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mardi, 09 juin 2020

Il ne faut pas jeter le petit jésus avec l’eau du bénitier.

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Charles-Henri d'Elloy

Bien des chrétiens n’ont plus la foi. Je dis qu’ils ne l’ont plus à supposer qu’ils l’aient eu un jour. Non seulement ils ne croient plus en Dieu mais ils ne croient plus au diable, sauf le jour de cette satanée, pour ne pas dire satanique, Halloween. (The eve of All Hallows' Day, la veille de tous les saints).

Pourtant, avec toutes les injustices, les atrocités et les laideurs du monde, on voit bien l’œuvre du démon tous les jours. En réalité, ils doutent, ils sont davantage agnostiques qu’athées. Vous me direz que le doute est le début de la foi mais la progression est dans le mauvais sens, on passe de la foi au doute et du doute à l’athéisme. Le plus regrettable, sont ces catholiques qui croient en Dieu en fonction des opinions de ses représentants, comme si l’Église était une multinationale dont les commerciaux devaient avoir à tous les coups la tête de l’emploi ! Par exemple, de bons catholiques baptisés perdent la foi parce que le Pape François ne leur plait pas. J’observe ce phénomène chez les catholiques traditionnalistes plutôt « droitards ». Comme beaucoup de monde, ils confondent l’Église, les dogmes et la foi. L’Église est une institution, formée d’Hommes, le peuple de Dieu et ses pasteurs, alors que la foi est toute intérieure, c’est un don de Dieu en la croyance intime de son existence. Les dogmes, eux, sont des vérités révélées, c’est très différent.

Sous prétexte que l’Église ne correspond pas à leurs aspirations politiques, certains de ces catholiques perdent la foi. Il est important de faire la différence entre le dogme et les opinions théologiques. Par exemple, l’accueil inconditionnel des immigrés que prêche le pape François est plutôt du domaine de l’opinion théologique. En revanche, ce qui est du dogme, c’est l’amour inconditionnel du prochain. L’affrontement se fait sur l’interprétation du prochain. Pour prendre une métaphore : lorsque le capitaine de l’équipe de France de balle-au-pied leur déplait, parce qu’il prend des décisions qu’ils jugent mauvaises, les amateurs de ce jeu continuent pour autant d’aimer et de regarder les matchs de balle-au-pied. L’Église, dans ce qu’elle a d’humain, n’est pas infaillible parce qu’elle est précisément humaine. C’est le dogme qui est infaillible. Il y a beaucoup de chapelles dans la maison du Père. Il est vrai que l’Église conciliaire peut sembler tiède et les prises de positions navrantes de certains de ses clercs sont ambigües, pour ne pas dire lamentables. Pour autant, le christianisme est consubstantiel à la naissance puis à l’édification de la France, il ne faut donc pas jeter le petit Jésus avec l’eau bénite. Sans foi fervente, sans affirmation de nos traditions catholiques multiséculaires, il n’y aura aucune résistance morale durable à un monde hostile.

C’est pourquoi un païen ou un athée est forcément moins armé face à une autre religion conquérante.

Résultats de cette confusion entre la foi, les dogmes et l’Église, et déçus par cette dernière, j’ai observé que bien des nationalistes et identitaires se tournent vers ce qu’ils nomment le « paganisme ». On y trouve pêle-mêle des rites druidiques plus ou moins fantaisistes, des relents d’usage grecs et romains, quand ce n’est pas une mythologie des pays nordiques avec Yggdrasill comme héros. Bref, ils y mettent tout ce qui les arrange, du moment que cela fût, selon eux, avant le judaïsme et le christianisme. Il existe toute une  fiction littéraire à ce sujet, qui peut séduire les jeunes épris de fantasmagorie valorisant la virilité et révélant des secrets de la nature. On reconnaît les jeunes femmes païennes lorsqu’elles se mettent à courir nues dans la forêt les nuits de pleine lune poursuivies par leur coreligionnaires  mâles qui essayent de  revivre le film Le seigneur des anneaux dans la forêt de Brocéliande. Chez les païens, c’est Halloween toute l’année mais pour les grands !

Finalement, par leur adoration de dame nature, leur fameux socle, les païens nationalistes rejoignent les verts dans un panthéisme dont la transcendance est absente.

Dommage ! Car C’est oublier les splendeurs du christianisme et son héritage philosophique. Le christianisme intègre la philosophie grecque et y ajoute la mystique. Il y a des résonnances grecques dans le discours de Saint Paul aux Athéniens (acte des apôtres 17-28) : « C'est en Jésus-Christ que nous avons la vie, le mouvement et l'être » et chez Saint Augustin, dans La Cité de Dieu, qui reprend la philosophie de Platon. Et pour les plus incrédules, ils peuvent se référer aux paroles du pape Benoist XVI, dans son fameux discours de Ratisbonne de 2006, qui établit le rapport entre foi et raison.

Se réfugier dans le paganisme en délaissant le christianisme est bien regrettable car, comme je l’ai dit plus haut, c’est oublier que celui-ci est intimement lié à leur pays, puisque consubstantiel à sa naissance par le baptême de Clovis. 

Je puis comprendre qu’à l’écoute des fadaises souvent proférées par quelques clercs plus proches des politiciens centristes que d’un Godefroy de Bouillon ou d’un chevalier Bayard, de jeunes hommes vifs et vigoureux soient découragés par la tiédeur des messages envoyés par la plupart de nos évêques.

Mais dans l’Apocalypse, Dieu dit « Je vomis les tièdes ! » 

Dans Matthieu 10:34-36, Jésus dit : « Ne croyez pas que je sois venu apporter la paix sur la terre ; je ne suis pas venu apporter la paix, mais l’épée. Car je suis venu mettre la division entre l’homme et son père, entre la fille et sa mère, entre la belle-fille et sa belle-mère et l’homme aura pour ennemis les gens de sa maison. » Quand Jésus a dit qu’il est venu apporter l’épée, il ne parlait pas de l’arme qui tue. Il parlait de la vérité qui divise les hommes en deux groupes : les croyants et les non croyants.

Je sais que beaucoup de nationalistes reprochent aux Chrétiens de tendre la joue gauche quand on les frappe à la joue droite. Cette attitude peut paraître défaitiste, voire masochiste, mais c’est pourtant le contraire. La force, ce n’est pas la violence, c’est pourquoi le Christ peut se permettre de tendre la joue gauche quand on le frappe à la joue droite. L’homme fort et dans son bon droit ne se comporte pas en roquet mais en colosse. Prenez l’image d’un judoka ceinture noir pesant son quintal, qui se fait gifler par un gringalet de soixante kilos intrépide, certes, mais inconscient. Le judoka reste zen, il sait qu’il a la force avec lui. Le Chrétien, à supposer qu’il soit dans son bon droit, bénéficie de toutes les forces célestes avec lui. Cela ne l’empêchera pas de flanquer une bonne correction fraternelle à ceux qui lui manquent de respect !

Il serait bien injuste et dommage de rejeter deux mille ans de civilisation chrétienne à cause de cinquante années d’errance spirituelle et d’égarement politique d’une partie de ses clercs.

Le christianisme, et particulièrement le catholicisme est une religion virile car elle se veut universelle et expansionniste : « Allez, faites de toutes les nations des disciples, les baptisant au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit. » a dit Matthieu (28, 18-20).

En ces temps menaçant pour notre civilisation, n’oublions pas que le libre-arbitre à une place primordiale dans le christianisme. C’est notamment grâce à cette liberté que le véritable progrès a pu prospérer durant des siècles. À l’inverse de la soumission, c’est l’adhésion sincère qui importe. Tous ceux qui n’ont que le mot « liberté » à la bouche devraient y réfléchir. Dieu a permis d’emprunter plusieurs routes pour le rejoindre, mais tous les pèlerins sont des enfants de la liberté. D’ailleurs, la pluralité de pratiques découle du libre arbitre qu’il est donné à chacun dans le christianisme. Si la liberté est son préalable, la vérité est son chemin, c’est sans doute pourquoi le chrétien est devenu l’ennemi du monde contemporain, car il est un rempart contre la manipulation, la marchandisation et l’obscurantisme.

J’invite ceux qui sont tentés de croire que le christianisme est une politique mièvre d’assistante sociale fondée sur la repentance et la veulerie à redécouvrir les trésors intellectuels et matériels de la catholicité et à imiter les preux chevaliers qui firent les grandes heures de l’Occident chrétien.

Ainsi-soit-il !

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Chronique publiée dans le n°53 (printemps 2020) de la revue Synthèse nationale cliquez ici

18:44 Publié dans Revue de presse | Lien permanent | Commentaires (0) | |  Facebook | |

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