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jeudi, 24 avril 2014

La réforme territoriale de « Moi Président » n’est pas encore pour demain

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La chronique de Philippe Randa

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Combien étaient-ils ? À nouveau – et cela devient une habitude en France –, impossible d’être certain du nombre, même à la louche. Entre 5.000 et 15.000 selon l’estimation la plus répandue, à défaut d’être la plus précise. Il y avait des bonnets rouges, mais pas seulement. Des chapeaux ronds aussi et des drapeaux. Surtout des drapeaux… C’était le week-end dernier à Nantes. Un « moment historique », assurent les participants.

« L’appel à manifester a été lancé par les collectifs nantais Bretagne réunie et 44 = Breizh, rejoints par le mouvement des bonnets rouges, connu pour son combat contre l’écotaxe, mais qui compte aussi parmi ses revendications la réunification de la Bretagne historique, à cinq départements. “On a donné le coup de pied nécessaire dans la fourmilière pour arriver à ce qu’enfin les questions essentielles pour le peuple breton soient envisagées”, s’est réjoui Christian Troadec, figure de proue des bonnets rouges et maire DVG de Carhaix (Finistère) », a-t-on lu dans Le Figaro. Deux slogans ont été scandés avec conviction : « Bretagne réunifiée, on va y arriver ! » et « Naoned e Breizh » (Nantes en Bretagne).

Ils vont y arriver, sans doute, et pas qu’eux – toutes les régions françaises sont concernées par les projets de réforme territoriale annoncés par François Hollande lors de sa 3e conférence de presse, en janvier dernier –, mais quand ?

Certes, « Moi Président » s’inspire du rapport du Comité pour la réforme des collectivités locales, présidé par Édouard Balladur, et commandé par Nicolas Sarkozy en 2009. Le gain des économies espérées était alors de l’ordre de 600 millions d’euros. Un bon début pour les 50 milliards que doit trouver, coûte que coûte, Manuel Valls.

Mais alors, qu’est-ce qui coince ?

D’abord, l’évidence même ; qui dit moins de régions, dit moins d’élus : d’où le combat désespéré de certains « menacés » d’aller faire don de leur personne sur un marché de l’emploi déjà très encombré.

« La volonté politique est généralement faible de la part des présidents de région, estime Patrick Le Lidec, chargé de recherche au CNRS et spécialiste de la décentralisation. Est-ce que vous avez envie de voir votre poste disparaître ? En cas de fusion, vous avez une chance sur deux de ne plus être le boss. » Empêcher ou tout au moins retarder l’inévitable échéance est devenu leur obsession. Des élus locaux de tous bords ont ainsi créé des collectifs pour mobiliser les citoyens ; et cinq ans après le rapport Balladur, il ne s’est encore rien passé !

Considérant le faible poids des régions, certains ironisent aussi sur le peu de gain budgétaire : pour Claude Gewerc, président socialiste de la région Picardie, « les régions ne pèsent que 2 % de la dépense publique. Où sont les marges de manœuvre économique ? Si c’est là que François Hollande veut faire des économies, il s’est trompé. »

Ensuite, pour chaque région réunie ou agrandie, se pose inévitablement la question de la ville qui en sera la capitale. Pour la Bretagne, Rennes ou Nantes ? Pour la Normandie, Caen ou Rouen ? « Si une ville perd son statut de chef-lieu, les commerçants vont protester parce qu’ils vont perdre des clients, le territoire devient moins attractif », remarque encore Patrick Le Lidec.

Entre médiocres calculs personnels et susceptibilités mal placées, la réforme annoncée par tous les gouvernements, de droite comme de gauche, n’est peut-être pas encore pour demain.

10:50 Publié dans La chronique de Philippe Randa | Lien permanent | Commentaires (0) | |  Facebook | |

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