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mercredi, 09 novembre 2011

Crise : le salut par le peuple...

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Le billet de Patrick Parment

Une fois de plus le gouvernement va demander aux Français de se serrer la ceinture alors qu’ils ne sont jamais que victimes des erreurs successives de leurs gouvernants de gauche, hier encore, comme de droite, aujourd’hui.

Et, pour résumer rapidement notre pensée nous dirons que de Nicolas Sarkozy en François Hollande, c’est « blanc bonnet et bonnet blanc » ! Personne n’est dupe. Face à une crise qui nécessite des mesures radicales, on eût aimé que la droite et la gauche marquent une trêve des confiseurs et s’attellent à une sorte d’audit de la dépense publique qui, en trente ans, a littéralement explosé à l’image des flux migratoires.

Bien évidemment et comme chacun a pu s’en apercevoir, la crise n’est pas uniquement française mais européenne et elle repose entièrement sur les énormes déficits de l’économie américaine qui a littéralement plombé la finance mondiale. C’est ainsi qu’avec plus de 3 000 milliards de dollars de dettes dus au reste du monde, l’Amérique en est désormais son principal débiteur.

Qu’il faille sortir d’un tel système est une évidence dont ne semblent guère convaincus nos principaux ténors européens.

On se souvient que le premier à avoir tiré la sonnette d’alarme est Maurice Allais, notre regretté prix Nobel d’économie. Le cercle de nos économistes distingués, inspecteurs des finances en tête, à la Daniel Cohen qu’on voit sur tous les plateaux de télé, est resté muet.

Au risque de nous répéter (nous l’avons souvent écrit), la crise remonte à la chute du mur de Berlin en 1989. Ce jour-là, l’ennemi principal du libéralisme disparaissait. Du même coup – je résume – le capitalisme qui était jusqu’alors entrepreneurial a lentement basculé dans la finance et la spéculation.

Ce n’est pas un hasard si la crise s’est déclarée aux Etats-Unis sous l’effet de la dette privée qui a entraîné un effondrement de la demande. Puis est venue s’ajouter la dette publique qui a rapidement gagné l’ensemble des pays occidentaux. On ne citera qu’un seul chiffre : pour la seule zone euro, au premier trimestre 2011 elle était de 1 681,2 milliards €, soit 84,5% du PIB

Deuxième étage de la fusée crise : le sauvetage des banques privées qui n’a fait qu’aggraver  les dettes publiques. « Les banques, écrit Alain de Benoist (1), ont forcé les pouvoirs publics à les secourir en faisant valoir la place névralgique qu’elles occupent dans la structure générale du système capitaliste (…) Les Etats, pris en otages, ont dû emprunter à leur tour sur les marchés ce qui a accru leur dette dans des proportions insupportables. » Mais, note toujours Alain de Benoist, « la cause la plus lointaine réside dans la politique de dérégulation et les réformes fiscales (réduction des impôts sur les bénéfices payés par les sociétés privées, en particulier les plus grosses entreprises, cadeaux fiscaux faits aux plus riches) adoptées bien avant 2008, depuis l’époque Reagan et Thatcher », ce qui correspond aussi aux années Mitterrand.

Et, c’est ainsi qu’une grande partie de l’économie productive a dérivé vers l’économie spéculative ce qui a entraîné aussitôt la multiplication des délocalisations, la désindustrialisation, la baisse des salaires, la précarité de l’emploi, la hausse du chômage et la fuite des capitaux.

Autre effet collatéral de la crise, la collusion de la finance avec le monde du crime. Comme l’écrit le criminologue Xavier Raufer (2) : « Du fait de la dérégulation mondiale, puis de la crise, l’économie illicite (grise ou noire) qui vers 1980 constituait quelque 7% du produit brut mondial en représentait, en 2009, sans doute 15% (soit l’équivalent du PNB de l’Australie). »

Par ailleurs, et on l’a bien oublié, Alain de Benoist  nous rappelle fort opportunément que l’on doit à Valéry Giscard d’Estaing une réforme des statuts de la Banque de France, qui en dit long sur ses compétences et son intelligence politiques : l’interdiction faite à la Banque de France d’accorder des prêts – sans intérêt évidemment – à l’Etat, celui-ci devant emprunter sur les marchés financiers aux taux d’intérêt que ceux-ci jugent adéquats. Cette mesure a été généralisée par le traité de Maastricht.

Notre décadence a été préparée de loin par tous ces irresponsables surdiplômés qui passent leur temps à nous donner des leçons. Ni un Mitterrand, berluré par un Jacques Attali et Laurent Fabius - chargé de remettre le capitalisme financier sur ses rails – ni un Chirac, incapable notoire et félon ou  l’austère Lionel Jospin ne chercheront à enrailler un processus qui nous mène tout droit à la ruine.

Les mesures prises par François Fillon via Nicolas Sarkozy n’apporteront pas de solutions à la crise, pas plus que l’apparent sauvetage de la Grèce n’empêchera, à terme, des pays comme la France, l’Italie ou l’Espagne de plonger à leur tour.

L’heure n’est pas aux incantations mélenchono-hollandaises. Il faudrait une réelle volonté politique – et du courage – pour prendre quelques mesures d’urgence comme la nationalisation des banques. Mais, ni Nicolas Sarkozy et encore moins François Hollande, n’ont de réelle vue du monde et la volonté d’agir sur lui. Toutes les mesures qu’ils seront amenés à prendre ne feront qu’exaspérer les classes populaires. Et c’est plus sûrement de leurs réactions que viendra la réponse à nos maux.

Note

(1)   Voir le dernier numéro d’Eléments, n° 141, consacré à l’Agonie de l’Europe.

(2)   Xavier Raufer, dernier ouvrage paru, La finance pousse au crime, Ed. Choiseul.

18:33 Publié dans Le Billet de Patrick Parment | Lien permanent | Commentaires (0) | |  Facebook | |

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