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mercredi, 26 février 2014

Une biographie de Juan Peron par Jean-Claude Rolinat

I-Grande-14911-juan-peron-qui-suis-je.net.jpgRobert Spieler

Article publié dans Rivarol

n°3130 du 20 février 2014

Après la très intéressante biographie consacrée à Evita Peron par Jean-Claude Rolinat, le voici qui récidive avec le portrait de Juan Peron et du Justicialisme.

Paraphrasant une publicité d'une célèbre marque gazeuse, il note que le péronisme avait « le goût du fascisme, l'odeur du fascisme et la couleur du fascisme, mais ce n'était pas du fascisme ».

Une dictature ? Pas davantage. Tout au plus un pouvoir autoritaire, une république forte et indépendante. L'expression parlementaire  était maintenue et les élections étaient libres. Il n'y avait pas, comme en Italie mussolinienne, ou au Portugal salazariste, ou en Espagne franquiste, de parti unique. Le parti justicialiste était certes dominant et le syndicat, la Confédération générale du travail (CGT) largement majoritaire. Mais l'Argentine ne sera jamais un État corporatiste tels l'Italie ou le Portugal, ni national-syndicaliste, tel le Portugal. Peron était un vrai nationaliste qui refusa l'alignement de l'Argentine sur les États-Unis, tout en refusant de tomber sous la coupe de Moscou. Il fera de l'Argentine la cinquième puissance économique au monde !

Né le 8 octobre 1895, issu de l'immigration basque et italienne, il embrassa tout naturellement la carrière militaire et deviendra ultérieurement attaché militaire en Italie mussolinienne. Il y découvre les idées du Fascio et, hissé à la charge de secrétaire d’État au Travail deviendra le protecteur des humbles tout en cherchant à éviter dira-t-il, « les erreurs de Mussolini ». Il va concocter toute une série de mesures sociales qui le rendront ultra-populaire : régime de retraite étendu à deux millions de salariés, prévention des accidents du travail, légalisation des syndicats, obligation de signature de conventions collectives pour les employeurs et les salariés, création de tribunaux d'arbitrage, législation sur les congés payés. Ces mesures vont susciter l'hostilité des classes aisées pour qui le régime est trop réformiste, voire révolutionnaire. Washington ira jusqu'à rappeler son ambassadeur.


La vraie date de naissance du péronisme est le 17 octobre 1945, « el dia de la leatad », toujours fêté. Le président Farrell, poussé par la rue, offre le pouvoir à Péron. Ce jour-là, les masses populaires descendent des banlieues. Les ouvriers, manches de chemises retroussées, tombent la veste. C'est ce jour-là que naît l'expression descamisados (sans chemise) qui restera le surnom des militants péronistes.

Peron épousera Evita le 22 octobre 1945. Jean-Claude Rolinat a décrit dans son précédent ouvrage le rôle considérable que joua Evita aux côtés du général. Les élections du 8 avril 1946 sont un triomphe pour le péronisme. Avec 55% des suffrages Péron remporte non seulement l'élection présidentielle mais obtient la majorité à la Chambre et au Sénat, et tous les postes de gouverneurs de province, sauf un. L'armée se montrera cependant assez vite agacée par l'activité débordante d'Evita, sa popularité grandissante et le faste dont elle s'entoure. Accusée de népotisme, elle répliquait : « Entraide familiale d'abord ! » Eva aime les toilettes et les parures luxueuses et symbolise ce qu'aujourd'hui on nomme le « bling-bling ». Mais l'étalement de cette richesse ne scandalise nullement le peuple. Elle ne suscite que la jalousie des « bien-pensants ». La sournoise maladie qui rongeait Evita la contraignit de s'aliter en janvier 1950. Elle a trente ans, elle se savait condamnée. Le pape Pie XII prie pour son rétablissement. Le célèbre pilote de courses Fangio se précipite à son chevet. Dans toutes les églises du pays des femmes implorent la « Reine du Ciel » pour qu'elle intercède pour le salut de la « Reine des descamisados ». Son état s'améliora quelque peu, mais la maladie poursuivait son œuvre.

A l'approche de l'hiver 1951, une nouvelle élection présidentielle s'annonce. Les péronistes pressent le couple de former un 'ticket'. Lui à la présidence, elle à la vice-présidence, ce qui lui assurerait de succéder à son mari si celui-ci venait à disparaître. Mais l'opposition se déchaîne et l'armée devient menaçante. Celle qui disait : « quand les c...s de Péron descendent jusqu'aux pieds, je suis là pour les lui remonter », assiste, désespérée, à la reculade du président. Santa Evita s’éteindra le 26 juillet 1952, à 19h40, suscitant une intense émotion populaire. Dès lors, Peron ne sera plus tout à fait Peron. Un coup d'Etat militaire chassera le général du pouvoir le 15 septembre 1955.

En exil durant 18 ans, il reviendra en Argentine en 1973 pour se faire élire avec 61% des suffrages, à la présidence, avec à ses côtés sa nouvelle épouse, Isabella, qui sera élue à la vice-présidence et lui succédera à son décès 9 mois plus tard. Isabella n'arrive pas à la cheville d'Evita. Elle s'entoure de personnages parfois douteux, dont José Lopez Rega, surnommé « le sorcier », un redoutable intrigant. L'armée mettra fin à ces fantaisies en kidnappant littéralement en vol la présidente qui fut expédiée sous bonne garde dans les Andes, à 1 800 km de la capitale, où elle passa cinq années de prison dans les geôles du général Videla. Le péronisme sans Péron et sans Evita n'avait plus guère d'existence...

Juan Péron, de Jean-Claude Rolinat, collection Qui suis-je ? Editions Pardès, 2014, 126 pages, 12,00 €

 

NDLR :

mandela.jpgLe nouveau livre de Jean-Claude Rolinat : La faillite de Mandela édité aux Bouquins de Synthèse nationale.

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