lundi, 09 décembre 2013
La boxe, école d’héroïsme...
Il y a 40 ans, la boxe était un des sports les plus médiatisés, suscitant l’enthousiasme de foules. Catherine Gravil, une passionnée qui connaît très bien le sujet, nous propose douze portraits de boxeurs qui furent en ces années 1970/1990 champions d’Europe ou Champions du monde. Ces champions dont Catherine Gravil dresse le portrait dans son livre Vainqueurs aux poings, paru aux éditions de Paris, étaient connus de la France entière. Leurs noms claquent encore comme une référence absolue chez les passionnés de ce sport de seigneur. Autrefois, on parlait du « cercle enchanté ». Le but de l’auteur n’était pas de faire un dictionnaire mais d’évoquer des boxeurs qui pour beaucoup sont ses amis : quelles sont leurs origines sociales, pourquoi fait-on de la boxe, comment devient-on champion ? Et puis, que deviennent-ils, une fois les gants raccrochés ? L’auteur a pris le parti de ne pas évoquer les « anciens », tels Georges Carpentier ou Marcel Cerdan, mais de dresser les portraits, en les qualifiant, des Jo Gonzales (la générosité), Max Cohen (la hargne), Jean-Baptiste Piedvache (l’artiste), Lucien Rodriguez (la droiture), Gilbert Délé (la malice), Pierre-Franck Winterstein (la bohème), Christophe Tiozzo (la résurrection), et quelques autres qui entrèrent eux aussi dans la légende, et sont toujours de ce monde. La plupart de ces boxeurs sont d’origine modeste et ont en commun d’avoir eu des tempéraments de bagarreurs dans leur jeunesse. La boxe canalisa leur formidable énergie et, à force de travail et de volonté, ils se hissèrent vers les sommets.
Les portraits que Catherine Gravil fait de Jean-Baptiste Piedvache et des autres boxeurs sont plein d’empathie. Elle écrit : « La vie de boxeur a l’intensité de celle des héros de tragédies grecques. Le Noble art n’est pas un sport anodin, sa pratique reflète souvent une course après les fragilités de l’enfance. La vie de Jean-Baptiste (Piedvache) est faite de tumultes et de luttes, d’ombres et de lumière. C’est un homme qui ne triche pas. » Une caractéristique que note Catherine Gravil, et que tous ceux qui ont pu fréquenter le milieu de la boxe est que ces boxeurs sont « d’une vraie gentillesse ». On notera que deux boxeurs, à la fin du combat, tombent toujours dans les bras l’un de l’autre.
Beaucoup de célébrités ont aimé la boxe, qu’il s’agisse d’écrivains comme Hemingway, Morand, Cendrars, Cocteau, ou d’hommes de spectacle à l’image de Belmondo, Delon, Lelouch, ou de femmes telles Dalida et Mireille Darc… Le cinéaste Claude Lelouch préface le livre. Il dit : « La boxe m’a fascinée par son intensité dramatique et sa scénographie artistique ». On est loin de l’image de brutes épaisses se cognant jusqu’à ce que mort s’en suive… Un livre formidable, à lire même par ceux qui ne connaissent pas ce « sport de seigneurs ».
Vainqueurs aux poings, de Catherine Gravil, 127 pages, éditions de Paris Max Chaleil. 54, rue des Saints-Pères 75007 Paris. 15 €.
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