jeudi, 29 mai 2025
« Aide à mourir » : adoption controversée à l’Assemblée, 19 députés RN votent pour l’euthanasie
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C’est un basculement historique qui s’est opéré mardi 27 mai 2025 à l’Assemblée nationale. Par 305 voix contre 199, les députés ont voté en première lecture la proposition de loi portée par Olivier Falorni (Modem) instituant un droit à l’aide à mourir en France c’est à dire l’euthanasie. Pour ses promoteurs, il s’agit d’un « moment démocratique historique » ; pour ses détracteurs, d’un reniement de l’éthique médicale et d’une dérive civilisationnelle. Mais un fait politique fait particulièrement débat à droite : 19 députés du Rassemblement national ont voté en faveur de ce texte, trahissant selon de nombreux électeurs les valeurs conservatrices et le respect de la vie humaine qui fondent leur engagement.
Un texte précis aux implications profondes
Le projet de loi, examiné pendant deux semaines, définit un cadre juridique strict permettant à une personne majeure, française ou résidant en France, atteinte d’une affection « grave et incurable », d’obtenir l’autorisation de recourir à une substance létale. La souffrance doit être « physique ou psychologique constante, réfractaire aux traitements ou insupportable ». La demande devra être confirmée après un délai de réflexion et évaluée par une équipe médicale composée d’au moins deux médecins et d’un soignant. En dernier ressort, c’est le malade lui-même qui procédera à l’administration du produit, sauf impossibilité attestée.
Le texte introduit par ailleurs un délit d’entrave à l’aide à mourir, passible de deux ans de prison et 30 000 euros d’amende, sur le modèle du délit d’entrave à l’IVG. Une clause de conscience est néanmoins prévue pour les soignants. On imagine déjà les dérives que cela entrainera (poursuites contre des proches déconseillant l’euthanasie ?). Il suffit de voir comment en deux décennies, sur d’autres sujets, la gauche et l’extrême gauche ont réussi à faire passer le PACS, puis le Mariage pour tous, puis la PMA et la GPA, en aboutissant au final à la pénalisation de toute contestation des actions du lobby LGBT en France. Ils ne s’arrêtent jamais et vont toujours plus loin.
Vers un modèle français de la mort assistée ?
La ministre de la Santé, Catherine Vautrin, a évoqué un « modèle français de fin de vie », strict et encadré. Emmanuel Macron, depuis l’étranger, a salué une « étape importante », tout en laissant planer la possibilité d’un référendum en cas d’obstruction au Sénat, attendu pour l’automne.
Mais dans un contexte de dégradation de l’accès aux soins palliatifs – près d’un malade sur deux ne peut y accéder en France – de nombreuses voix médicales s’élèvent. La Société française d’accompagnement et de soins palliatifs (SFAP) alerte sur une « nouvelle norme du mourir », estimant que cette loi, loin de répondre à des situations exceptionnelles, change la nature même de la médecine. La Conférence des évêques de France, ainsi que plusieurs représentants religieux, ont quant à eux dénoncé une atteinte au pacte social et à l’interdit fondamental de donner la mort.
Une fracture à droite… et au sein du RN
Le vote a mis en évidence des lignes de fracture au sein des partis. À gauche, la quasi-totalité des élus ont voté pour. À droite, la majorité des Républicains et du RN s’y sont opposés. Mais 19 députés du Rassemblement national ont voté en faveur du texte, provoquant la consternation chez nombre de leurs sympathisants. Plusieurs figures du mouvement, comme Christophe Bentz, ont dénoncé une mesure de désespoir qui trahit la vocation de la médecine à soulager et non à supprimer.
Philippe Juvin (LR) a prononcé un discours particulièrement virulent, estimant que « ce texte pousse des personnes vulnérables vers la sortie ». Il a dénoncé une société « faite par des gens bien portants terrorisés par la dépendance », pointant les failles du projet législatif en matière de discernement réel des patients.
Le vote du RN, souvent présenté comme défenseur des valeurs anthropologiques traditionnelles, a donc étonné. Sur les réseaux sociaux et dans les courriers de lecteurs, certains électeurs dénoncent déjà une trahison politique : « On ne vote pas RN pour avoir l’euthanasie en France », résume un message largement partagé. Cette fracture pourrait laisser des traces à l’approche des prochaines échéances électorales.
Adopté en première lecture, le texte va désormais être examiné par le Sénat, à majorité conservatrice. De nombreux sénateurs, mais aussi des associations de soignants et de défense de la vie, annoncent vouloir batailler pour modifier substantiellement le projet ou le faire rejeter. En parallèle, la loi sur les soins palliatifs, adoptée à l’unanimité, prévoit la création d’un droit opposable à ces soins, avec la possibilité pour les patients d’engager un recours devant la justice en cas de carence.
Si la loi sur l’aide à mourir venait à être définitivement adoptée (elle pourrait l’être par référendum), la France rejoindrait un club restreint de pays – Belgique, Pays-Bas, Canada – ayant légalisé l’euthanasie ou le suicide assisté. Avec les mêmes dérives à la clé ? C’est la crainte, partagée bien au-delà des seuls rangs conservateurs.
12:19 Publié dans Revue de presse | Lien permanent | Commentaires (0) | |
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