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mardi, 22 octobre 2024

À Lyon, on efface la trombine de l’Abbé Pierre pour la remplacer par l’effigie de Lucie Aubrac : les Lyonnais vont-ils y gagner au change ?

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Michel Festivi 

La presse, dont le Figaro, nous informe qu’à Lyon, qui fut la capitale des Gaules, des militants de l’association Mouv’enfants, ont, sur une Fresque murale d’un immeuble, supprimé la bobine de l’Abbé Pierre, pour lui substituer celle de Lucie Aubrac, qui joua un rôle certain dans la résistance lyonnaise, surtout au Parti communiste. Ces militants ont déclaré « Que l’Abbé Pierre retourne là où il est et qu’on ne rende plus hommage à un agresseur ». Fermez le ban.

Cette Fresque, peinte en trompe-l’œil sur un édifice, est censée représenter des Lyonnais célèbres. Mais sur quels critères ? C’est tout le problème. Cette peinture murale fut initiée sous l’égide de l’ancien maire très controversé, que fut Michel Noir. Parmi les personnalités contemporaines y figurent Bernard Pivot le célèbre animateur de l’émission Apostrophes, Bernard Lacombe le joueur de balle aux pieds, Paul Bocuse qui fit resplendir la cuisine française dans le monde entier, Frédéric Dard, le créateur de San Antonio, Bertrand Tavernier le cinéaste et historien du cinéma, et donc jusqu’il y a encore quelques jours, notre Abbé Pierre national, dont la bobine avait été taguée avant de disparaître.

D’aucuns me feront à juste titre remarquer, que parmi les Lyonnais célèbres, on aurait pu peindre la bonne bouille de Henri Béraud, très grand écrivain et journaliste de la Cité des gones. Il fut en effet le seul et unique littérateur à recevoir en 1922, deux prix Goncourt, pour Le Vitriol de lune et Le Martyre de l’obèse. Mais, lui qui était alors à gauche, revenant d’URSS en 1925, publiera une critique acerbe du régime bolchévique, Ce que j’ai vu à Moscou, et les communistes, en 1944, lui feront payer très cher cette dénonciation implacable, en le faisant condamner à mort pour quelques articles anti-anglais, eux qui avaient collaboré avec les nazis lors du Pacte Germano/Soviétique et qui n’avaient cessé de fustiger la France Libre et les Anglais.

Désormais, c’est Mademoiselle de Barbantante, du nom de l’un des pseudos de Lucie Aubrac, qui rejoint ce mur chargé d’Histoire. Il y figure aussi l’aveugle et sourd Edouard Herriot, qui cracha sur les 5 millions de morts Ukrainiens lors de l’Holodomor des années 1932/1933, génocide communiste ordonné par Staline et tout le politburo. On y trouve aussi, et c’est plus heureux, les Frères Lumières inventeurs, ou du moins propagandistes de talent du Cinématographe.

J’avoue, que je n’ai jamais supporté l’Abbé Pierre. J’ignorais bien sûr tout de ses affres et de ses frasques. Mais ce symbole de la propagande obligée du charitarisme frelaté (excusez ce barbarisme), où l’on nous martelait à tout bout de champ les immenses qualités de cet individu, matin, midi et soir, sur toutes les radios et chaines de télévisions, m’insupportait drastiquement. Ce matraquage dégoulinant de morale m’était proprement désagréable au plus haut point. Voir ou entendre tous ces pseudos artistes, ces hommes et femmes du show bizz, se prosterner devant lui m’était totalement exaspérant. Mais les Français l’adoraient, allez savoir pourquoi ?


Cette danse du ventre, ces simagrées contraintes de notre caste politico-médiatique, devant ce demi-dieu vivant me rappelaient les scènes apocalyptiques que la France avait vécu au moment de la mort de Staline en 1953, ou de Maurice Thorez - traitre à sa patrie -, en 1964. Dans tous les cas, la raison, le bon sens, l’intelligence avaient abandonné un grand nombre de nos compatriotes.

Néanmoins, comme je l’indiquais, a-t-on gagné au change avec l’arrivée du portrait de Madame Lucie Aubrac ? Les féministes vont s’écrier, « enfin une femme, il était temps ! ». Mais cette égérie de la gauche communiste, fut toujours, en compagnie de son mari Raymond Aubrac, l’avocate militante de l’Union Soviétique et du totalitarisme communiste. Le couple, tout au long de sa vie étant indissociable, on ne peut évoquer l’une sans parler de l’autre.

Raymond Aubrac cacha très longtemps son idéologie communiste, un peu comme les islamistes qui pratiquent la taqîya. De son vrai nom Raymond Samuel, cet ingénieur des Ponts et chaussées, sera un fidèle compagnon du futur dictateur communiste du Laos, Souphanouvong, qui fut l’un de ses condisciples, à l’école nationale des Ponts et chaussées. Très tôt marxiste, dès sa jeunesse, il deviendra dès avant la guerre, un compagnon de route du PCF, sans y adhérer, comme cela était recommandé à certains militants qui pouvaient jouer un rôle éminent d’entrisme dans des structures étatiques ou paraétatiques, il le pratiquera ardemment.

Son épouse, née Lucie Bernard, a fréquenté avec lui des réunions d’étudiants communistes avant-guerre. Après la défaite, ils s’installent à Lyon. Ils entrent en résistance sous l’égide d’un futur crypto-communiste de très grande importance, Emmanuel d’Astier de la Vigerie, qui recevra pour ses services rendus au communisme, le prix Lénine pour la paix en 1958. Quelques années plus tard, critiquant les communistes, dont notamment le faux appel du 10 juillet 1940, il perdra tous les subsides que lui envoyait Moscou.

Dans un livre intitulé Les aveux des archives, Prague-Paris-Prague, 1948-1968, publié en 1996 au Seuil, un dissident tchèque, Karel Bartosek, versera des pièces incontestables qui prouvent que Raymond Samuel-Aubrac fera des affaires régulières, par l’intermédiaire de sa société, la Berim, avec les pays communistes, dont la Tchécoslovaquie. En réalité, Raymond Aubrac était devenu un intermédiaire obligé entre le PCF et le PCT, ce qui démontre son importance dans l’appareil communiste international. Tous les associés de la Berim étaient communistes ou communisants et cette entreprise travaillait aussi beaucoup pour les municipalités communistes, très nombreuses dans ces années-là.

Quant à la déblatérante Lucie Aubrac, aussi bavarde et expansive que son mari était taiseux, elle déploya, elle aussi, une immense activité au profit du PCF et de l’URSS, et d’autres pays communistes. Elle fut membre des Jeunesses communistes puis du PCF. Comme l’Abbé Pierre, mais pour d’autres raisons, elle sera elle-aussi, adulée par tout le système politico-médiatique.

On a beaucoup répandu de salives et d’encre, sur l’attitude de Raymond Aubrac au moment de l’arrestation de Jean Moulin, le 21 juin 1943 à Caluire. Toutes les zones d’ombre sont loin d’être levées comme le rapporte Gérard Chauvy, dans son livre, Aubrac, Lyon, 1943, chez Albin Michel en 1997, ou encore Jacques Gelin dans L’Affaire Jean Moulin, Trahison ou complot ? publié chez Gallimard en 2013, il faut lire en annexe 2 de cet ouvrage, le document intitulé : Grandes et petites histoires de Lucie et Raymond Aubrac. Même si Chauvy fut condamné pour diffamation sur plainte des Aubrac, Daniel Cordier, le secrétaire de Jean Moulin dira : « Chauvy apporte un éclairage déséquilibré, donc biaisé sur cette affaire » mais rajoutera que son ouvrage était le fruit « d’un remarquable travail de chercheur » Cf Olivier Wieviorka « En tant que camarade des Aubrac, je souhaite qu’ils s’expliquent » Journal Libération, 15 mars 2007.

Le film que consacra Claude Berri à nos deux inséparables, en 1998, intitulé tout simplement Lucie Aubrac, avec pour acteurs Daniel Auteuil dans le rôle de Raymond et Carole Bousquet, dans le rôle de Lucie, est gentillet, mais n’aborde aucunement les véritables problèmes qui fâchent, comme l’attitude de Raymond Aubrac à Caluire en 1943, ou en 1944/1945, quand il fut nommé Commissaire de la République à Marseille. Il fut d’ailleurs assez vite remplacé, tant il avait laissé les communistes s’occuper d’épurations sauvages sans mettre véritablement le holà.

En tout cas, et comme j’en donne tous les détails dans mon livre, La désinformation autour du Parti Communiste « Français » », au chapitre 16, Lucie Aubrac fit partie du « jury d’honneur », constitué par Michèle Cotta, Présidente de la Haute Autorité de l’audiovisuel, en 1984, pour savoir si le très beau film documentaire de Mosco, Des terroristes à la retraite, film qui accusait clairement le PCF d’avoir trahi la MOI, les hommes de Manouchian en 1943. Dans ce film, un intervenant, Philippe Garnier-Raymond, auteur du livre l’affiche rouge, dira « à mon avis avec un grand cynisme, la direction des FTP a choisi leur sacrifice, de les abandonner. ». Lucie Aubrac sera l’une des plus virulentes, qui militera pour que le film soit censuré par Antenne 2. Le jury constitué au petit poil pour le PCF sera d’avis qu’il fallait censurer ce film, qui néanmoins passera à l’antenne, après beaucoup de péripéties, dans la célèbre émission des dossiers de l’écran.

À Lyon, on vient donc de remplacer la figurine d’un Abbé, qui un temps témoigna pour Roger Garaudy, un communiste devenu islamiste, par une égérie médiatique de la résistance communiste qui fit tout, partout et en tout lieu, avec son mari, pour défendre le totalitarisme soviétique, quelque soit son courage pendant la guerre. Entre un Abbé résistant mais singulièrement défroqué et une apparatchik du communisme totalitaire, peut-on choisir ?  

20:22 Publié dans Michel Festivi | Lien permanent | Commentaires (0) | |  Facebook | |

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