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lundi, 02 mai 2022

Macron réélu… quoiqu’il en coûte, hélas !

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Entretien avec Philippe Randa, directeur du site de la réinformation européenne EuroLibertés.

(Propos recueillis par Guirec Sèvres)

Pour cette élection présidentielle, tout semble finalement s’être passé comme les sondages l’avaient annoncé depuis des mois : un second tour Macron-Le Pen et une réélection sans surprise du président sortant…

À tel point qu’on pourrait peut-être envisager de ne plus voter aux élections : ça coûte cher, on perd du temps et de plus en plus de gens s’en désintéressent… Puisque les sondages donnent le résultat des mois à l’avance, peut-être serait-il judicieux d’envisager de faire un gain de temps et d’économie, non ?

Vous êtes sérieux ?

Presque… Ou alors pourrait-on se pencher sur un sérieux problème de déontologie électorale : jusqu’à quel point les sondages n’influencent-ils pas l’opinion, notamment avec le leit-motiv, seriné bien avant et tout au long des campagnes électorales, du « vote utile » qui formate, à l’évidence, une partie de celle-ci et en décourage une autre de se déplacer ; est-ce vraiment tolérable ? Il faut croire… De même, le coût d’une campagne électorale est-il pas décent ? Tous ces millions d’euros dilapidés en propagande, généralement insipide, de phrases creuses et de promesses démagogiques – un maximum de 16 millions par candidature à ne pas dépasser lors du premier tour et 22 millions d’euros pour les qualifiés du deuxième tour en grande partie remboursés par le contribuable français – alors que nos services hospitaliers, entre autres, sont à la ramasse ? Ça « pose problème », non ? Non ? Ah bon !

Vous voudriez supprimer les élections ?

Quand 1 électeur sur 3 s’abstient et que le président élu - ou réélu en l’occurence - l’est avec seulement 28 % de 2/3 des électeurs, est-ce vraiment si absurde que cela de l’évoquer ? Mais bon, on n’en est pas là, n’est-ce pas ! Enfin, pas encore là, mais…

Plus sérieusement, nous sommes maintenant…

Ma suggestion n’est pas sérieuse ? Ah bon !

… nous sommes maintenant, disais-je, en campagne pour les élections législatives. Les appels à « l’union » à gauche, comme à droite, semble pour le moment résonner dans le vide ?

Et pour cause !  À gauche, comment ne pas subir la domination de La France insoumise (près de 22 % des suffrages) quand on pèse moins de 2 % (PS) et moins de 5 % (EELV) ? Le PS joue son existence et les écologistes leur survie… À droite, les Républicains – dont une majorité d’élus, voire d’électeurs, a déjà rejoint la Macronie – jouent également leur survie, sinon déjà leur existence… La recomposition du paysage politique est en route, mais elle n’apparaîtra réellement qu’après les élections législatives où l’on pourra faire un décompte précis des morts, des estropiés… et des réels vainqueurs.

Et l’union entre Reconquête et le Rassemblement national ?

Leurs électeurs l’espèrent, mais ce sont les seuls ! Il suffit de voir et d’entendre les responsables de ces deux mouvements : mépris d’un côté, haine de l’autre… Les cadres de Reconquête expliquent à demi-mots que Marine Le Pen est aussi incompétente que ses lieutenants… et ceux du Rassemblement national n’ont de cesse de traiter les dirigeants de Reconquête d’« extrémistes », voire pire ! Éric Zemmour est dans la logique de son discours de prôner l’union des droites, mais si le RN l’acceptait, les élus Républicains tentés par Reconquête ferait aussitôt machine arrière sous le prétexte qu’ils ne s’allieront jamais avec des représentants ou ex-représentants du mouvement fondé par Jean-Marie Le Pen, même poncé jusqu’à la trame et ripoliné au politiquement correct tant que faire se peut…

Et puis, surtout, l’un et l’autre ne s’adresse pas aux mêmes électeurs… En 2017 déjà, entre les deux tours, Marine Le Pen ne s’était adressée exclusivement qu’aux électeurs de gauche, principalement ceux de Jean-Luc Mélenchon, sans un mot, une attention, un geste vis-à-vis de ceux de François Fillon… En 2022, bis repetita, de même qu’Emmanuel Macron d’ailleurs qui y a certes, ajouté pour sa part ceux de Yannick Jadot… Mais pour les deux finalistes, les électeurs de tous les autres candidats – soit près de 20 % d’électeurs, tout de même – sont, semble-t-il, quantité négligeable.

Marine Le Pen a tout de même progressé de 7 points par rapports à 2017…

À moins qu’Emmanuel Macron n’ait reculé de 7 points… Quelle différence au final ?

Et l’avenir, vous le pressentez comment ?

Je ne fais jamais de pronostiques… Inutile de fournir des verges pour se faire battre : tous ceux qui s’y risquent se ridiculisent généralement. En revanche, il est possible de faire quelques remarques. Tout comme on est véritablement entré dans le XXIe siècle avec la gestion délirante du Covid (et non pas avec les attentats du 11 septembre 2001, répétons-le), cette élection présidentielle façonne une nouvelle arène politique en France. Comme cela a été le cas en 2007 et en 2012, d’ailleurs, puisque nous avons globalement rejoué celle de 2017 en 2022…

L’arène politique est un champ de ruines avec ses morts : Pécresse, Hidalgo, Jadot ; difficile de penser qu’à titre personnel, ils se relèveront d’un tel fiasco électoral dans laquelle ils ont entraîné – à moins que ce soit le contraire –, leur parti respectif… De même pour Dupont-Aignan ou Roussel : le premier a divisé par plus de deux son petit score précédent, l’autre a crû faire le « buzz » pour obtenir finalement 2,2 % ! Quant à Lassalle, Poutou et Artaud, ils continueront, sans doute, pour le premier à amuser la galerie (il y excelle, reconnaissons-le), les deux autres à prôner leur Grand Soir respectif dans le vide, ils y sont habitués…

Et ceux qui ont dépassé les 5 % ?

Marine Le Pen comme Jean-Luc Mélenchon ont promis de ne pas se représenter une quatrième fois… sauf si les événements devaient les obliger à nous faire à nouveau don de leur candidature, ricanent déjà des esprits chagrins. Pour l’un comme pour l’autre et surtout pour leur formation, tout dépendra de leurs résultats aux élections législatives… Emmanuel Macron, lui, a déjà annoncé la couleur en suggérant, comme Marine Le Pen d’ailleurs, de revenir au septennat… Si c’est le cas, son bail à l’Élysée en sera d’autant plus long. Quant à Éric Zemmour, saura-t-il tenir ses troupes, ses cadres autant que les 120 000 adhérents de Reconquête, conserver et faire fructifier ses deux millions d’électeurs ? Quoiqu’il en soit, au-delà des compétences, atouts ou handicaps de chacun de ses responsables politiques, il y a aussi l’état de la France, fracturée et endetté comme jamais elle ne l’a sans doute été… ce qui n’a pas empêché plus de 18 millions de nos compatriotes (18 768 639 très exactement) de réélire le président Macron !

Quoiqu’il en coûte, hélas…

00:29 Publié dans La chronique de Philippe Randa | Lien permanent | Commentaires (0) | |  Facebook | |

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