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mardi, 13 mars 2012

LA POTION MAGIQUE DE L'INFLATION...

M de Poncins.jpgPar Michel de Poncins

 

L'inflation est une vraie folie mais elle est bien commode. Elle n'est douce qu'en apparence. Elle s'apparente à un véritable vol et est immorale de ce fait. Les petits, les sans grades en paient cruellement la facture. Voici qu'elle revient en force et avec l'aide surprenante de la BCE.

 

Les faits

 

Nous nous trouvons devant une gerbe de faits plus ou ou moins récents qui, tous, relèvent de l'hydre à plusieurs têtes.

 

La BCE, sous l'ère Trichet, était perçue comme le bouclier « anti-inflatoire » ce qui sur la longue durée n'était que partiellement vrai. Avec son nouveau directeur, l'italien Mario Dragui, elle a jeté aux orties tous les beaux principes. Elle vient de prêter, pour trois ans, 1 000 milliards d'euros, au taux record de 1 % , à 800 banques ; cette pluie bienfaisante a été reçue avec joie. La BCE va donc avoir à son actif des créances dont certaines sont pourries par avance. Son propre bilan est-il déjà faux de ce fait ? Mystère.

 

Parallèlement, et sans désemparer, le même torrent d'argent continue à se déverser sur le malheureux peuple grec ; à chaque fois un tour de vis supplémentaire s'acharne sur le petit peuple, les prédateurs publics qui exploitent la Grèce à leur profit étant soigneusement épargnés. Les mécanismes de cette inondation sont complexes et multiples ; le FMI prête son concours avec l'argent récolté dans le monde entier, en faisant des prescriptions qui ont montré souvent leur inefficacité, voire leur nocivité.

 

Il est surprenant qu'à chaque moment où, au hasard des négociations, la Grèce semble « sauvée » les marchés saluent l'opération par une hausse : ignorent-ils ou feignent-ils seulement d'ignorer que cet argent tiré de nul part va enfoncer davantage les économies européennes ? Cette réaction à chaud ne fait que conforter les politiques européens dans leur erreur fatale.

 

Un dernier fait est la glissade de l'euro organisée par le même nouveau directeur de la BCE et qui ressemble à une lente dévaluation.

 

L’endettement public

 

L'endettement public est la pièce maîtresse du puzzle. Nous ne citerons pas de chiffres car tous les chiffres officiels sont faux, minorés sciemment le plus souvent.

 

D'énormes masses sont cachées sous le tapis, telles les cautions étatiques et les dettes des dinosaures publics du type SNCF ou SECU. La référence au PIB est aussi mensongère étant donné la fragilité bien connue de cet amalgame et les nombreuses manipulations dont il est l'objet.

 

Il demeure que dans toute l'Europe l'endettement public est abyssal, y compris chez la prétendument vertueuse Allemagne.

 

De tous temps l'endettement public s'est trouvé payé par l'inflation et nous y voilà.

 

Gribouille à la manoeuvre

 

Pour se justifier vis-à-vis d'eux-mêmes et de leur public, les politiques ont besoin d'arguments qui, en l'espèce, sont tous de faux raisonnements.

 

A la base, se trouve l'idée qu'en « sauvant » la Grèce, l'euro serait sauvé et l'Europe par-dessus le marché. En même temps tout le monde pense à l'Espagne, à l'Italie, en attendant les autres...

 

Quel que soit le jugement incertain mérité par ces objectifs, il se trouve que plus que probablement l'euro va éclater et que le moins qu'on puisse dire est que la superstructure européenne est bien malade.

 

L'idée qu'une pluie d'argent venant de nulle part lubrifierait les économies et relancerait la machine en panne peut effectivement faire illusion un moment : le redémarrage éventuel comme nous le verrons plus loin risque de n'être qu'un feu de paille.

 

Le projet de faciliter la compétitivité par une dévaluation, qualifiée de compétitive, est une nouvelle illusion. Dans l'immédiat l'économie reçoit une bouffée d'air, mais des rétorsions arrivent sans tarder. Une monnaie faible n'est une source de prospérité que très provisoirement.

 

La Suisse nous le montre. L'intérêt d'une monnaie forte est double. D'abord, dans la compétition mondiale, que la Suisse ne refuse pas, bien au contraire, les entrepreneurs sont conduits à l'excellence, à la fois dans les décisions et dans les investissements : c'est cette course à l'excellence qui crée la vraie richesse. Si le petit pays est à l'origine de firmes tout à fait considérables dans le domaine pharmaceutique, dans la haute technologie ou dans d'autres domaines : ce n'est pas un hasard.

 

Un autre avantage est de donner aux acteurs économiques la possibilité de faire des investissements à l'étranger dans des conditions perpétuellement favorables étant donnée la force de la monnaie nationale. Là aussi, la compétitivité issue de la liberté joue un rôle et permet justement aux firmes suisses de devenir des géants mondiaux sans payer trop cher la place à conquérir. Ce point est essentiel car la richesse d'une nation repose largement sur des investissements en capital bien conduits.

 

Les conséquences

 

L'inflation est une pluie de billets qui se répandent partout. Il est question officiellement d'un total de trois mille milliards d'euros déversés sur le continent. Cet argent quasi gratuit, provoque certes une euphorie passagère mais comme une sorte de drogue.

 

Un effet négatif grave se produit sans que personne apparemment ne s'en rende vraiment compte ; les décisions de tous les acteurs sous l'influence de la drogue sont mal orientées. Ce peut être de modestes acteurs pour leur achat de logement ou leurs petits placements : gare aux bulles futures et à leurs déboires habituels quand la bulle éclatera.

 

Des fausses recherches, de faux produits, de fausses usines sont alors des erreurs fatales dans les investissements d'entreprises. Une économie bâtie sans des capitaux payés à leur juste valeur est construite sur le sable.

 

Avons-nous des chances d'échapper à l'inflation ? Probablement pas, car à l'horizon visible on ne voit pas les politiques revenir en groupe sur leur erreur.

 

Errare humanum est, perseverare diabolicum.

01:07 Publié dans Tribunes de Michel de Poncins | Lien permanent | Commentaires (0) | |  Facebook | |

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