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dimanche, 20 janvier 2013

Hollande l’Africain

Le billet de Patrick Parment

L’intervention française au Mali remet la France dans un jeu africain dont François Hollande voulait s’abstraire. Il hérite, qu’il le veuille ou non, d’un passé qui est, lui, nettement plus difficile à occulter. D’un côté le poids de l’histoire, de l’autre le fait que nos anciennes colonies sont autant d’espaces francophones. Enfin, la calamiteuse décolonisation gaullienne a rendu ces pays peu ou prou dépendants de la France. On n’en dressera pas ici le catalogue, mais il est certain que l’action d’un Jacques Foccart n’avait rien de particulièrement humanitaire. Ce qui arrangeait aussi bien Paris que les « rois nègres » promus par nos soins et qui ont pour la plupart affamé leur pays et garni leurs comptes en suisse.

François Hollande a, par ailleurs, hérité de la calamiteuse politique des deux « va-t-en-guerre » que furent Sarkozy et Juppé, au triste bilan. Après avoir installé, au mépris des réalités locales, un Ouattara musulman à la place de Gbagbo en Côte d’Ivoire, nos deux compères s’en sont pris à la Libye. Où nos intérêts n’étaient nullement menacés par le colonel Kadhafi. Donc, on s’explique assez mal la fureur et l’acharnement qu’ont mis nos deux sicaires à vouloir la peau d’un homme  qui s’était bien assagi et dont les actions en faveur de l’Afrique ne pouvaient qu’être porté à son crédit. Il semblerait que ni Sarkozy et encore moins Juppé n’aient mesuré les conséquences de leur politique : la déstabilisation de l’Afrique subsaharienne. Ce couple frénétique, portera aussi son regard sur la Syrie où il fera preuve du même aveuglement. Marquant par là leur soumission à une géopolitique américano-occidentale. D’autant que la Syrie a toujours été un allié naturel de la France dans le chaudron moyen-oriental. Mais, c‘est un autre sujet.

Tout cela fait quand même beaucoup d’erreurs de jugement de la part d’un ex-ministre, étranger semble-t-il, aux Affaires étrangères. Même Bordeaux est bien trop grand pour ce petit homme à l’orgueil démesuré et éternel second couteau.

La défection de la Libye comme gendarme de toute la région subsaharienne a entraîné la formation de bandes djihadistes – anciens mercenaires de Kadhafi pour la plupart – qui ont transformé la prise d’otages en business. Armés par les arsenaux libyens laissés à l’air libre en raison du chaos qui règne désormais dans ce pays, ces bandes se sont mises à semer la terreur dans cette région au nom d’un islam radical. Le Mali, pays fragile, était une proie toute trouvée : un pouvoir central bancal et une armée de traîne-savates. Largement de quoi déstabiliser toute une région de la Mauritanie au Niger.

Pouvait-on laisser faire quand se trouve soudain menacés nos intérêts stratégiques au Niger qui est l’un de nos principaux fournisseurs en minerai d’uranium ? Certainement pas. Il devenait urgent d’intervenir. Car, ne nous y trompons pas, ce n’est pas le sort des populations qui a pesé dans la balance.

Les yeux de tous les pays africains alentours (francophones pour la plupart) étaient braqués sur nous. Aussi, notre intervention en a rassuré plus d’un. Sauf que la chasse au « dahut » ne fait que commencer sur un territoire quasi désertique plus grand que la France. Comme le disait je ne sais plus qui : on sait quand la guerre commence, on ne sait pas quand elle s’arrête.

Voici donc François Hollande pongé malgré lui dans la fournaise africaine où Chinois et Américains ne sont pas moins inactifs. Il serait vain de nier l’affect qui nous relie à nos anciennes colonies (n’est-ce pas M. Bongo, fils de… arrimé à Total) et les intérêts que nous avons sur ce continent (n’est-ce pas M. Bolloré). La question que l’on pose à Hollande l’Africain, Scipion des temps modernes, est : c’est quoi la suite ? Sachant que l’armée française n’a plus les moyens de ses « possibles » ambitions tant elle devient, au fil des ans et de la réduction des crédits, de plus en plus l’ombre d’elle-même.

 

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