mardi, 07 janvier 2020
Quels expansionnistes mahométans l’Occident doit-il craindre ?
Bernard Plouvier
En ce début d’année 2020, on déplore une attaque ciblée d’un drone made in USA contre un chef de guerre iranien, en omettant généralement de rappeler les dizaines de civils et de soldats US qui ont servi de cibles aux fous furieux chiites, associés à ce qui reste de l’État islamique Daesh, en 2019.
Que l’homme de la Maison Blanche ait eu une réaction (limitée, car très bien ciblée) n’étonnera que les (fausses) pucelles effrayées. Après tout, il semble bien qu’en 2019, l’US-Army nous ait délivré du fou Abou-Bakr II, le calife auto-proclamé qui avait ravivé le Djihâd en 2014, en donnant son aval au terrorisme non-ciblé un peu partout en Occident. Le général iranien transformé brutalement en pure énergie était chargé de revigorer les guérillas d’Irak.
Or, plutôt que de craindre un Iran dont l’économie se porte très mal, d’où l’élite s’est sauvée de 1979 à nos jours, vers l’Occident, et dont l’armée a démontré son peu d’efficacité dès les années 1980, l’on ferait beaucoup mieux d’estimer à sa juste valeur le risque turc.
Là aussi, l’élite a fui en grande partie, mais le bloc anatolien peut compter sur 75 millions d’un peuple connu pour son opiniâtreté et son fanatisme, orientable au gré du potentat vers l’impérialisme teinté d’islamisme. Certes, ces dernières années, les Turcs se sont vautrés dans le consumérisme à l’occidentale, ce qui a stimulé l’économie nationale : les supermarchés sont plus fréquentés que les mosquées.
Seulement à Ankara, règne un démagogue fort dangereux. Il est charismatique (on sait depuis les expériences du XXe siècle, que la laideur physique n’y fait guère obstacle) et vole de succès en succès. L’économie, même si elle entre en (discrète) récession depuis 2018, a connu une formidable croissance ces 15 dernières années.
Même si la corruption est énorme (mais, en France, l’on devrait être discret sur ce point : l’expérience prouve qu’hélas nous n’avons plus de leçon à donner sur ce point), la nation vote massivement pour son dictateur à chaque consultation électorale. Erdogan est même parvenu à transformer la République laïque de Mustafa Kemal en terre de nouveau fanatiquement sunnite... Atatürk doit se retourner dans son (fort sobre) mausolée.
Erdogan est à notre porte Sud-Est, avec un peuple jeune et prolifique, des fabriques d’armes robustes et assez précises, une armée au moral gonflé par des opérations faciles contre des milices du Moyen-Orient.
Si le rêve pantouranien d’Alparslan Türkes (mort en 1997) semble pour l’instant éloigné (c’était le mirage d’une fédération de Turcs, Azéris, Ouzbeks, Tadjiks et Turkmènes, financée en partie par la culture du pavot et ses produits dérivés), son autre projet, celui d’un retour d’expansionnisme ottoman en terres danubiennes est toujours envisagé. D’autant qu’il existe de fortes 5e Colonnes en Macédoine, Albanie, Kossovo, Bosnie-Herzégovine et Allemagne.
Enfin, les doux sionistes d’Israël ne peuvent qu’encourager Ankara à massacrer du Kurde : Erdogan y gagnerait les puits de pétrole de Mossoul et environs. Divers politiciens-affairistes des USA (plutôt de la mouvance « Démocrate ») verraient d’un bon œil une domination turque (sous tutelle US) sur l’Irak (zones pétrolifères) et la Syrie (zones idéales pour les pipe-lines)... déjà, le Turc exige un « droit » sur les pipe-lines sous-marins de Méditerranée qui longent Chypre.
Il est logique de penser qu’un fou conquérant à nos portes est plus dangereux qu’une cohortes de mollahs médiévaux perdus au milieu du Moyen-Orient et menacés aussi bien par le colosse US que par le colosse russe..
10:51 Publié dans Tribune de Bernard Plouvier | Lien permanent | Commentaires (0) | | Facebook | |
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