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mercredi, 21 janvier 2015

Charlie : dans un processus historique...

charlie-manif.jpgJacques-Yves Rossignol

Ce n’était plus le Charlie de la bonne époque. Ils étaient tombés dans des obsessions un peu ridicules et infantiles (l’antimilitarisme, les beaufs). Sans compter ce qu’il faut bien nommer une idée fixe aussi absurde que désespérée : tenter de dissoudre et de fluidifier des représentations religieuses multiséculaires par une attaque frontale et moqueuse. Ils sont morts de cette provocation inutile, d’une curieuse absence de compréhension de l’esprit religieux « naïf ». Finalement ce triste événement se résume à ceci : des gosses sortis des banlieues et du Moyen Âge flinguent à la mitraillette des gosses irresponsables, sans méchanceté, vaguement utopistes, inconscients des vrais rapports de force du moment. Confrontation de deux types de consciences séparées par des années-lumière, bien que partageant inconsciemment un point commun essentiel : la détestation du matérialisme vulgaire et de la société à consommation dirigée.

Pathétique.

Mais ce qui est également triste à pleurer, c’est que c’est la bourgeoisie bobo – gay - arty, la plus vulgaire des bourgeoisies justement, qui rafle la mise. Comme toujours depuis trente ans. Ces nouveaux bourgeois ont hérité des hypocrisies de l’ancienne bourgeoisie, « catholique » par exemple, et ils les conduisent à leur paroxysme. Ils parviennent peu à peu à tout gâcher, à tout souiller et surtout à tout pétrifier. Ils glacent et pétrifient inconsciemment mais méthodiquement la totalité de ce qu’était la vie, la vie réelle et concrète des êtres sensibles. Nous aurons sans aucun doute prochainement en place de Charlie un épouvantable « magazine » clean, consensuel et bien pervers, financé et contrôlé par les spectres de l’art contemporains, les gays ou d’autres mécaniques mentales glacées de ce genre, zombies directement actionnés par le marché, avec la dose habituelle de bavardage humanitaire, d’hypocrisie et surtout de froide méchanceté pour tout ce qui n’émarge pas dans les instances du très gros argent : les gens d’esprit survivants, le peuple, les braves gens, les animaux.

À travers cet événement un peu délirant opposant deux types de consciences « pré-politiques » dépassées par la réalité politique actuelle (on a saisi que les « djihadistes » disposent moins encore que les « dilettantes » des outils d’analyse nécessaires pour comprendre l’époque), c’est bel et bien l’esthétisation glacée du monde qui va marquer des points. C’est ainsi, aussi inattendu que cela puisse paraître. Comme si tout se qui se passe dans le monde contribuait à mettre en place ce nouvel étage d’« hyperréalité » glacée qui a déjà presque entièrement recouvert ce que furent la nature et l’histoire vivantes. Par la suppression discrète, progressive et insensible de tout ce qui était dialectique, critique, en un mot : vivant.

Ici en l’occurrence : un journal « satirique », encore quelque peu drôle, critique et corrosif, tombe dans l’escarcelle de la nouvelle bourgeoisie méchante et mécanique, hystérique et ricanante, et ceci par l’étrange truchement de consciences religieuses « archaïques ». L’un des très rares journaux qui ne soit pas réduit à l’hébétude par l’esthétisation et la vitrification du monde est massacré, au propre et au figuré, par des « barbares » qui sont pour leur part persuadés de défendre leur propre conception « vivante » du monde, leur religion. Et qui ne peuvent saisir évidemment que c’est un tout autre groupe que la petite bourgeoisie dilettante qui aujourd’hui élimine méthodiquement, par réification et pétrification généralisées, toute possibilité de vie, notamment spirituelle : les mécaniques mentales schizoïdes de la bourgeoisie bobo – arty.

Après ce massacre, le monde s’est réveillé un peu plus affadi, un peu plus ensablé par le bavardage mondain, un peu plus mécanisé… Tout ceci est parfaitement logique et cohérent mais se passe évidemment de manière tout à fait inconsciente, très indirecte, sans la moindre trace d’intervention volontariste pour se débarrasser des derniers opposants à la vitrification généralisée du monde : les derniers vivants, les derniers résistants se trouvent tout simplement de plus en plus isolés, vulnérables, exposés à des conflits inattendus et paradoxaux…

Jusqu’alors la nouvelle bourgeoisie mondiale arty et glacée gagne toujours, je le répète, et peut poursuivre ainsi imperturbablement son travail de pétrification des cerveaux et du monde. Entre autres parce qu’il n’y a personne, absolument personne, pour l’identifier et la combattre.

01:16 Publié dans Jacques-Yves Rossignol | Lien permanent | Commentaires (0) | |  Facebook | |

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