mardi, 10 juin 2025
Donald Trump et Elon Musk ont dix ans
La chronique de Philippe Randa
L’adage populaire affirmant que « quand le foin manque au râtelier, les chevaux se battent » se traduisait généralement en politique par « après une défaite, il faut trouver des coupables », une victime expiatoire, en quelque sorte, soit un « fusible » à faire sauter…
Mais, assez étonnement, si l’abondance de foin dans le râtelier permet d’assurer une animale sérénité dans l’étable, il en va différemment dans les arènes politiques où souffle bien souvent un vent de folie mortifère. L’on assiste alors à d’aussi incroyables que dévastatrices scènes de ménage entre… vainqueurs !
Ainsi, aux États-Unis d’Amérique, Donald Trump et Elon Musk, les deux « meilleurs amis » de la brillante campagne électorale ayant assuré le retour du premier à la Maison Blanche, n’ont désormais de cesse de s’affubler respectivement des pires noms d’oiseaux, de s’accuser des pires turpitudes et de proférer l’un envers l’autre les menaces les plus apocalyptiques.
De fait, ils donnent un spectacle assez ahurissant, rappelant ces célèbres intimidations, chuchotées avec autant de fureur haineuse que d’inquiétante détermination à l’école primaire : « Tar’ ta gueule à la récré », qu’Alain Souchon a immortalisé dans une célèbre chanson : « J’ai dix ans. »
Rappelons toutefois que le 45 et 47e Président des États-Unis d’Amérique affiche au compteur 78 ans et que son ex (meilleur pote) totalise, lui, déjà plus d’une moitié de siècle : 53 ans ce mois-ci !
Comme quoi, malgré toute leur expérience et leurs talents respectifs, ils ont su, incontestablement, rester l’un et l’autre très jeunes de tempérament. Trop jeunes peut-être.
Leurs ennemis respectifs s’en réjouissent assurément ; en premier lieu, après la déculottée électorale subie, le Parti démocrate et ce qu’il en est resté de ses électeurs, ainsi que tous les concurrents et rivaux dans le monde des affaires de ces deux milliardaires… Mais également tous les médias français qui n’ont eu de cesse d’annoncer comme assurée la défaite du candidat républicain voilà plus de six mois et ce, jusqu’au dépouillement des premiers bulletins de vote qui lui assura une victoire écrasante… et sans oublier les écologistes : ceux-ci n’hésitèrent pas à manger leurs chapeaux, reniant leurs officielles convictions, pour que plus personne n’achète de voitures électriques Tesla – à l’énergie solaire sensée être plus propres – appartenant au devenu à leurs yeux si exécrable « Kekius Maximus » (pseudonyme adopté par Elon Musk sur son réseau X).
Mais quid des électeurs qui ont apportés la victoire en novembre 2024 aux deux nouveaux pires ennemis de la planète ? Qu’en pensent-ils, eux, à qui, justement, Donald Trump et Elon Musk n’ont guère pensés avant de s’invectiver ?
Bien sûr, en démocratie parlementaire, ce que pensent les électeurs est rarement la préoccupation première des hommes politiques, sitôt l’élection acquise.
Néanmoins, l’histoire a également souvent démontrée que Jupiter sait rendre fou ceux qu’il veut perdre. L’un et l’autre devrait s’en rappeler.
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17:35 Publié dans Philippe Randa | Lien permanent | Commentaires (0) | |
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Jean-Philippe Tanguy, Le Caius Détritus du Rassemblement national
Balbino Katz — chroniqueur des vents et des marées
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Jean-Philippe Tanguy est un personnage singulier de la politique française, un de ces êtres d’ambition que la Troisième République aurait qualifié de furet de couloir, toujours prompt à flairer le vent pour grimper plus haut dans les replis de la machine parlementaire. Issu de ce que la sociologie tardive nommerait France moyenne, il ne semble porter aucune hérédité idéologique, aucun ferment d’enracinement, aucune fidélité autre que celle qu’on accorde aux circonstances. Et c’est précisément ce caractère liquide qui lui a permis de s’imposer dans l’organigramme rigide du Rassemblement national, parti qui, jadis, tenait son ciment de la doctrine, et non de l’opportunité.
Il est entré dans l’arène avec le ton cassant de ces jeunes gens pressés, qui citent Saint-Just sans l’avoir lu, et trahissent leur mentor à la première embardée. Celui-ci fut Nicolas Dupont-Aignan, chez qui Tanguy servit d’abord, comme directeur de cabinet, avant de jeter le masque et de rejoindre Marine Le Pen en 2020, flanqué de quelques affidés. Depuis lors, il n’a cessé de grimper, jusqu’à devenir président délégué du groupe RN à l’Assemblée, petit César de la députation nationale, distribuant les bons points, traquant l’hérétique identitaire, surveillant l’orthodoxie d’un parti qui, ironie du sort, n’a plus de dogme que dans sa volonté de n’en avoir aucun.
À le lire, à l’écouter, on sent poindre cette maladie de l’époque que Spengler aurait peut-être appelée la politique du ressentiment mou, mélange d’humanitarisme flasque et de virulence calculée. L’homme ne croit pas à l’homogénéité française, la trouve suspecte, rétrograde, trop enracinée. À ceux qui parlent de Français de souche, il répond par un peuple chimérique, hybride, qu’il faudrait accepter tel qu’il est devenu, c’est-à-dire tel qu’il a été fabriqué par les décennies de déracinement, d’immigration incontrôlée et de désidentification volontaire. On dirait une prose issue de Sciences Po trempée dans le bain tiède du progressisme camouflé, une reductio ad inclusionem, si l’on me permet cette boutade.
Jean-Philippe Tanguy incarne ainsi, non sans une certaine jubilation rhétorique, cette ligne hostile à tout sentiment identitaire, considérant que le simple fait de se revendiquer français de culture, d’histoire, ou de sol relève du fantasme ethnique. Il rêve d’une France multicolore, interchangeable, sans mémoire ni lignage, où les Français de papier pourraient, au nom d’une égalité mal comprise, se substituer sans vergogne à ceux que l’on pourrait appeler, faute de mieux, les Français de chair. Tanguy et les Français à son image ne font plus d’enfants, ne chantent plus leur patrie, ne se battent plus que pour conserver une parcelle de pouvoir médiatique — et il semble s’en accommoder. Il ne voit pas de tragédie dans cette substitution. Il y voit l’ordre naturel des choses modernes.
À l’intérieur même du parti, Tanguy semble avoir entrepris une épuration douce, mais systématique. Dès son arrivée au Palais-Bourbon, il s’est mis en tête d’extirper les assistants parlementaires suspects d’idéologie trop marquée à droite. Point de milices ici, point de chemises noires, mais une bureaucratie du soupçon, un fichage mental qui rappelle plus Orwell que Drumont. Tout ce qui, dans le Rassemblement national, portait encore les relents du vieux Front, les odeurs de caserne, les arrière-salles de bistrot, tout cela fut balayé par cet homme du monde moderne, qui préfère les colloques à la tribune, les postures à la conviction et la bénédiction des journalistes de Libération.
C’est là que Pierre Cheynet, ancien cadre du RN et désormais vigie acérée du naufrage idéologique, intervient avec une ironie vengeresse. Sur X, il tient chronique qui évoque celle qu’aurait pu tenir René Goscinny, la Caius Détritusisation du parti. Tel le personnage grotesque de la série Astérix, Jean-Philippe Tanguy instille son poison non par la force, mais par la rumeur, le sarcasme, la division, sapant de l’intérieur les piliers d’un édifice qu’il prétend moderniser. Et Marine Le Pen, telle Bonemine aveuglée, le laisse faire, croyant sans doute que ce petit homme aux lunettes cerclées d’ambition lui assure la respectabilité républicaine.
On se souvient encore, à cet égard, de l’un de ces moments télévisés qui disent tout d’un tempérament. Invité sur BFM face à la journaliste Apolline de Malherbe, Tanguy, emporté par une colère difficile à contenir, s’en est pris sans mesure ni décence à Sarah Knafo et à l’entourage d’Éric Zemmour, les accusant pêle-mêle de « fanatisme religieux », de « pratiques communautaires » et de complotisme larvé. L’homme, que l’on dit fin tacticien, perdit ses nerfs au point de tomber dans la caricature. L’échange tourna à l’hystérie contenue. On crut voir le masque tomber, ne laissant paraître qu’un ressentiment personnel, délié de toute ligne politique. De la politique comme règlement de compte, ce que les Grecs anciens eussent appelé stasis, non gouvernement mais guerre civile en miniature.
Le plus tragique n’est pas qu’un tel personnage ait pris tant d’importance. Après tout, la politique est une scène, et les hommes médiocres y font parfois carrière. Non, le plus affligeant est qu’il soit devenu le symptôme d’un vide. Le Rassemblement national n’est plus un parti, c’est un instrument d’élection, une coquille sans noyau, une formation qui, à force de fuir les mots interdits, a fini par fuir ses propres racines. Il suffit d’écouter Tanguy parler de Reconquête, d’Éric Zemmour, de Sarah Knafo. Le ton est méprisant, les arguments dignes d’un chroniqueur de France Culture, et la cible toujours la même : toute tentative de réhabilitation identitaire, tout retour du réel charnel de la nation, toute exigence de frontière ou de remigration.
Dans Éléments, il fut jadis écrit qu’un peuple sans mémoire est un peuple sans futur. Tanguy, lui, ne veut ni l’un ni l’autre. Il veut la gestion, l’image, l’acceptabilité. Il veut ce que le monde libéral aime : la surface. En cela, il n’est pas seul. Il incarne cette droite molle qui a trahi ses propres morts, qui nie ses saints laïcs, qui confond prudence et abdication.
La tragédie se joue donc en deux temps. D’abord, un parti abandonne ses fidélités pour gagner en respectabilité. Ensuite, il se fait avaler par ceux qu’il prétendait combattre. Tel le scorpion sur le dos de la grenouille, Tanguy, par son zèle normalisateur, finira par tuer le RN, non par perfidie mais par nature. Car l’homme ne croit en rien sinon à son propre rôle dans la comédie parlementaire.
Le village gaulois s’est vidé de ses druides. Il ne reste plus qu’un petit fonctionnaire du consensus woke, qui brandit la potion molle de la dédiabolisation comme si elle avait jamais pu guérir un peuple en détresse.
17:26 Publié dans Revue de presse | Lien permanent | Commentaires (0) | |
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Madleen : le radeau des illusions
Thomas Joly - Président du Parti de la France
Quelle farce pathétique que cette misérable épopée du voilier Madleen, cette caravelle des temps modernes, où des bobos, des gauchistes internationalistes et des pleureuses professionnelles voguent sur les flots de la bonne conscience. À la barre de cette galère idéologique : une écologiste suédoise dont le regard halluciné fait frémir même les algorithmes de l’intelligence artificielle, et une députée européenne d’ultra-gauche qui semble avoir oublié qu'elle siège à Bruxelles, pas à Ramallah.
Le Madleen, navire à la dérive, ou plutôt opération médiatique cousue de fil blanc, affrété par les propagandistes de la Freedom Flotilla Coalition, cet aréopage victimaire qui croit encore aux luttes de libération en keffieh et aux barricades imaginaires du Quartier latin. Ils prétendaient « briser le blocus israélien »... Comme si Tsahal allait trembler devant une poignée de militants Twitter armés de smartphones et de slogans recyclés ?
Cerise sur le gâteau : voilà que, comme par miracle – deus ex machina digne d’un mauvais film de propagande soviétique – nos aventuriers croisent une embarcation de migrants en détresse. Bien sûr. Juste au bon moment. L’image est belle, trop belle. La narration parfaite, trop parfaite. Hollywood en aurait rougi. Le Madleen ne sauve pas des vies, il sauve des causes. Il nourrit la mythologie de la gauche morale, celle qui préfère pleurer sur le sort de l’Autre plutôt que défendre le destin du Même.
Et comme prévu, les autorités israéliennes, qui n’ont ni le temps ni l’humour pour ce genre de performance, ont arraisonné le navire. Fin de l’acte I. Rideau sur la mascarade. Mais en France, le cirque continue. Les fanatiques de La France Insoumise, qui ne voient plus la France que comme un obstacle à abattre, appellent à la mobilisation générale. La grande alliance intersectionnelle entre les islamistes, les indigénistes, les wokistes et les néo-trotskystes est en marche. La cause palestinienne ? Elle n’est qu’un alibi. Ce qu’ils défendent, ce n’est pas Gaza. C’est la disparition de notre civilisation.
Qu’on me comprenne bien : je ne viens pas ici défendre la politique de Netanyahu, que je considère comme moralement délétère et clairement génocidaire. Mais on ne combat pas une injustice par une farce. On ne résiste pas à la barbarie par l’idiotie. Ce voilier n’est pas une arche de paix : c’est un radeau de la Méduse, embarquant les ruines d’une gauche moribonde, prête à tout – jusqu’à pactiser avec les pires ennemis de la liberté – pour sauver ses chimères.
Pendant que ces saltimbanques voguent vers leur gloire médiatique, la France, elle, se noie. Elle se noie sous les vagues migratoires qu’ils célèbrent, sous les replis communautaires qu’ils encouragent, sous l’islamisation rampante dont ils se réjouissent. À bord du Madleen, il n’y a pas que des militants : il y a des fossoyeurs. Fossoyeurs de l’Europe, fossoyeurs des nations, fossoyeurs de notre identité.
Alors non, je n’aurai aucune solidarité avec ces pseudo-héros. Qu’ils restent en mer, avec leurs illusions, leurs slogans et leur boussole morale déréglée. Moi, je reste sur la terre ferme. Celle d’un peuple qui ne veut pas mourir.
11:21 Publié dans Thomas Joly | Lien permanent | Commentaires (0) | |
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Défaite de la pensée : le terrorisme idéologique
Yves Thréard
Les noms des deux auteurs du récent rapport sur les Frères musulmans et l’islamisme politique en France sont restés confidentiels et pour cause ! Il est quasi interdit d’évoquer ces deux sujets sans être traité d’islamophobe ou de raciste. Parfois, l’attaque est assortie d’insultes, quand, plus grave, elle n’est pas physique. Le nombre d’affaires s’est multiplié ces dernières années. En France et ailleurs en Occident .
Qu’ils soient journalistes, enseignants, chercheurs ou diplomates, tous ceux qui se risquent à décrire la stricte réalité ne peuvent même pas compter sur le soutien de leurs pairs. Le terrorisme idéologique exercé par les islamistes ne trouve pas seulement ses soutiens les plus ardents parmi les élus islamo-gauchistes. Il a aussi de solides relais dans d’autres sphères, pourtant réputées sérieuses, au CNRS comme au Quai d’Orsay. Le poisson pourrit toujours par la tête, dit le proverbe chinois.
Récemment, c’est un professeur de géographie, spécialiste du Moyen-Orient, qui a été pris à partie en plein cours, à l’université de Lyon, par des militants propalestiniens. La présidente de Lyon 2 lui a reproché ensuite d’avoir tenu, sur Gaza, des « paroles affligeantes, complotistes et délétères pour l’université ». On n’en croit pas ses oreilles ! Islamologue de renom, Bernard Rougier a été attaqué en diffamation pour avoir publié, en 2020, Les Territoires conquis de l’islamisme. Sa collègue Florence Bergeaud-Blackler vit sous protection policière depuis la sortie de son livre Le Frérisme et ses réseaux, il y a deux ans. Mais tout cela est-il surprenant quand on se rappelle l’attitude de l’Éducation nationale après la décapitation de Samuel Paty ? Le « pas de vagues » restait de rigueur. L’indignation le dispute à la honte. Il a fallu du temps avant que les autorités daignent donner son nom au collège où il enseignait.
Il est inquiétant d’assister à une pareille défaite de la pensée dans un pays qui, depuis quinze ans, est durement touché par les attentats islamistes. Et il est regrettable que cette faillite commence à l’école et à l’université, là où doivent précisément se forger l’esprit critique et l’apprentissage de la liberté d’expression.
Source : le Figaro 10/06/2025
08:40 Publié dans Revue de presse | Lien permanent | Commentaires (0) | |
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