mardi, 09 avril 2013
Tribune libre : Et maintenant ? On plonge dans l’illégalité ?
Jean-Pierre Fabre*
Jamais, le 17 novembre, Frigide Barjot n’aurait pensé réunir 70.000 personnes. Jamais elle n’aurait songé le 13 janvier arriver jusqu’au million. Quant au 24 mars, jamais elle n’aurait imaginé doubler la mise. Chapeau bas, madame, pour avoir conduit la lutte avec autant de ténacité et de courage (même si j’apprécie peu vos réactions du 24).
La question essentielle maintenant est : que faire ?
Elle et les dirigeants de la « Manif pour tous » se trouvent aujourd’hui devant un impératif et un dilemme.
L’impératif, c’est le temps. Celui-ci leur est compté. Il reste moins de deux mois aux organisateurs avant que la loi ne soit votée. Car les socialistes feront tout pour que le mariage pour tous soit adopté aussi vite que les barrages de CRS se sont mis en place sur les Champs. C’est l’État qui tient le sablier et il sait très bien qu’une fois la loi votée, la substance même de la revendication disparaîtra. N’oublions pas que le lobby gay est puissant et bien financé. Or, les socialistes ne peuvent se passer d’une part importante de cet électorat pour les échéances prochaines. De plus, 2013 n’est pas une année d’élection et le gouvernement table sur la « mémoire courte » bien connue des Français pour se refaire dans les sondages.
Le dilemme, maintenant : faut-il une manif respectant la légalité ou tabler sur des occupations et sit-in et basculer alors dans l’illégalité ?
Tordons le cou d’abord à l’idée qu’en payant l’impôt avec un euro de plus ou en modifiant le Livret A, on pourrait changer le cours des événements. De la même manière, de grandes mobilisations régionales fixées au même moment et étendues à tout le territoire n’auront qu’un impact limité dans les médias. Paris reste le seul point amplificateur et les télévisions ne parleront d’actions en province que deux minutes au 20 heures puis s’empresseront de passer à autre chose.
Non, il ne reste que deux cas d’école :
- un nouveau rassemblement dans la légalité en comptant sur le nombre. Mais ceci ne sera que du réchauffé, du déjà vu. Un parcours pédestre de plus ne pourra changer la donne. Le pouvoir fera le dos rond et laissera braire en regardant sa montre.
- une nouvelle manif débouchant sur un sit-in, des occupations puis des heurts et là, nous basculons dans l’illégal. Finie alors la mobilisation des familles et de leurs enfants, fini le million de participants. En revanche, l’impact sera plus fort car il s’appuiera sur l’exaspération actuelle des trois quarts de nos concitoyens. De plus, la répression, si elle est aussi stupide que celle du 24 mars, entraînera une réprobation de la majorité des Français. Tout, alors, sera possible. Dans une telle perspective, notre Jeanne d’Arc — pardon, notre Frigide nationale — risque de se retrouver à l’ombre ou… au gouvernement.
Le printemps sera-t-il chaud ? Frigide va-t-elle ou non franchir le Rubicon ? Nous devrions le savoir très vite.
* J.-P. Fabre Bernadac est ancien officier de Gendarmerie, diplômé de criminologie et de criminalistique.
10:26 Publié dans Tribunes libres | Lien permanent | Commentaires (0) | | Facebook | |
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