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vendredi, 14 septembre 2012

Duprat et son Histoire du Fascisme...

I-Grande-9457-histoire-des-fascismes--selection-presentation-et-annexes-par-alain-renault_net.jpgFrancis Bergeron

Article publié dans le n°28

de la revue Synthèse nationale cliquez ici

François Duprat a été assassiné le 18 mars 1978. Trente quatre ans plus tard, le crime reste impuni, et ce meurtre garde encore son mystère. Mais la bombe qui a fait exploser sa voiture n’était pas un engin artisanal.

La mort de Duprat frappa de stupeur le petit monde de l’extrême droite française (à l’époque c’était un tout petit monde, plutôt en liquéfaction). Car si l’homme véhiculait les théories les plus extrémistes, ce n’était pas lui-même un violent, un baroudeur. C’était un prof, un bon prof, selon ses élèves, et qui ne cherchait pas à les endoctriner avec des théories toutes faites et un catéchisme mal digéré. C’était un gros travailleur, un homme de l’écriture, et d’abord un historien.

Mais il était aussi un journaliste engagé : dans les années soixante-dix, Duprat assurait les « nouvelles du front », chaque semaine, dans Rivarol, la chronique des combats nationalistes, dans les universités, les lycées, dans la rue, avec parfois une ou deux mauvaises photos permettant de rêver au « fascisme immense et rouge » par groupuscules interposés.

Duprat, ce fut, un peu plus tard, la Revue d’Histoire du Fascisme, une revue, publiée de 1972 à 1978, qui compta douze numéros et vingt-quatre  suppléments (dix-neuf en fait, car il y avait des suppléments doubles). Dans sa préface et sa postface à Histoire des fascismes de François Duprat, qui vient  de paraitre chez Dererna (1), et qui est en fait un florilège des meilleurs textes publiés par la Revue d’Histoire du Fascisme, Alain Renault raconte la genèse de cette publication.

Duprat, qui collaborait à Défense de l’Occident depuis les années soixante, et qui en était devenu un pilier, avait proposé à Maurice Bardèche la création de cette revue. Le numéro spécial de Défense de l’Occident, « Les Fascismes inconnus », s’était bien vendu, et Duprat estimait à juste raison que ce type de travaux historiques avait un public.

Quand la Revue d’Histoire du Fascisme est créée, elle est, quant à la forme, la copie conforme de Défense de l’Occident. Et Duprat et Bardèche se partagent les rôles ; mais rapidement Duprat restera seul aux commandes. Ses divers pseudonymes, sa puissance de travail, lui permettent d’assurer un grande partie du rédactionnel. La revue est vendue dans les kiosques (comme Défense de l’Occident), et de ce fait, trouve un public un peu plus large que la mouvance purement étudiante et militante.

A l’automne 1973, raconte Alain Renault dans sa passionnante postface à Histoire des fascismes, Duprat lance en parallèle une nouvelle publication, qui va s’appeler Les Cahiers Européens. C’est l’actualité (et aussi l’histoire) de tout ce qui se passe et s’est passé à l’extrême droite, partout dans le monde. L’entreprise va se révéler une vrai réussite : il sortira 222 numéros, sans la moindre interruption, jusqu’à l’attentat de 1978. Quant à sa diffusion, malgré le caractère artisanal du bulletin, elle était loin d’être négligeable : 450 abonnés, une vente totale de 800 exemplaires chaque semaine. Pour une revue mal imprimée, diffusée uniquement dans les « librairies amies », ce n’était pas mal du tout.

Le « groupe de presse » de Duprat, comme l’évoque Alain Renault avec une pointe de nostalgie ne cherchait pas à surfer sur la mode rétro (nous sommes à l’époque du Chagrin et la pitié, et de Lacombe Lucien). Duprat était un activiste, un militant. Il avait été de Jeune Nation, d’Occident, d’Ordre nouveau et du Front national. Au sein du Front national, il représentait l’aile la plus dure. Et ses « groupes nationalistes révolutionnaires de base » (assez chétifs en effectifs, il faut bien le dire) avaient pour vocation de radicaliser la droite nationale.

Commentant la vision de Duprat, Alain Renault écrit avec pertinence : « Les fascismes ne rencontrent de succès qu’en période de crise. Non qu’ils profitent des désarrois des peuples mais simplement parce que leurs solutions nécessitent un effort et des changements auxquels les peuples ne se résolvent que quand la nécessité absolue leur parait inévitable pour sortir de la décadence ».

Ce type de discours, à l’époque des « trente glorieuses », et de mai 68, « révolution » de gosses de riches, pouvait paraitre bien éloigné des réalités du moment. Mais Duprat avait la prescience que ces temps difficiles allaient revenir.

Et nous y sommes sans doute. Peut-être n’est-ce pas un hasard si l’on réédite aujourd’hui les études de Duprat (Le même éditeur a sorti récemment Les Fascismes américains 1920-1944, une remarquable étude de François Duprat et Alain Renault, sur un sujet très peu connu). Quant à Bardèche ou Saint-Loup, ils suscitent à nouveau la curiosité. Plusieurs projets de rééditions sont dans l’air. Des biographies de Bardèche, de Saint-Loup, de Duprat, de Jean Fontenoy, sont parues récemment. Ces auteurs trouvent, retrouvent un public, des lecteurs. Et c’est bien évidemment une bonne chose. Mais c’est aussi le signe que nous sommes certainement  à nouveau à l’aube d’une crise terrible, qui nous pousse à lire ceux qui ont étudié ou raconté, avec acuité, celle des années trente.

Note

(1)  Histoire des fascismes, par François Duprat, préface et postface par Alain Renault, Ed. Deterna, 2012, 310 pages. Cliquez ici 

      Livre diffusé par Les Bouquins de Synthèse nationale cliquez là

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