dimanche, 27 juillet 2025
L’idéologie maastrichtienne
Michel Onfray
Dans la configuration planétaire actuelle de reconstruction des empires, l’Europe maastrichtienne voudrait participer aux combats des grands fauves : Trump et son Amérique élargie au Canada, à Panama et au Groenland ; Poutine et sa grande Russie étendue jusqu’aux territoires ukrainiens que l’on sait ; la Chine désireuse d’augmenter son espace vital en intégrant Taïwan ; l’Iran chiite qui répand la cause islamique partout sur la planète en fomentant des guerres et des attentats ; la Turquie sunnite d’Erdogan désireuse de reconstituer l’Empire ottoman, ce dont l’Arménie fait les frais dans un silence assourdissant de la communauté internationale. Il y a derrière tous ces pays des projets civilisationnels. Or, aucune civilisation ne tolère celle qui lui fait de l’ombre. Cette tectonique des plaques internationales explique la plupart des conflits mondiaux.
L’Europe maastrichtienne a derrière elle une trentaine d’années, rappelons sa date de naissance aux oublieux : 1992. L’Iran et la Chine, trois mille ans, Israël aussi, la Russie plus de mille, comme la France et la Turquie. Derrière ces grands pays, il y a de grandes civilisations, de grandes cultures, de grandes histoires. Il y a aussi de grands livres, dont la Torah, la Bible et le Coran, même si la lecture de ces ouvrages peut opposer des frères ennemis : chrétiens d’Occident et chrétiens d’Orient, musulmans chiites et sunnites, catholiques romains et protestants anglo-saxons, chaque opposition intra-religieuse ayant généré des conflits dont certains toujours vivaces.
Devant ces mastodontes civilisationnels, que pèse cette Europe de Maastricht qui refuse de reconnaître ses racines chrétiennes ? Quelle est sa Bible ? Où est son Nouveau Testament ? Quel est son Confucius ou son Moïse ? Où sont ses chefs-d’œuvre, ses architectes, ses compositeurs, ses romanciers, ses écrivains, ses philosophes ? Quelle est sa langue propre ? En un mot : où est sa culture ?
À l’examen, on ne voit que des tavelures sur une vieille peau malade, celle de la vieille Europe qui, elle, accuse plus d’un millénaire. On a beau chercher, on ne trouve que le contraire d’une civilisation qui ne peut exister qu’avec une célébration de l’instinct vital, la passion pour la vie, la célébration de la grande santé, le goût du sublime dans l’histoire.
Face au djihad déclaré, le nihilisme
L’ardeur des militants nihilistes de cet européisme à vouloir inscrire l’avortement comme préambule à sa civilisation dit tout : comment la légitime défense de l’IVG portée par Simone Veil avec ses mots compatissants, définie alors comme un pis-aller avant sa nécessaire disparition, générée par une politique de prévention du planning familial, logique à laquelle je souscrivais et sous- cris encore, a-t-elle pu devenir l’étendard d’une civilisation à venir ?
Après le Bataclan, j’ai entendu des gens défendre notre modèle de civilisation. Lequel ? Boire des coups en terrasse, fumer des pétards, sortir en boîte, écouter des musiques sous ecstasy. N’y a-t-il rien d’autre à mettre en avant devant les tirs des kalachnikovs accompagnés des salves d’Allah akbar ? N’y a-t-il rien d’autre à opposer que le nihilisme au nihilisme, le néant au néant, la mort à la mort ?
L’avortement européiste est-il un projet civilisationnel capable de s’opposer au djihad que le monde musulman déclare à l’Occident ?
Source : Journal du dimanche 27/7/2025
08:23 Publié dans Revue de presse | Lien permanent | Commentaires (0) | |
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