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mardi, 30 août 2022

Chauffeurs et livreurs Uber par-ci, professeurs Uber par-là…

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La chronique de Philippe Randa

Ce sacré Charlemagne ne doit pas être le seul à se retourner dans sa tombe ; les Hussards noirs de la République d’antan et leurs rivaux d’alors de la Sainte Église Apostolique et Romaine, du fin fond de l’au-delà, doivent assister, atterrés ! à la mascarade de cette rentrée scolaire, soit l’ubérisation effective de ce qu’on nommait à leur époque glorieuse Instruction publique et qu’on a dénaturée davantage que dénommée depuis sous l’appellation d’« Éducation nationale ».

De quoi mourir, une seconde fois, mais de désespoir cette fois, pour toutes ces générations de Français, qu’ils soient laïcards ou curaillons et qui, certes, s’affrontaient de leurs vivants avec une rare détermination, mais se rejoignaient néanmoins dans un but commun : tirer chaque enfant qui leur était confié vers le haut, vers l’excellence, vers le maximum que chacun d’eux pouvait atteindre. Et ce, de quelque origine sociale que soit l’élève. Enfants de pauvre ou enfants de riche, la discipline et l’enseignement étaient, pour l’immense majorité d’entre eux, appliqués et prodiguées de la même manière pour tous.

Et en classe, instituteurs et professeurs n’avaient de compte à rendre qu’à leur Institution ; ils n’avaient à craindre ni les parents, ni les grands frères… et encore moins leurs élèves que l’idée de proférer à voix haute une insulte et encore moins d’esquisser un quelconque geste d’agressivité à leur encontre n’aurait effleurés.

En l’an 2022, insultes, agressivité, violences sont devenues courantes dans la quasi-totalité désormais des établissements scolaires publics, et jusqu’à l’assassinat : celui de Samuel Paty, décapité peu après être sorti de son collège de Conflans-Sainte-Honorine est encore un cas unique, mais pour combien de temps ? L’« exemple » ayant été donné, qui peut croire qu’ânonner « Plus jamais ça ! » empêchera la récidive des Fous d’Allah, tout comme l’eau bénite est sensée écarter le Malin ?

Et donc crise des vocations et… pénurie d’enseignants : près de 4 000 postes sont à pourvoir pour qu’un « professeur (soit) devant chaque classe dans toutes les écoles de France », comme l’a promis le nouveau ministre de l’Éducation, Pap Ndiaye.

D’où, pour tenir une promesse faisandée, le recrutement de 3 000 enseignants contractuels, « titulaires a minima d’une licence (bac + 3), et (d’) un casier judiciaire vierge » qui recevront une « formation express de quelques jours » afin d’être en mesure (ou non !) de donner leurs premiers cours à la rentrée, jeudi 1er septembre.

Cela rappelle fâcheusement ces bataillons de soldats à peine ou pas encore formés qu’on sacrifiait jadis en les envoyant précipitamment sur la ligne de Front faire rempart de leurs corps dans la seule perspective de ralentir une offensive ennemie. Au moins, l’État-major préparait-il alors une contre-offensive afin de ne pas rendre leur sacrifice totalement inutile.

Certes, nul esprit de « sacrifice » dans ce recrutement bas de gamme… et si l’on peut à juste titre penser que la plupart de ces contractuels, confrontés à la réalité de ces écuries scolaires d’Augias, baisseront rapidement les bras et prendront la poudre d’escampette à la première injure, la première menace, le premier symptôme de burn-out, qu’importe au sieur Pap Ndiaye qui aura tenu sa promesse faisandée, officialisé le gardiennage scolaire et institutionnalisé l’ubérisation du corps professoral.

Quant aux « enseignants contractuels » défaillants qui déserteront en cours ou en fin d’année scolaire, ils n’auront, que l’embarras du choix pour se reconvertir : chauffeurs de particuliers ou livreurs de fast-food ; l’esprit et les compétences sont les mêmes.

Les « soldats », aussi bas de gamme soient-ils, de Pap Ndiaye ne seront nullement les sacrifiés de cette rentrée scolaire ; ce seront les élèves qu’il est désormais plus juste de nommer les « gardés » de l’école publique.

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17:43 Publié dans La chronique de Philippe Randa | Lien permanent | Commentaires (0) | |  Facebook | |

Zaporijjia, vers un deuxième Tchernobyl ?

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Le canal d’analyses stratégiques russe @Rybar, s’il déclare ouvertement son parti dans la guerre en cours, est l’une des sources les plus fiables sur les aspects stratégiques et techniques du conflit en Ukraine (et ailleurs). Vu l’importance de l’enjeu, nous avons traduit en dernière minute son utile synthèse sur la menace réelle que représente le bombardement de la plus grande centrale nucléaire d’Europe.

La panique règne dans les médias : les forces armées russes (sic!) voudraient créer une catastrophe nucléaire et empêcher les AFU de sauver le monde. Le fait que les frappes soient effectuées par la partie ukrainienne ne tracasse personne.

Nous apportons ici des éléments de compréhension sur quelques questions brûlantes: le monde va-t-il connaître une nouvelle catastrophe, à qui la faute, et pourquoi ceci est en train d’arriver?

Dépressurisation du réacteur ? Les fans de la série Tchernobyl connaissent bien les réacteurs, les barres, les dégâts causés par l’enceinte de confinement et les autres horreurs qui ont accompagné la catastrophe du siècle dernier. Mais les tirs ne menacent pas les réacteurs eux-mêmes. L’enveloppe extérieure d’un réacteur représente un mètre et demi d’acier et de béton. Pour le détruire, il faudrait utiliser des armes nucléaires tactiques. Et le couvercle du réacteur est capable de résister à un impact de 20 tonnes à 200 km/h.

Mais maintenant les forces armées ukrainiennes frappent les lignes électriques. Si les réacteurs sont déconnectés du réseau, il y aura un arrêt d’urgence car la CNZ (Centrale nucléaire de Zaporojié) ne sera plus en mesure de produire de l’électricité.

Il ne faut que 10 secondes pour arrêter un réacteur. Mais on doit ensuite le refroidir pendant deux ou trois ans en l’arrosant constamment d’eau pour éviter la surchauffe qui engendrerait une désintégration secondaire du combustible nucléaire.

Les attaques ukrainiennes pourraient conduire à un arrêt définitif du réacteur. Il suffit de perturber l’approvisionnement en eau une fois que la ligne électrique est hors service. Il ne sera dès lors plus possible de refroidir un réacteur à l’arrêt. Cela laisserait un baril de métal chauffé à blanc, refroidi par air, qui ne pourrait plus être redémarré. Il n’y aurait pas de menace de catastrophe nucléaire, mais le classique «si ce n’est plus à nous, ce ne sera à personne ».

Il y a plusieurs sites radioactifs dangereux à la CNZ. Une installation de stockage à sec du combustible nucléaire usé et une installation de stockage des isotopes pour la radiographie.

Si ces installations sont détruites, il peut y avoir une dépressurisation et un rejet de substances radioactives de césium et strontium dans l’environnement. Cela entraînerait une augmentation du rayonnement de fond sur le site de la centrale nucléaire dans un rayon de 50 à 100 mètres des objets radioactifs. Il est dangereux de rester dans cette zone pendant une longue période.

La centrale continuerait de fonctionner ? Oui. Mais elle deviendrait difficile à entretenir, on ne pourrait y accéder sans équipement de protection. La centrale nucléaire deviendrait difficile à sécuriser car les installations de stockage à sec sont proches du périmètre. Le sol contaminé devrait être expurgé d’une manière ou d’une autre, ce qui nécessiterait un équipement spécial.

Au niveau du site de stockage à sec, il y a un collecteur d’eau de pluie, mais il est toujours possible que des éléments radioactifs pénètrent dans le Dniepr via les eaux de drainage.

Il pourrait en résulter une contamination de l’eau. Les prises d’eau en aval, notamment pour les villes de Kherson et Nikolaev, ne pourraient plus être utilisées (mais tout dépend de la concentration). Il ne s’agirait pas d’une catastrophe nucléaire, mais d’une catastrophe environnementale locale, qui rendrait l’utilisation de la CNZ beaucoup plus complexe. La question se pose dès lors: à quoi tout cela sert-il ?

L’Ukraine et les Occidentaux comprennent-ils les conséquences possibles ?

Oui. En raison des bombardements constants, les employés de la CNZ et les habitants d’Energodar fuient la ville. La centrale nucléaire de Zaporijia est en train de devenir une zone interdite - non pas à cause d’une catastrophe nucléaire, mais à cause de l’action des forces armées ukrainiennes qui se soucient fort peu de l’environnement.

Le coût de cette situation est simple : en cas d’arrêt d’urgence des générateurs de la centrale et d’endommagement de la ligne de transmission de 750kV, les conséquences pourraient toucher toute l’Ukraine.

Les perturbations du réseau risquent de déstabiliser l’ensemble du système énergétique et de causer une surcharge des lignes d’exploitation. L’ensemble de l’Ukraine aurait des problèmes d’électricité.

Manœuvres politiques. Au Conseil de sécurité de l’ONU, on tire déjà prétexte de la situation instaurée autour de la centrale nucléaire pour avancer l’idée d’une zone démilitarisée dans le périmètre. Il n’est pas difficile de deviner où cela peut mener. Et dans le même temps, l’opinion publique occidentale redouble de compassion envers la pauvre Ukraine, dont les autorités sont si désireuses de sauver le monde de «la Russie, cavalière de l’apocalypse nucléaire».

Source : Antipresse  n° 350

09:43 Publié dans Revue de presse | Lien permanent | Commentaires (0) | |  Facebook | |