intégriste (tendance national-catholique) Civitas, devenu récemment un parti, estime ainsi qu’il y aurait quelque « 2 000 à 5 000 communes où il n’y aura pas de candidats aux élections municipales ». Un chiffre qui s’avère être une extrapolation toute personnelle des déclarations de l’Association des maires de France (AMF), fin 2018, qui pointait ce risque mais sans donner d’estimation précise. Qu’importe pour Esacada, qui serine son chiffre à longueur d’intervention pour mieux souligner un risque pour ces communes : faute de candidat au scrutin des 15 et 22 mars prochain, elles pourraient être administrées par délégation préfectorale ou fusionnées.

Une manière de tenter de mobiliser en jouant sur la peur que peuvent ressentir des électeurs ruraux de voir leur village disparaître dans une entité plus large. Ce pourrait être le jackpot pour le trio car, en vertu du code électoral, si ses candidats sont les seuls à se présenter, ils seraient automatiquement élus. Ce serait pour eux l’occasion de mettre la main sur la gestion « des polices municipales, du contenu des bibliothèques municipales, des budgets culturels… », souligne le dirigeant belge de Civitas. « Allons-nous offrir des subventions aux rappeurs et aux tagueurs ou alors servir le bien, le beau, nos traditions, nos coutumes ? », s’est-il époumoné à la tribune de Synthèse nationale, le grand raout de l’extrême droite radicale, en octobre dernier à Rungis. C’est dans cet entre-soi nationaliste qu’a été officialisée leur « grande alliance ».

Sécurité et refus des réfugiés

Du côté de la Dissidence française (des ultranationalistes racistes), la charte en six points développée pour le scrutin met l’accent sur l’aspect sécuritaire et sur l’opposition à l’installation de centres d’accueil de migrants ou de réfugiés sur le territoire de la commune. Un point que reprend régulièrement à son compte Alain Escada (Civitas).

Ce n’est pas la première fois que des listes néofascistes concourent aux élections municipales. En 1971, Ordre nouveau (qui participa l’année suivante à la création du Front national) s’était déjà présenté devant les électeurs. Dans un contexte différent puisque Jean-Marie Le Pen et François Duprat n’avaient pas encore lancé leur parti. Les résultats avaient été particulièrement mauvais, après une campagne marquée par les menaces et les affrontements avec l’extrême gauche. Plus récemment, en 2014, quelques listes ont été montées (comme celle d’Yvan Benedetti et d’Alexandre Gabriac à Vénissieux) mais sans entente ni stratégie à l’échelle nationale.

Pour autant, faut-il craindre une déferlante de maires néofascistes dans les petites communes de France en mars prochain ? Rien n’est moins sûr. Même le Rassemblement national, pourtant « premier parti de France » aux dernières élections européennes, peine à constituer des listes. Quelle est donc la capacité des trois partis radicaux à présenter des candidats, comme ils l’affirment, dans ces « milliers de communes sans candidats » ?

« Inquisition médiatique et politiquement correct »

Si, à l’annonce de cette stratégie nationale, Alain Escada espérait créer un « large maillage territorial », le leader de la Dissidence française Vincent Vauclin, contacté par Libé, s’avère être plus prudent à quelques jours de la clôture du dépôt des listes. « L’objectif est de faire élire au moins une vingtaine de conseillers municipaux », explique-t-il (contre deux actuellement, au Havre), reconnaissant qu’il leur sera difficile de composer leurs listes. Vauclin affirme ainsi que des «négociations locales» sont engagées avec des listes divers droite. Questionné sur les candidats et les communes concernés, il refuse toutefois de répondre, ne souhaitant pas « exposer ses listes d’intérêt communal aux foudres de l’inquisition médiatique et du politiquement correct ».

Pour Jean-Yves Camus, spécialiste de l’extrême droite radicale, l’objectif d’une vingtaine de conseillers municipaux paraît déjà «très audacieux». « Il n’y a aucun espace électoral pour ce niveau de radicalité politique. Les candidatures de ce type de parti perdurent depuis des années mais à l’exception de quelques élus ou de transfuges du RN, cela ne prend pas», analyse le politologue, évoquant des «candidatures de témoignages ».

Au sein de cette alliance des crânes rasés et du goupillon (intégriste), la Dissidence française de Vincent Vauclin est la figure de proue. A ses débuts en 2011, le mouvement comptait prendre le pouvoir à la faveur d’un « coup d’Etat militaire » qu’il appelait de ses vœux. Mais il a depuis réussi sa mutation en parti politique et a même mené une liste aux dernières européennes. Et si cette «liste de la Reconquête» a récolté seulement 3 500 voix au niveau national, elle a néanmoins réussi son pari en allant au bout. Ce qui n’a pas été le cas de la liste identitaire «la Ligne claire» portée par le chantre du grand remplacement Renaud Camus (qui s’est retiré après la publication d’une photo de sa colistière Fiorina Lignier priant devant une croix gammée…) tandis que Civitas n’a même pas pu se présenter, faute de moyens financiers.

00:42 Publié dans Revue de presse | Lien permanent | Commentaires (0) | |  Facebook | |

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