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jeudi, 18 décembre 2014

TREIZE, ÇA LEUR PORTERA MALHEUR !

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Le bloc-notes de Jean-Claude Rolinat

Ma curiosité d’enfant, d’adolescent et d’adulte, s’est  parfois portée sur les découpages politico-administratifs des Etats. Quel bonheur de prononcer sans bafouiller " Massachussetts " ou " Schleswig-Holstein ", de   prendre la loupe et suivre les frontières, en rêvant à d’autres cieux, surtout  par temps de pluie… Le Rajasthan, le Mato Grosso, la Cochinchine de papa, la Western Australia ou la Patagonie du cher Jean Raspail, autant de noms évocateurs qui permettaient de faire un voyage immobile au gré des pointillés s’alignant sur les cartes.

Notre France, avec son gros nez breton et sa corne du Cotentin telle une licorne, n’échappait pas non plus aux rêveries : Rouergue, Armagnac, Bassée-Montois, Pays de Caux, Guyenne-Gascogne, Vivarais, Perche et autre Bigorre, n’attendaient que le passage de mes doigts dans les pages du dictionnaire pour révéler tous leurs charmes… Autres temps, autres mœurs, le portable à tout faire et internet omniprésent sont passés par là.

La clique qui prétend nous gouverner depuis bientôt deux ans et demi, vient encore de balafrer un peu plus la carte de ce « cher vieux pays ». L’Assemblée dite Nationale a porté le coup de grâce (provisoire, avant révision ?), au découpage administratif de la métropole. Motif ? Des économies. Mais à bien y regarder, c’est le contraire qui se produira. Des dépenses supplémentaires dues aux nombreux transferts de services et de fonctionnaires, dont il n’est pas question de réduire les effectifs, sont à envisager.

D’abord, premier exemple, la Corse : si elle reste bien, Dieu merci, une région à part, bien identifiée, elle n’en est  pas moins divisée en deux départements pour, en gros, 8 000 km². Avec l’Assemblée de Corse et les deux Conseils généraux – pardon, aujourd’hui on doit dire « départementaux » - cela fera trois assemblées délibératives pour moins de 300 000 habitants.

Poursuivons la démonstration avec l’Ile de France dont, au moins, on ne touche pas au nom, même si les socialistes ont mutilé sa représentation graphique avec un grotesque logo. Il s’agit de huit départements – Paris est à la fois commune et département – dont la plus grosse partie urbaine, très densifiée, va constituer une nouvelle métropole, (Le « Gross Paris » de Von Choltitz ?), en plus du Conseil Régional d’Ile de France et, bien entendu, des huit Conseils départementaux, lesquels restent en place.

Si la Normandie est enfin unie, heureuse initiative, si la Picardie rejoint le Nord Pas de Calais, ce qui n’attristera que Jean-Pierre Pernod de TF1, une monstruosité apparait à l’Est, une grosse pelote Champagne-Ardenne/Lorraine/Alsace ! Quelle identité donner à ce magma territorial et de quel nom l’affubler ? CALA ? Champarloral ? Quel emblème ? Celui des comtes de Champagne ou le rouge et blanc des amis d’Alsace D’abord ?

Si la fusion de la Bourgogne et de la Franche-Comté semble poser moins de problèmes sentimentaux, adieu Besançon pour son titre de capitale, un nouveau monstre semble éclore à ses frontières méridionales : une grosse Auvergne-Rhône Alpes. Cette province, pardon cette région, allant des bons vieux volcans jusqu’aux frontières italo-suisses… Là aussi, quelle appellation pour ce nouveau puzzle régional ? ARA ? Aurhalpes ?  

En bordure méditerranéenne, Provence-Alpes Côte d’Azur, « PACA », nous avait déjà habitués avec le jargon technocratique. Sans changement donc. Autrement plus délicate est l’union du Midi-Pyrénées avec le Languedoc-Roussillon. Beaucoup d’identités provinciales jetées dans le même sac. Qui, de Toulouse ou Montpellier, en sera le siège politico-administratif ? Forcément, il y aura une perdante à moins qu’à l’instar de certains pays, on crée une ville artificielle, à équidistance des deux rivales comme à Chandigarh en Inde, cité nouvelle, à la fois chef-lieu de Pendjab et de l’Haryana ?

La Bretagne ne récupère toujours pas Nantes, le Centre reste le… Centre, tandis qu’une grotesque forme macule de son hideuse tache la façade Sud-Atlantique de la Gaule. « Ils » ont osé - on pourrait citer ici le dialogue d’Audiard nous facilitant la reconnaissance des « cons » ! - « ramasser » l’Aquitaine, le Limousin  et Charentes-Poitou en une même nouvelle entité qui n’a, semble-t-il,  ni queue, ni tête, ou plutôt plusieurs têtes qui vont faire « la gueule » en s’effaçant devant Bordeaux : Limoges, Poitiers, La Rochelle… Là encore, quel nom donner à cet invraisemblable construction quasiment « contre nature », qui associe des terroirs tellement différents qu’ils n’ont rien à faire  ensemble, si ce n’est d’appartenir, bien sûr, à la France ?

Tous ces technocrates bien au chaud dans leurs bureaux qui, en petits dictateurs à la botte de l’oligarchie Bruxelloise, ont décidé de ces découpages, sans consultation du peuple, sans tenir compte du passé et des affinités réelles et non artificielles, ne méritent que le mépris et le refus obstiné, par une sorte de résistance civique  « à la Gandhi », de reconnaitre ces régions anonymes dont les nouveaux noms, forcément, ignoreront les accents de nos terroirs.

23:53 Publié dans Le bloc-notes de Jean-Claude Rolinat | Lien permanent | Commentaires (0) | |  Facebook | |

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