jeudi, 04 octobre 2012
Quand ça fait mal au tabou...
La chronique
de Philippe Randa
S’il y quelqu’un qui a mis les pieds dans le tabou, cette semaine, c’est bien monsieur Afflelou. Alain Afflelou, opticien de profession et « fou » assumé, comme le martèle ses spots publicitaires. En tout cas, un professionnel qui n’hésite pas à s’attaquer à un tabou ô combien ! quasi-religieux : la sacro-sainte sécurité sociale à la française. Cette prestation de droit citoyen pour l’immense majorité des Français, et même de droit divin pour certains.
Une déesse, en tout cas, dont il ne fait jamais bon pointer les vices… Car la sécurité sociale est à l’image, en France, d’un 11e Commandement : tu ne paieras pas tes médicaments et tu en consommeras plus, toujours plus et ce ne sera jamais assez… Qui paiera ? L’État, bien sûr… et tant pis si l’État, c’est le citoyen, comme des esprits chagrins n’hésitent pas, avec insolence, à le faire remarquer.
Alors quand Alain Afflelou affirme que « Mal voir, ce n’est pas une maladie » et que le système de la Sécurité sociale incite avant tout à consommer et surtout à surconsommer plus cher que nécessaire, ça fait incontestablement mal au tabou.
« À partir du moment où on vous dit que vous avez droit à 300 euros pour acheter une paire de lunettes, vous achetez une paire de lunettes à 300 euros, constate-t-il, comme tout le monde fait ça, les mutuelles, les assurances augmentent ! »
Et comme si cela ne suffisait pas, il n’hésite pas à décocher un autre argument qui fait tout aussi mal : « La France est, avec je crois la Grèce, le dernier pays d’Europe et du monde occidental à rembourser les lunettes. »(1)
Comparer les Français et les Grecs, en ces temps de faillite hellénique et de crise économique persistante, quel manque de tact, n’est-ce pas ?
De son côté, Étienne Caniard, président de la Mutualité française, rétorque que : « C’est exactement l’inverse ! Ce sont les opticiens qui disent : “Combien vous rembourse votre mutuelle ?” et qui vont au maximum. »(2)
L’opticien et le président de la Mutualité française sont-ils en contradiction ? On ne voit pas en quoi… Ils ne font que souligner, l’un et l’autre, les dérapages d’un système dont tout le monde use et abuse… sans même le réaliser et sans même s’apercevoir qu’au final, c’est immanquablement le cochon de contribuables qui finit par assumer ses propres excès tout autant que ceux de son voisin !
On ne peut donc que saluer la « folle » déclaration d’Alain Afflelou, qu’elle soit simplement motivée par de simples considérations d’intérêts publicitaires ou par un sincère écœurement d’un système devenu dément…
Il est fou, Afflelou ? Pas davantage que la gabegie sociale, en tout cas…
Notes
(1) Entretien avec l’AFP.
(2) Cité par Libération, 3 octobre 2012.
15:34 Publié dans Philippe Randa | Lien permanent | Commentaires (0) | | Facebook | |
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