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jeudi, 15 septembre 2022

Tribune libre : Choisir sa mort

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Le billet de Patrick Parment

Il y a un très beau livre sur le suicide chez les Romains, c’est celui d’Henry de Montherlant, Le Treizième César. La mort, sujet aussi brûlant que la vie n’a jamais manqué de questionner les hommes. Chaque religion a dressé ou non des interdits autour du suicide. Le suicide reste un mystère, dans la mesure où, à de rares exceptions, on n’en connaît jamais la cause. Pourquoi un homme ou une femme se suicide-t-il ? Lassitude, maladie, dépression… mystère.

S’il est une chose que la loi ne peut interdire, c’est bien le suicide. 9 300 personnes se sont donnés la mort en 2016 à en croire l’Observatoire national du suicide. Mais la question revient sur le tapis au sujet des personnes qui désirent mourir dans la dignité suite en général à une trop grande souffrance liée à la maladie. La question se pose en effet de savoir ce que signifie la vie quand la personne n’a plus la maîtrise de ses sens et donc de son destin.

On se souvient de la polémique qu’avait suscité ce jeune garçon qui avait déclaré à sa femme vouloir mourir alors qu’il végétait comme un légume sur un hôpital. Il aura fallu des mois de bataille juridique entre sa mère, bonne catholique, et sa femme pour que l’on finisse enfin par le débrancher. Toutes les religions sont hostiles au suicide pour la bonne raison qu’il revient à Dieu de décider de votre sort. Dans la Grèce antique et à Rome, on ne trouve pas de trace d’interdit quant au suicide. Certains auteurs le déplorent, d’autres non.

Chez Euripide, dans sa pièce Hélène, on peut lire : « Non, non : mieux vaut mourir, mais mourir en beauté ! La triste pendaison répugne, et semble infâme, même aux esclaves. Mais belle au contraire, et digne, est la mort par le fer. Et l’instant si bref qui tranche d’un seul coup les liens de la vie !"

Nos chers ancêtres avaient la pudeur de ne pas trancher et surtout de ne pas interférer dans le choix d’un homme de se suicider quelles qu’en soient ses raisons. Les religions, une fois de plus se révèlent des monstres, alors qu'elles sont souvent la source d’un grand nombre de conflits mortels. On tue au nom de sa religions et l’islam nous en offre aujourd’hui d’éclatants exemples.

A en croire les sondages, 93% des Français sont pour l’euthanasie. Les Français ont du bon sens et nul d’entre nous ne trouve très sain de finir ses jours comme un légume sur un lit d’hôpital. Le cinéaste Jean-Luc Godard vient de nous donner un exemple digne de notre respect. A en croire sa femme, il n’était pas malade, mais à 91 ans, il se sentait épuisé et a donc eu recours au suicide assisté comme cela est permis en Suisse. On s’incline devant ce courage.

On pense également à Montherlant, à notre cher Drieu la Rochelle et tant d’autres. On aimerait que dans ce pays, ce débat soit clos une bonne fois pour toute en permettant aux personnes qui le désirent de mourir dans la dignité et de libérer les médecins d’une culpabilité que le serment d’Hippocrate leur impose à juste titre.

09:00 Publié dans Le Billet de Patrick Parment | Lien permanent | Commentaires (0) | |  Facebook | |

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