vendredi, 27 avril 2012
Oser Sarkozy ou Hollande...
de Philippe Randa
L’entre-deux tours de l’élection présidentielle française de 2012 a au moins un point commun avec le premier : aucun sujet d’importance n’est évoqué, seulement celui dont tout un chacun mesurera la pertinence, à savoir conclure ou non pour l’UMP à l’avenir des alliances avec le Front national… Toute la gauche se mobilise comme à l’accoutumé pour hisser haut le vieil épouvantail du fascisme à combattre dont elle s’auto-persuade du retour depuis un demi-siècle… et les ténors de la droite parlementaire, unanime à rejeter la moindre entente avec les dirigeants frontistes, de confirmer, un peu façon méthode Coué, qu’ils ne feront jamais (ô grand jamais !) d’alliance avec ce parti tant honni de la bien-pensance citoyenne… tout en se demandant bien comment récupérer à leur avantage les électeurs de celui-ci, toujours aussi nombreux… Comme disait Jean Cocteau : « Le tact dans l’audace, c’est de savoir jusqu’où aller trop loin. »
Le plus hilarant, parce qu’il faut bien rire de tout et puisque c’est le propre de l’homme, est d’entendre les uns comme les autres se retrancher derrière leur haute conception de la « moralité » pour refuser toute légitimité républicaine à Marine Le Pen tout autant qu’aux autres dirigeants de son mouvement…
Une conception tout de même bien particulière pour une classe politique qui, pour une partie d’entre elle, s’apprêtait voilà un an à présenter sans la moindre vergogne Dominique Strauss-Kahn à la Fonction Suprême, ce qui aurait, on le sait maintenant, transformé le Palais de l’Élysée en Palais des mille et une nuits très chaudes… et pour l’autre partie d’entre elle, de compter parmi ses dirigeants et notamment le prétendant à sa propre succession présidentielle, des gens compromis dans des scandales financiers à répétition, pour les uns celui de la fortune Bettencourt, pour d’autres l’argent sale des ventes d’armes et son aboutissement sanglant dans l’attentat de Karachi qui coûta la vie à onze de nos compatriotes, le 8 mai 2002… On en passe pour les uns comme pour les autres sur tant et tant d’autres compromissions, prévarications, mensonges, captations, abus de biens publics et autres crapuleries qui éclaboussent toute la classe politique française aux Affaires depuis plus de quarante ans…
Que cette classe politique-là se targue d’être le parangon de la légitimité républicaine, de l’honnêteté citoyenne et la défenderesse de nos si chères libertés – si chères, d’ailleurs, qu’elles en deviennent de plus en plus hors de prix ! – est décidément cocasse.
Toutefois, et contrairement aux pronostics des instituts de sondage, les Français se sont assez massivement déplacés pour aller voter… et pour qualifier justement les deux prétendants de cette classe politique. Une fois de plus ! Alors, pourquoi attendre que tout change pour que rien ne change ?
Les supporters de messieurs Hollande ou Sarkozy qui, sincèrement, s’enthousiasment ou se désespérent à l’idée que l’un ou l’autre l’emporte dans une dizaine de jours, sont touchants. Oui, réellement ! Leurs certitudes les portent avec une telle audace que c’est à elle, paraît-il, qu’on ne manque jamais de les reconnaître…
10:38 Publié dans Philippe Randa | Lien permanent | Commentaires (0) | | Facebook | |
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